Dans la chambre ordonnée de la paladine trône un large bureau de pin. Sur celui-ci, ormis un nombre impressionnant de bougeoirs, se trouvent des encres de diverses couleurs, un bon nombre de plumes et un tas ahurissant de parchemins et pamphlets, certains achevés, d'autres non. Parmis eux, certains retracent des souvenirs, des moments de sa vie qu'elle eut besoin de retranscrire. Voici quelques écrits que l'on peut y trouver.
-----------------------
Ce soir là, une pleine lune baignait le ciel. Du haut de la montagne la vue offerte était d'une glaciale splendeur. Mais je n'étais pas ici pour cela. Pas ce soir. Sous mes pieds, à quelques centaines de mètres se tenait mon but. Un œil autre que le mien n’y verrait qu’une cabane de bûcheron. Mais je sais….La réalité est toute autre. Plusieurs années de recherches m’ont été requises pour le savoir. Dans cette maison se trouvent les assassins de mon grand père. Dans cette tombe se trouvent mes proies.
Mon visage est tiré par la haine te la rage. Dans mes mains mon marteau qui s’impatiente. Encore quelques minutes…qu’ils se sentent en sécurité, comme le fut cette petite fille avant que son grand père ne soit tué sous ses yeux. Un sourire presque démoniaque relève les coins de mes lèvres, et sans même adresser une prière à la lumière, je fonce sur le lieu.
Tout défile si vite, rochers, arbres, buissons, palissade…Avant que la ronde ne se retourne, alertée par le bruit de ma course, mon marteau lui brise les cervicales. Le sang. Le sang pleut, enfin ! Comme mes larmes pleuvent en moi depuis ces si longues années, à leur tour de pleuvoir !
La porte se fracasse sous mon épaule, et les défias se figent face à moi : fille fantomatique au regard dément ! Hurlez donc votre peur, rien ne saura m’arrêter. Et la violence renaît, mon marteau tirant un bruit mat de la tête d’un premier. Ses yeux me regardent encore, perdus au milieu de la chair disloquée. Regarde, regarde donc la vengeance s’abattre.
La surprise passée ils essaient de m’encercler, mais j’entends leurs genoux s’entrechoquer…pitoyable. Pitoyables, avec leurs lames et leurs couteaux, désemparés face à mon marteau. Hésiter, c’est mourir. Voilà le meilleur des enseignements de mon grand père. Ils n’avaient pas dû le suivre, car déjà deux de plus gisaient à mes pieds, les genoux brisés par un large coup. Le second arrivait. Ils le suivaient des yeux. Une première cage thoracique fut transpercée, le deuxième homme hurla…jusqu’à ce que la sienne bée de la même manière.
Plus le sang coulait et mieux je me sentais. Cette pluie rouge éteignait le feu de celle qui m’étreignait. Un à un ils tombaient, et peu à peu mon sourire revenait. Restait le chef. Mes crocs saillirent. Enfin j’allais venger mon grand père ! Lâchant mon marteau je lui sautais dessus, attaquant le défia à coup de poing, de griffes et de crocs. J’attaquais son visage, ses mains, son buste, tout ce qui passait à proximité. Et il hurlait, pire que si je l’égorgeais. Tiens, et pourquoi pas ? Je regardais ce salop, étendu sous moi, tenu à la gorge. Sa peau était lambeaux, ses membres morceaux, son visage charpie. Mais ce n’était pas assez. Lentement je m’approchais, lentement la gueule j’ouvrais. A pleines dents j’attrapais sa gorge et lentement je serrais, je tirais. Sa glotte se décrocha, ses artères lâchèrent, sa peau se déchira. Tout vint avec moi. Et le sang jaillit. Tel un flot libérateur. La vie dans ses yeux mourrait, la vie en mon cœur renaissait.
Agenouillée sur lui, baignant dans son sang, je jetais la tête en arrière et hurlais