[Armenn] [RPP] Une nuit trop douce

[Armenn]


[HRP]Rp pouvant devenir Rpp et qui se passe en parallèle de "Redevenir moi", bonne lecture. [/HRP]





La nuit se profile, les bêtes qui rôdent au dehors ne sont plus les calmes proies de la journée. Le sol laisse l’odeur de la terre remonter, et le vent se calme, ne laissant qu’une brise se faufiler entres les arbres apaisés. Les chouettes planent sous le couvert des branches alourdis des fruits gonflants, les loups sortent de leur tanière, humant avec bonheur la fraîcheur nocturne. Le soleil se couche, place aux prédateurs. Mais tous ne sont pas des animaux. Oh non il y a bien pire, les coupes jarrets, les voleurs et assassins se fondent dans les ombres eux aussi. Les villageois le savent et peureusement restent ensemble dans la salle commune, attroupés autour d’un joueur de luth, et imbibés d’alcool, essayant de fuir leurs démons, essayant d’oublier ce qui rôde dehors.

La nuit est si prometteuse, si douce si belle. La lune joue de son reflet sur chaque gouttelette sur chaque feuille ou brindille, et sur la chevelure de la jeune humaine. Elle se sent bien, calme, détendue. Cela ne lui arrivait en général que les soirs ou le vent passait dans son cou comme quelque caresse de l’être aimée, et où la lune venait l’embrasser tels les bras de son amante aujourd’hui disparue. Ce soir faisait partie de ces soirs là. Elle sentait son cœur plus léger, elle oubliait un temps ce qui lui offrait à longueur de jours cauchemars et sueurs froides. Pour une fois elle avait même remis sa jupe noire et son haut bordeaux, ce qui était rare ces derniers temps. Trop…..liés à de joyeux souvenirs, éclat passé d’un bonheur effacé. Elle avait ce simple accoutrement sur elle, et ses bijoux pour seul apparat. Cela n’était pas arrivé depuis des lunes. Peut être n’aurait elle pas du, peut être aurait elle du rester comme d’habitude.


La lune prenait largement place dans le ciel, et les étoiles brillaient de leur lueur évanescente. Le vent s’était presque éteint, laissant la chaleur reprendre en tenaille la gorge de ceux qui n’y étaient pas habitués. Le frêle jeune femme était allongée dans la clairière, les mains sous la tête, les yeux fermés. Tout était si beau, si calme…Mais cela ne devait pas durer. Cela ne dure jamais. Elle aurait du le savoir, elle le savait mais se voilait la face, une fois de plus. Les défias étaient restés sages trop longtemps, elle ne les avaient pas éradiqués elle en était certaine, pourtant elle n’avait pas poursuivi sa tâche, elle avait fait autre chose et délaissé ce travail là. Elle devait s’en mordre les doigts.

Ils lui tombèrent dessus sans prévenir, sans que son instinct animal ne s’éveille. Trop fatiguée, trop absorbée par ses tourments, elle s’était totalement déconnectée du monde, laissant son corps à la merci des assassins. Une dizaine d’hommes l’attrapèrent et la clouèrent au sol, plantant des dagues dans ses paumes, enfonçant des lances dans ses flancs. Son cri aurait du percer les ténèbres et le silence apparent, mais elle se rendit compte que même si sa bouche s’était ouverte, aucun son n’en était sorti. Du poison, ces salops l’avaient empoisonnée! Elle se détendit, cherchant à comprendre ce qu’ils avaient pu lui administrer et quels effets ils en retireraient. Une ombre vint au dessus de son visage, quelqu'un l'observait. Elle ouvrit un oeil. Puis les deux, et en grand, très grand. Ce visage, non, non ce n'était pas possible! Il, il était mort!!! Elle l’avait tué! Pourtant le sourire cruel et le rire sardonique qui lui faisaient face étaient bien les siens. Cet homme, elle l’avait recherché, pendant des années et lui avaient fait la peau! Elle avait fait de son corps une bouillie immonde que même des vautours n’auraient pas daigné approcher. Comment pouvait il être là? Il se pencha, approchant ses lèvres de celle de la jeune femme.

-Alors chienne, tu ne t’attendais pas à ça hein? On dirait que tu as vu un fantôme, faut dormir plus la nuit!

A y voir de plus près son visage était couturé de partout, la peau tuméfiée et gonflée, suintante de pus par endroit. Elle se demanda s’il était bien vivant, ou seulement contrôlé telle une marionnette. Mais son regard... son regard était bel et bien le sien, empli de haine et de violence à l’état pur, dément et sanguin. Il lécha son visage, laissant un sillon de sang sur les joues de la jeune femme, il joua aussi avec sa dague, dessinant des reliefs dans la chair tendre des épaules et du cou de sa prisonnière. Elle se retenait de vomir tandis qu’il faisait signe à ses hommes d’écarter de force ses jambes, et s’insérant entre ses cuisses, déchirant sa jupe. Sa langue pendant tel un chien enragé hors de sa bouche, bavant face à la fermeté des jambes de la femme sous lui. Elle aurait voulu bouger mais il était lui était encore impossible de sentir ses muscles ou ses articulations, le poison était efficace. Malgré sa magie elle ne s’en défaisait pas assez vite. Elle referma les yeux à nouveau, il lui fallait trouver comment faire, elle n’avait pas plus d’une minute devant elle avant que ses agresseurs ne fondent sur son corps. Se relaxant elle s’enfuit au plus profond de son esprit, cherchant quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Et le trouva, là, regardant le spectacle et s’en délectant.

-Tu sais que tu es pas mal foutue quand même? Ce serait du gâchis qu’il n’en profitent pas.
-Aide moi.
-Pardon?

Ces mots avaient blessé la femme plus que tout le reste, et l’esprit qui habitait son corps exultait alors, faisant durer le plaisir, et se gaussant d’elle.

-Je suis pas sur de comprendre: toi, toi tu viens me demander, à moi, là, de l’aide?
-Oui.
-Ahhhhhahhahahah! Et pourquoi ferais je cela hein? Je suis quoi moi? Qu’un parasite que tu détestes et rejette toujours plus loin alors quoi? Comme ça tu changes d’avis et je deviens le sauveur?
-J’ai p..
-VA TE FAIRE FOUTRE! J’ai pas choisi d’être ici! J’en ai marre de tes jérémiades et de ton incapacité! Alors tu pourrais au moins me laisser tranquille non?
-J..
-Quoi ça t’a pas suffit les deux autres fois? Mademoiselle se met encore dans la merde et faut que je brûle son linge sale?
-C’est pas...
-C’est pas quoi? C’est pas ce qui c’est passé peut être bien? Hein?? Tu serais où aujourd’hui sans moi? Tu veux que je te le dise hein??
-No...
-TU SERAIS MORTE!!!!

L’esprit était énervé, il n’acceptait pas de discuter, mais après tout d’habitude c’est elle qui refusait ces conversations. Pouvait elle le blâmer de réagir ainsi, même sachant qu’il parasitait son esprit à elle? Elle ne savait plus trop que faire. Au dehors son corps se faisait détruire, et bientôt violé. Elle ne le supporterait pas, il lui fallait trouver un moyen et pour une fois elle était prête à se servir de cet esprit, qui en temps normal n’était pour elle qu’un danger permanent.

-S’il te plaît... sans toi... je, je vais me faire tuer ou pire. Si tu ne m’aides pas je perdrai la raison et ne pourrai plus te faire subsister.

Etonnamment il lui avait laissé finir sa phrase. Il lui tournait le dos, métaphoriquement parlant puisque ce n’étaient que deux esprits sans substance qui conversaient, et semblait réfléchir. Le temps sembla couler à une vitesse impressionnante à la jeune femme, elle avait peur, peur pour son corps, comme jamais cela ne lui été arrivé. Finalement il reprit la parole.

-Ok, on va faire quelque chose pour toi. Mais tu me laisses champ libre compris? Et je veux pas t’entendre dire quoi que ce soit ou geindre! C’est moi qui agit et je veux pas de frein!
-Soit.

Elle n’avais plus le choix et le savait. Lentement elle se retira dans les confins de sa conscience, laissant l’autre esprit prendre plus d’espace dans son subconscient, et avoir accès à son corps.


L’homme, ou ce qu’il en restait, était toujours en train de s’afférer à palper les formes de la jeune femme quand il sursauta. Les muscles du bras droit de la femme s’étaient contractés. Impossible pensa-t-il, et pourtant. Il ne voulait pas sous estimer cette furie. Il voulut lui percer le coeur, mais quelque chose vint lui agripper le bras, un éclair de douleur jaillissant dans son corps. Cette chienne le mordait! Elle avait arqué son buste pour venir clouer ses dents dans son avant-bras. Ne pouvant plus se retenir il hurla. La pauvre fille n’avait plus grand chose d’humain. Ses traits étaient bestiaux, ses dents semblaient plus fines plus longues, ses yeux brillaient d’une intense violence, devenus jaune par quelque miracle. Ses ongles ressemblaient plus à des griffes qu’autre chose désormais, et même sans autre arme que son corps, les défias reculaient devant son aura meurtrière. Incroyable mais vrai elle arracha ses mains des dagues, laissant des trous béants en lieu et place de ses paumes. D’un geste rageur elle arracha les lances enfoncées dans ses chairs, et hurla sa soif de sang. La suite ne fut qu’une boucherie à laquelle la jeune femme ne daigna pas même jeter un regard depuis le fin fond de son esprit. Son corps était devenu pire qu’une bête enragée, c’était une machine à tuer, un enfer pour tous ceux qui étaient présents et lui étaient une menace. Ils n’avaient pas l’ombre d’une chance, un geste et leur vie s’envolait. Ils pouvaient toujours courir en deux sauts elle leur arrivait à la gorge et déchirait leur carotide, engloutissant leur vie. Il n’avait fallu à l’esprit qu’une minute pour reprendre le contrôle du corps de la femme et faire une trentaine de morts. Il était impressionnant, redoutable et terrifiant, pis peut être que ce qu’elle en savait déjà. Lentement elle reprit la place de son esprit, boutant l’autre de nouveau au fond de sa conscience. Mais avant de la laisser tranquille il essaya de s’accrocher, crachant et feulant face aux murs de sa volonté.

-Je t’aurais donzelle! Je t’aurais un jour! Je me suis sauvé ce soir, mais un autre je prendrai ton corps, je le ferai mien et tu seras une marionnette dans mes mains! JE TE HAIS!!!

Elle se releva, et reprit la route du sanctuaire, marchant tant bien que mal, telle une automate, pas encore à l’aise dans son corps. Ses vêtements étaient en lambeaux mais elle ne le remarqua même pas. Son corps était couvert de sang, mais pas du sien. Aucune trace de ses récents traumatisme, il était comme neuf. Une preuve de plus du potentiel dantesque de la magie de l’esprit qui l’habitait. Luttant contre la perte de conscience elle réussit à aller jusqu’aux jardins du sanctuaire et là se laissa choir devant la fontaine. Dormir, elle ne pensait plus qu’à cela. Dormir.

[Kelana]


La Lune était haute, et comme bien souvent depuis quelques temps, Kelana ne dormait pas. Elle se tenait là, immobile, assise dans sa forme féline, sur le toit au dessus des Portes du Sanctuaire.

Elle contemplait la Lune, rêvait à son aimée... quand elle sentit une présence. Allant de l'autre côté du Sanctuaire, toujours sur le toit, elle finit par voir une silhouette se profiler à l'horizon. Des cheveux très clairs, un visage tiré par la fatigue... des vêtements en lambeaux.

La panthère écarquilla les yeux, puis sauta avec grâce et vélocité au bas du mur. La silhouette venait de choîr devant la fontaine des Jardins. La Druidesse s'élança dans une course effreinée pour atteindre celle qu'elle avait pu identifier comme étant Armenn... arrivée à sa portée, elle quitta sa forme féline pour retrouver sa forme elfique, et put constater qu'elle était couverte de sang. Glissant sur le sol pour freiner sa course, elle arriva à genoux devant la Paladine. Elle l'examina avec inquiétude... pas de blessure apparente... cela au moins était un bon point.

Passant un bras d'Armenn autour de son cou, la prenant par la taille, elle la mena doucement jusqu'à sa chambre...

Armenn semblait tellement fatiguée qu'elle ne se réveilla même pas. Kelana jugea utile de lui rendre une apparence convenable... Elle la mena finalement à la salle d'eau, où sans même une hésitatioin, elle déshabilla la Paladine dans son sommeil, et la lava avec douceur et soin, effaçant la moindre tache de sang.

Laissant la paladine seule un instant, elle fila chercher quelques vêtements simples, avant de venir la vêtir pour la nuit et de la ramener dans sa chambre.

L'inquiétude ne baissait pas... qu'était-il arrivé à Armenn ? La couchant dans son lit, déposant avec soin le drap sur elle, elle décida de veiller sur elle toute la nuit... Lysaandre était partie à la recherche d'Elemmacil, cela ne gènerait pas...

[Armenn]


La journée était passée et elle ne s'était pas réveillée. Une fois elle s'était relevée à demi, hurlant et les yeux grands ouverts, comme sortant d'un cauchemar mais elle sombra à nouveau sans prévenir dans l'inconscience, si tant est qu'elle en fusse sortie. Kelana et Shiroten était venues à son chevet un temps. Rien ne semblait changer ou varier dans son état. Son corps était sain et en parfait état, mais son esprit semblait meurtri d'une vilaine façon.

Cinq jours passèrent sans amélioration de son état. Puis un matin elle se réveilla, comme si rien ne s'était passé. Elle ne se souvenait pas être ici, au sanctuaire, et ne comprit donc ce qu'elle faisait là. Elle ne se souvenait pas avoir bu mais bon...qui sait. Prenant de quoi s'habiller elle partit aux bains et alla se délasser dans une eau chaude, pendant bien une heure....et s'y endormit presque.

[Shiroten]


Shiroten était inquiète... Trop de choses se passaient, trop vite. Sa soeur, l'arrivée de ce démoniste... Et Armenn maintenant.
Armenn qui avait dormi cinq jours sans que son corps semble en souffrir, mais dont l'esprit était visiblement meurtri au plus profond. Il fallait agir, elle le savait. Une petite discussion s'imposait entre la jeune Draenei et l'Humaine. Armenn était la première personne de confiance qu'elle ai rencontré sur ce monde, elle lui avait montré bien des choses, lui avait fait découvrir ce sanctuaire où elle se sentait maintenant comme chez elle...

Oui, elle allait tirer cela au clair, pas question de laisser Armenn comme cela, elle avait déjà trop souffert par le passé. Le temps des larmes était révolu, devait advenir désormais le temps du rêve.

[Armenn]


Peu après son réveil elles étaient allées à Stratholme, Shiroten, Kelana, Elmiosse et Chercheur, voilà ceux qui avaient confectionné le groupe. La sortie s'était bien déroulée. Mais la paladine se sentait toutefois lasse, son corps ayant du mal à fournir les efforts que d'habitude elle faisait sans même forcer. Une fois leur balade finie elle rentra, de manière assez précipitée, à Forgefer. Là elle vida rapidement ses sacs et alla à la caverne mystique, où elle s'assit dans l'eau sanctifiée, se laissant dériver vers un état presque comateux. Elle devait redonner vigueur et force à son corps.

Une heure ou deux passa ainsi tandis qu'elle mêlait concentration et magie à sa transe. Ce petit rituel était bougrement efficace, ce n'était pas la première fois qu'elle l'utilisait, mais un point noir lui faisait face: même si son corps retrouvait sa vitalité, son esprit était troublé, presque violé. D'où lui venait cette sensation? Elle n'aurait su le dire. Cinq jours....cinq jours étaient passé et elle ne se souvenait de rien. Lentement elle ouvrit les yeux et regarda l'onde vibrer face à elle. Elle plongeait dans son inconscient, se coupant quasiment du monde réel....

[Armenn]


La paladine avait recouvré à peu de chose près ses forces, elle était désormais à la gorge des vents brûlants depuis presque un mois, partie sur une envie, après avoir vidé le comptoir du sanctuaire de tout ce qui était alcoolisé (en une seule nuit). Elle était retournée en un lieu connu d'elle seule, un lieu particulier, où une part d'elle gisait. Là elle avait médité et forgé, ayant emporté avec elle un grand stock de minerais.

Un mois de réflexion avec elle même, un mois à se ressourcer, et un mois à avoir frappé de son marteau une enclume. En étaient sortis des idées, des envies et des parements:
-un maillage d'argent et de thorium serti de rubis étoilés, formant une couronne en forme de larmes dont la perle centrale tombait entre les yeux pour Shiroten,
-un bracelet de bras, formé d'or, où étaient découpées des cornes stylisées pour Lïxia,
-un anneau d'oreille de mithril en forme d'étoile filante pour Ysneyd.

Les trois cadeaux partirent par courrier à leur destinataire respectif. Et peu après la paladine fit un dernier hommage à son amour perdue, partant pour une partie un peu cachée de la région d'Hurlevent, à la lisière des steppes ardentes. Trois jours plus tôt elle avait envoyé un message à Sheilig lui demandant de la retrouver en bas de la cascade qui y menait. Une fois le bivouac monté elle alla s'asseoir en tailleur en haut de celle-ci attendant de voir si son "élève" allait venir.

[Sheileig]

La jeune femme venait d’en finir avec la prison, une nouvelle fois accompagnée de Kelana et Zappan. Dernièrement, elle avait trouvé en Zappan, un certain réconfort, Uméa se retrouvant de plus en plus souvent avec une autre Druide nommée Vaniya, ces derniers temps elle errait seule, elle avait trouvé en Zappan un compagnon d’arme bien que sa frangine était tout sauf amicale.

Et il y avait Armenn, Sheileig ne savait que penser à son sujet, tout d’abord, elle l’avait apprécié au premier coup d’œil, mais elle se rappelle encore la gifle gratuite que celle-ci lui faite, et cela, elle ne le digérait toujours pas. Elle ne pouvait pas nier que Armenn était une paladine exemplaire, aussi elle se plierait à son enseignement mais ferait en sorte que rien d’autre ne s’échappe de leur relation élève professeur, revoir son cœur réduit en bouillit pour des histoires d’amour ou d’amitié, il en était hors de question, elle en avait déjà à faire à tenter d’oublier Uméa et à éloigner cette Mistra de ses affaires.

Elle avait sagement plié une petite robe orangée qu’elle réservait pour une sortie en taverne la nuit, seule, encore, puis s’était vêtue de son armure. Elle pensa son poignet encore endolorit par les efforts qu’elle avait fait à la forge, puis arpenta le chemin qui la menait vers la Paladine.

Arrivée au lieu dit, elle dégaina son arme, toujours méfiante de la façon dont Armenn pouvait l’aborde

[Armenn]


Armenn attendait en haut de la chute d'eau, quand Sheileig arriva enfin. Elle but une gorgée d'hydromel et lui fit un sourire. Elle cria pour se faire entendre, le bruit de la chute d'une trentaine de mètres étant assez assourdissant.

Salut Sheilig! Je suis contente de te voir. Par contre pour parler d'ici c'est pas facile, je crains que tu ne doives monter par tes propres moyens pour me rejoindre, fais attention c'est assez glissant. Et ne songe même pas à te délester de ton armure et ton arme, tu en auras besoin ici. Je vais préparer le repas, tarde pas trop!

Et la paladine se leva et disparut de la vue de la jeune humaine, un sourire aux lèvres, laissant son élève à sa tâche. La roche était humide, même dérrière la chute, et très glissante. La tâche n'allait pas être simple pour la jeune fille, mais pas impossible. Seulement éprouvante.

[Sheileig]


Je rêve, mais à quoi elle joue bon sang !

Sheileig regarda autour d’elle, rien pour l’aider à monter, juste ses mains et cette foutue armure qui était certainement plus lourde qu’elle, ça allait être pratique tien !
Pas de chevaux dans le coin non plus.
Elle resta assise quelques instants, deux choix s’offraient à elle. Tenter de monter rapidement, de prendre de l’élan, cela grâce à son nouvel apprentissage, désormais elle avait le pouvoir d’avancer bien plus vite que certains. Ou bien, pas à pas, doucement de monter tout là haut.

Elle ferma les yeux et se posa quelques instants au sol, pensant à sa sœur, à la façon de monter dans les chutes bondissantes, ce n’était pas un lieu facile d’accès et en plus là bas il y avait des ennemis…

- Mais bien sur !

Sheileig forgeait ! Elle minait ! Elle avait ce fameux pic qui lui permettrait certainement de s’accrocher et de monter en toute facilité ! Et c’est donc en sifflotant qu’elle gravit un à un les paliers sans se presser.
Elle était heureuse, non pas d’avoir réussi pour Armenn mais juste par amour propre, elle avait trouvé la solution, peu importe si cela marchait ou non, elle avait trouvé une solution très logiiiique.

Une fois là haut, elle regarda de droite et de gauche, à son tour un sourire se dessina sur ses lèvres, elle était trempée, lentement elle se dévêtit, elle avait prit soin de vérifier qu’il n’y ait personne autour, si ce n’est qu’Armenn .. et au pire.. et alors ? … Qui aurait eut quelque chose à re dire ? Quelques instants elle fut sous l’emprise de la peine .. avait elle réellement fait le deuil de sa relation avec Uméa .. devait elle le faire ? Etait ce réellement terminée. Elle pensa à la draeinei qu’elle avait croisé aux portes du sanctuaire .. cette Kalicea, et si Armenn apprenait cela .

STOP

Trop de pensées l’envahissaient … lorsqu’il ne lui restait sur la peau que quelques lambeaux de tissu elle se posa, en tailleur, prés d’une cascade, respirant profondément, reprenant son souffle, s’abreuvant de la fraîcheur du lien …et surtout..masquant ses larmes dans les flots d’eau glissant sur son visage.

[Armenn]


Du poulet ça te dit?

Sortie de nulle part, Armenn tendait sous le nez de la jeune paladine une cuisse embrochée sur un long couteau, rôtie à point au feu. Elle même croquait dans la seconde cuisse du dit poulet. Elle regarda l'attirail de Sheileig et eu un sourire.

-Je suis fière de toi, tu t'en es bien tirée. Utiliser tout ce que l'on possède, que ce soit en soi ou à soi, est là la leçon la plus efficace que je puisse t'offrir. Ce n'est peut être pas celle qui te permettra de te défendre le mieux, mais d'attaquer et d'avancer, certainement.

La paladine s'avança jusqu'au début de la chute d'eau, ses cheveux volant autour d'elle et cachant à Sheileig son visage.

-Je ne suis pas professeur, je ne suis pas intelligente comme Shiroten, douée comme Lïxia, mais au moins devrais je pouvoir t'apprendre à te battre. Te battre et avancer coûte que coûte, continuer toujours la tâche qui est la tienne, sans baisser les bras...quoi qu'il arrive.

La jeune femme était encore une gamine aux yeux de certains, mais avec la "famille" et durant cette dernière année écoulée, elle avait vécu beaucoup de choses, participée à de nombreux combats, perdu énormément. Si son visage était déjà dur auparavant, désormais il semblait plus lisse que jamais. Pas vraiment froid, mais dénué de chaleur. Résignée, n'attendant plus grand chose des jours qui se suivaient. Alors au moins essayait elle de faire ce qu'elle était capable de réaliser, comme entraîner cette petite, lui donner les armes pour réaliser son propre combat. Sous ses doigts, un pectoral, possédant deux ailes blanches, une ressoudée depuis peu, gardant une profonde cicatrice visible.

Etait ce des larmes que le vent avait soufflé et qui tombaient, rejoignant la chute?