[Armenn] [RPP] Quelque repos

[Armenn]

Armenn était lasse. Lasse de ces lieux, de ces combats, de cette fatigue, de cette attente. Kirikoo, cette elfe chasseuse dont elle s'était finalement éprise, ne donnait plus signe de vie depuis bien longtemps. Trop selon elle. La paladine déprimait, ne trouvait plus goût à rien. Ses nuits n'étaient plus que cauchemars et le sommeil la fuyait comme la peste. Son corps devenait de plus en plus nerveux, sec, desséché. Elle commençait à se sentir mal et éprouvait le besoin de changer d'air. Mais où aller? Tant d'ennemis pouvaient la rechercher....et ses amis étaient présents de partout ou presque. A force de réfléchir elle retrouva dans les recoins de sa mémoire quelqu'un qu'elle n'aurait pas du oublier. Son oncle en quelque sorte. L'un des meilleurs amis de son défunt grand père, celui qui l'avait récupéré un temps après sa mort, avant qu'elle n'aille suivre son apprentissage ailleurs. Elle avait passé de longs moments chez lui, lorsque son grand père devait aller faire ses devoirs, ou qu'ils prenaient des vacances ensemble.

Armenn se souvint peu à peu de lui, et de ces moments. Orkil était un nain un peu bourru, au passé sombre et presque inconnu, qui vivait presque reclu dans les montagnes environnant Forgefer. Cet homme l'avait toujours impressionné, il faut dire qu'il était assez brute, et que son visage n'engageait pas à lui serrer la main. Mais dans le fond il s'agissait d'un des êtres les plus gentils qu'elle ait connu. Surtout pour un mâle. C'était avec lui qu'elle avait vu pour la première fois une forge. Son frère était en effet l'un des apprentis d'un trés reconnu maître forgeron de Forgefer. Pendant tout un hiver elle était restée près d'eux à suivre son apprentissage. Trois mois à le regarder taper sur du métal, à le former, lui donner corps, et esprit. C'est là que naquit sa vocation. Oui vraiment avec Orkil elle avait vécu d'agréables moments.

Mais elle n'en avait plus de nouvelles, sa dernière lettre, datant d'il ya deux ans, lorsqu'elle devint admise chez les paladins, n'avait eu de réponse. Elle se demandait s'il était toujours dans ses montagnes ou si son passé l'avait rejoint. En réfléchissant à tout cela la paladine continuait à dessiner sur ses feuilles, dans sa chambre, n'attendant plus un retour qu'elle n'osait espérer.

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[Cedra]

Cedra était rentrée plus tôt que prévu...Il fallait qu'elle voie Armenn, elle avait des nouvelles pour elle.
Elle se demandait dans quel état serait Armenn, cela faisait quelques temps qu'elle ne l'avait pas vue, et à chaque fois, celle-ci lui paraissait plus triste, plus fatiguée que la fois précédente.
Toute la compassion et l'amitié qu'elle pouvait lui apporter n'y faisait pas grand-chose et elle se sentait impuissante à l'aider.

Elle arriva devant sa porte, et frappa, espérant qu'elle serait là...

"Armenn, t'es là?"

La porte s'ouvrit sur une Armenn toujours aussi fatiguée, comme elle s'y attendait...

"Coucou Armenn! Allez remues-toi, on part en voyage!
Je t'attends en bas dans 5 minutes!"

Sans lui laisser le temps de répondre, elle redescendit et l'attendit en bas...

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[Armenn]

Armenn ne comprenait rien. Il était quoi, elle regarda dehors entre les volets, à peine dix heures du matin, et voilà que Cedra venait, toute énergique, l'enrôler de force dans un voyage. La paladine haussa très légèrement les épaules. Pourquoi pas après tout? Par habitude elle s'équipa, prenant son armure de plaques, ses armes et ses artefacts. Elle vérifia aussi l'état de ses sacs, prit de quoi forger un peu, au cas où. Avant de partir elle éteignit le feu dans sa cheminée, et y jeta de l'eau par dessus. Elle vérouilla les volets, ferma ses divers pots d'encre, rangea ses plumes. Un certain désordre reignait dans ses affaires, ce qui était rare chez elle. Tant pis, elle ouvrit la porte de sa chambre, et la referma derrière elle. Puis d'un pas ensommeillée elle descendit les escaliers, rejoignant son amie dans la pièce principale.

"Me voilà. Où va-t-on?"

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[Cedra]

Cedra était en train d'écrire un petit mot rapide lorsqu'Armenn arriva. Elle était partie sur un coup de tête, sans avoir pu prévenir son ami.
Bah, elle trouverait bien un moyen de lui faire parvenir un message rapidement. Ou au pire, il lui suffirait d'utiliser sa bague à un moment où Armenn aurait le dos tourné.
Elle se sentait gênée de cacher ainsi des choses à ses amies, mais elle ne se sentait pas le droit d'en parler elle-même.


"Ah te voilà, tu as fait vite! Oh ce n'était pas la peine de te harnacher pour le combat! Excuses moi j'aurais du te le dire.
On va à Forgefer. J'ai un truc à te montrer! Ca devrait te plaire.
Tu veux y aller comment? A cheval? Ou on demande à Eylona de nous faire un portail?
En plus, j'ai quelques emplettes à y faire."

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[Armenn]

Forgefer? La paladine eut un regard brillant une brève seconde. Que pouvait bien avoir Cedra à lui montrer là bas? De cette minute la farouche jeune femme ne fit plus que songer à cela.

"Beuh...une habitude, que voudrais tu que je porte d'autre de toute façon?

A cheval, je préfère, cela me fera du bien, et Star sera heureux de courir un peu."

Fatiguée et ailleurs, elle n'avait rien vu du geste de son amie. De même, ses mots étaient rares, allant toujours au plus court, ne parlant que si un certain besoin s'en faisait sentir. Cela changeait un peu de l'exhubérante Armenn que les autres avaient l'habitude de voir.

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[Cedra]

"Alors en route!
Et ne t'en fais pas pour Star, j'ai emporté ce qu'il fallait de viande pour mon tigre..."

Elles se mirent toutes les deux en route, Armenn, toujours aussi taciturne, et Cedra, semblant également préoccupée.
Elle songeait à cette offensive qu'il allait mener contre les orcs...Elle craignait que sa soif de vengeance lui fasse oublier toute prudence. Elle en était sûre, il serait soulagé qu'elle fasse ce voyage avec Armenn, jamais il n'aurait voulu d'elle sur un champ de bataille...
Elle lui avait pourtant prouvé qu'elle était capable de se défendre, et de se battre, au moins aussi bien, voire mieux que la plupart de ses hommes.
Qu'à cela ne tienne...elle a beau ne pas connaître ces terres étrangères, elle trouverait bien un moyen de savoir...

Le voyage se passait sans anicroche, à peine quelques escarmouches, tout juste bonnes à dégourdir un peu Armenn.

[Armenn]

La paladine était à peine descendue de son cheval pour calmer les gêneurs, elle se contentait de sortir son marteau à deux mains et d'asséner de gestes amples de quoi estourdir des taureaux. Le voyage se déroulait dans un certain calme, intimidant par le silence presque oppressant. Armenn voyait bien au fil du temps que son amie avait l'esprit ailleurs, mais elle n'osait lui poser de questions. Pour une fois sa curiosité n'était pas plus forte que le reste. Elle préférait attendre que Cedra prenne d'elle même la parole....à moins qu'elle ne soit devenue indigne de son amitié se dit elle.

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[Cedra]

Cedra releva la tête, mue par une impulsion, et se tourna vers Armenn

"Dis-moi Armenn, tu as déjà entendu parlé de cités cachées où tous les elfes peuvent se côtoyer sans se taper dessus?
Je sais bien que vous avez quelques contacts avec un tauren dont j'ai oublié le nom, je me demandais..."

Elle se tut, regrettant vaguement ses paroles, puis finalement se jette à l'eau.

"Tu sais, l'homme que je voulais te présenter?
Je ne sais pas trop si j'ai le droit de t'en parler...enfin...
Il euh il dirige une cité ainsi...Son meilleur ami est un elfe de sang...Sa population comprend aussi bien des elfes de la nuit que des elfes de sang..."

Elle s'interrompit, et sourit

"Ah voilà Forgefer! Viens, tu vas voir!"

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[Armenn]

Armenn n'eut pas l'occasion de répondre, peut être eut elle une réaction physique, mais Cedra ne put la voir, déjà retournée vers les hautes murailles de la cité naine. Elle même ne put s'empêcher de regarder les travaux d'orfèvres qui y avaient été effectués. Mais la place lui rappelait trop Kirikoo pour qu'elle reste longtemps ainsi avant de regarder de nouveau la crinière de Star. Kiri.....heureusement que Cedra, Kelana, Lïxia et Shiroten étaient là. Elle aurait pu faire des choses...irrémédiables sinon.

Cedra voulait lui montrer quelque chose, mais qu'était ce donc? La curiosité ne la brûlait pas mais elle devait savoir. Après tout, n'avait elle pas suivi Cedra pour cela? A moins que ce ne fut pour le seul plaisir de rester avec son amie...


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[Cedra]

"Allez suis-moi!"

Elle entra dans la cité naine, et comme d'habitude, se sentit légèrement oppressée à l'idée de toute cette roche au dessus de sa tête.
Elle fit quelques pas, se retourna pour vérifier qu'Armenn la suivait, et se dirigea d'un pas décidé vers la Caverne Lugubre. Elle avait hâte de voir la tête d'Armenn...

"On est arrivées!"

Elle alla frapper à une porte, puis avant qu'elle ne s'ouvre, se faufila derrière Armenn pour la pousser doucement en avant.

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[Orkil]

La porte lentement vint s'ouvrir laissant la lumière intérieure révéler un nain bourru, et certainement bourré. De derrière lui montaient visiblement nombres de conversations et l'odeur montrait que l'alcool coulait à flot dans cette maison.

"Hein? Qu'est che ché chat?"

Visiblement l'hôte semblait imbibé et ce à un stade avancé. Mais avant que les deux femmes ne répondent une main sombre et balafrée vint se poser sur l'épaule du nain.

"Arrête Krank, retourne à table et laisse moi m'occuper de ça."

Au son de cette voix caverneuse et roulante, le visage d'Armenn se décomposa. Puis ce qui se tenait derrière la main se déplaça dans l'embrasure de la porte. C'était un nain, aux cheveux fournis autant que sa barbe, au pas chaloupé et à la ceinture large. Un nain quoi. Mais dans ses yeux l'ont voyait aisément qu'il avait vécu. Il était vêtu d'un haut sans manche noir, visiblement fait de peaux, et d'un pantalon de la même teinte et facture. Ses mouvements étaient fluides et lents. Il n'arrivait pas à la taille de Cedra mais son regard aurait pu faire se courber un tauren. Et ses yeux brillants se fixaient sur ceux d'Armenn. Armenn qui se jeta à genoux afin de se faire cajoler par le nain. Après un court mais écrasant calin, elle se releva et sourit.

"-Je vous croyais mort mon oncle, à ne plus avoir de nouvelles de vous...ou que vous aviez finalement décidé de m'oublier, comme vous l'aviez dit au moment de mon départ.
-Ptite furie va! Oublier une saloperie comme toi ya bien qu'un gnome pour ça té! Mort par contre...ouaip je l'étais ou pas loin."

Le nain se lissait la barbe tout en parlant. Ses muscles saillant portaient de trés nombreuses cicatrices, certaines déformant totalement la peau.

"-Mais bon je suis là non! Et toi greluche qu'es tu devenue hein?
-Ben comme prévu lors de mon départ, je sers la lumière, la portant là où les ombres sont épaisses..à l'aide de mon marteau.
-kss, m'aurait étonnée de voir un garçon manqué comme toi aller prier face à un démon en lui demandant de pas t'enfoncer dans le cul ce long bâton qu'il tient comme arme.
-Votre parler est toujours aussi chatié à ce que je vois.
-Et toi toujours aussi incommode.
-Faut bien vous rendre la pareille.
-Arrête de me faire rire, je vais rendre ma bière. Toujours toi qui m'a brisé les noix!
-Ah non! C'est vous qui arrêtiez pas avec mes cheveux!"

Le ton montait mais avec lui le sourire des deux protagonistes s'épanouissait. Visiblement ces joutes étaient naturelles entre eux. Rituelles même. Après deux minutes ainsi passées ils cessèrent net, sans rien dire, juste heureux d'avoir lâchés autant de réparties rapidement.

"-Bienvenue à la maison fillette...enfin la maison de Krank, t'sais bien que je supporterais pas vivre ici. Cedra, merci de me l'avoir amenée. Et désolé de vous avoir fait subir ça, ici sur le perron. Allez entrez! On va monter dans mes appartements..enfin, les siens. On sera plus à l'aise pour discuter, boire ou manger."

Le nain s'effaça alors laissant les deux femmes pénétrer dans la maison, un peu basse de plafond, et au sol glissant.

[Cedra]

Cedra observait avec amusement Orkil et Armenn se livrer à leur retrouvailles. Elle était heureuse de voir enfin un sourire spontané sur le visage d'Armenn.

"Bonjour Orkil!
Eh bien, je sens qu'Armenn ne va pas s'ennuyer ici!"

Cedra hésita, puis se courba pour entrer, prenant garde de ne pas déraper.
Elle observa l'intérieur de la maison, en plissant le nez sous l'odeur d'alcool, de renformé et de sueur qui y régnait...Cela devait faire longtemps que cette maison n'avait pas vu un bon coup de balai...

"Je ne vais pas vous déranger bien longtemps, vous devez sûrement avoir beaucoup de choses à vous raconter tous les deux!"

Elle se redressa autant qu'il lui était possible, et suivit Orkil et Armenn

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[Orkil]

Le nain poussa les deux femmes, les faisant monter un escalier dont le bois avait du être brun à une époque fort reculée.

"Ouais ouais c'est ça on lui dira...en attendant z'allez venir causer avec nous, et personne ne sort tant que le repas du soir n'est pas passé...et qu'il soit à peine midi actuellement ne me regarde pas. Osez refuser mon invitation et je vous promets qu'vous le r'gretterez. Na mais oh..."

Les trois comparses arrivèrent à l'étage où, d'un pas décidé, Orkil les amena à la plus grande des pièces. Il s'agissait d'une chambre, mais les dimensions étaient telles qu'un salon occupait la majeure partie des lieux. Alors que la salle commune où la fête avait lieu faisait peur à voir, ici, milles et unes merveilles de tout horizon se trouvaient. Mélange artistique, cela faisait un peu tape à l'oeil, mais il semblait que le propriétaire aimait garder ces souvenirs sous les yeux.

"Voulez boire quoi?"

Et ce disant le nain disparu derrière un bar plus haut que lui.

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[Cedra]

Cedra entra dans la pièce et écarquilla les yeux, observant tous les objets qui l'entouraient...
Elle mit du temps à répondre:

"Oh pour boire, euh ce que vous avez, une bière ça m'ira...
Vous en avez des objets...Chacun d'eux a une histoire je suppose?"

Elle se sentait un peu déplacée ici, l'impression d'être indiscrète au milieu des souvenirs de quelqu'un d'autre.

"Alors, Armenn, t'es contente? Il va te requinquer!! "

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[Armenn]

Armenn regardait autour d'elle avec les mêmes yeux ébahis que Cedra, visiblement jamais elle n'avait vu cette pièce ou ce qui la meublait.

"Tout, tout ça est à vous mon oncle?
-Pff que vas tu croire! C'est à cet holibrius. De la pacotille mais bon..."

Cedra leva alors la voix et la paladine se retourna pour lui répondre, pointant du doigt l'air presque apeurée Orkil.

"Lui? Me requinquer? Que ne vas tu pas dire! Il va me tuer oui! Ce vieux fou va encore me faire faire toutes ses tâches ménagères, réparation de sa masure comprise!
-Schcreugneu de schcreugneugneu, comment tu parles de ton aïeul ma pauvre fille! Ta vie sous la lumière a fini de brûler la cervelle ou quoi?"

Armenn ouvrait grand la bouche, pointant toujours le nain du doigt et semblant chercher ses mots, appelant à l'aide Cedra du regard.

[Cedra]

Cedra regardait Armenn avec un air amusé:

"Quoi, t'es en train de me dire que toi, tu vas te laisser faire??
Je te vois bien faire le ménage, certes, mais à coups de masses!
Moi je dirais plutôt que vous allez vous entretuer hein!
M'enfin, en tout cas, il m'a promis qu'il te ferait de la soupe...Ca sera ça que tu n'auras pas à faire!"

Se tournant vers Orkil:

"Alors, il paraît que vous lui appris la forge? J'espère que vous avez un stock de minerai de thorium, en ce moment, elle n'arrête pas de vouloir en fondre!"

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[Orkil]

"Pff non. C'est juste qu'on vivait avec un ami à moi forgeron quand je l'ai recueillie avant que c'te saleté se fasse embrigader par la chapelle!

Pendant tout l'hiver elle a passé son temps à la forge près de lui, tandis que j'allais chasser dehors. Avoir des bouts de métal qui lui tombaient dans les cheveux la faisaient pas partir plus loin. Une vraie folle, il en avait peur pour elle parfois. Mais du coup, j'crois bien qu'ça lui ait resté."

Orkil se gratta la tête un instant, sa main dépassant tout juste du comptoir.

"Bon alors quoi? Rhum punch whisky sang troll?"

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[Cedra]

"Pour lui être resté, ça oui, ça lui est resté!!

Euh vous avez pas un truc classique plutôt...Une simple bière ça m'ira...Bon sinon un punch alors."

Cedra réfléchissait, il lui semblait pourtant qu'Armenn lui avait dit avoir appris la forge auprès de son oncle...Enfin qu'à cela ne tienne, elle avait dû comprendre de travers.

"Et vous allez rester longtemps à Forgefer?
Et toi Armenn?"

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[Orkil]

Le nain fouilla dans le bar, jetant de temps à autre des bouteilles vides, ou pas, par dessus son épaule. Finalement il mit la main sur un cruchon de bière semblant ma foi fort frais.

"Ahh voilà de quoi vous contentez ma tite madame."

Tandis qu'il prenait des choppes et allait déposer le tout sur une table, il répondit à Cedra.

"Non, Forgefer trés peu pour moi, c'est pas une ville bonne pour la santé. Teudiou, quelqu'un de toute façon a-t-il vu une ville bonne pour la santé hein? Je suis juste venu récupérer la donzelle puis je m'en retourne dans les montagnes....Avant que quelqu'un me repère ici, murmura-t-il si bas que l'on eut cru qu'il marmonnait dans sa barbe.

Avec c'te furie dans les pattes de toute façon y'aurait pas moyen de s'en sortir ici. Au moins au milieu des arbres si on s'engueule personne ne s'fera percer les tympans. Quoique....je plains volontiers les bestioles alentours avec son timbre mais bon."

Armenn semblait perdue, le regard dans le vide, jouant avec le bracelet qui ne quittait plus sa main.

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[Cedra]

Elle prit la chope, en remerciant Orkil, et la porta à ses lèvres.

"Et vous comptez y rester combien de temps dans vos montagnes?"

Elle se tourna vers Armenn qui ne disait mot, d'un air interrogateur:

"Armenn, justement tu en parlais de ces montagnes... Je pensais te faire plaisir, mais tu fais comme tu veux hein, tu m'as l'air pensive!

Et puis, quand tu voudras revenir, vous n'aurez qu'à venir à Féralas tous les deux, je suis sûre que ton oncle y sera bien accueilli pour le temps qu'il veut!"

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[Armenn]

"Hein que quoi?"
Armenn sortit de sa torpeur.

"Si, si ça me fait plaisir oui. C'est juste que....des souvenirs qui remontent. Des souvenirs que j'avais cru oubliés, emportés par le temps."
La paladine prit l'une des choppes et l'avala d'un trait, sans goûter de sa saveur.

"Les montagnes.....ça remonte hein vieux bougre? Mes ptite jambes, mon sourire de gosse, mes pitreries..."

Le nain regardait la jeune femme d'un oeil transperçant, sans rien dire, en buvant lentement sa propre bière. Il semblait attendre, attendre de voir le raisonnement qu'elle poursuivait, semblant savoir déjà ce qui se passait en elle.

"Le temps....la folie....la mort...on ne peut rien y faire hein? Aussi fort que l'on soit, on finit tous par y tomber dedans...à plein pieds."

Elle leva les yeux sur Orkil, embués de larmes prêtes à tomber.
"-Nan, nan on peut pas ma tite flamme. On peut rien faire d'autre que d'utiliser le temps qu'on nous donne ici. Essayer de trouver de quoi être heureux aussi à l'occasion, croire, espérer...mais en aucun cas...on ne peut être maître de sa mort. On choisit pas, elle fauche sans prévenir et sans écouter les proches de la victime."

Armenn laissa les larmes jusque là endiguées rouler sur ses joues. D'abord de fines gouttes, puis rapidement de fins filons. Sans rien dire elle s'approcha de Cedra et passa les bras autour d'elle, cachant sa tête en son sein.

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[Cedra]

Cedra referma les bras autour d'Armenn, en regardant Orkil d'un air impuissant:

"Oh Armenn...Pleure va, ça te fera du bien...
T'as vraiment besoin d'une coupure toi, de te changer les idées hein...

Allez, laisses le passé où il est, de toute façon, tu ne peux rien y changer, et tournes toi vers l'avenir! C'est à toi de te construire ton futur, on ne peut pas le faire à ta place hein!
En tout cas, si t'as besoin...tu sais que tu peux compter sur moi hein!"

La peine d'Armenn la touchait beaucoup...Elle sentait comme une boule dans sa gorge en disant ces mots, rendant sa voix légèrement tremblottante.
Elle se reprit, et d'une voix un peu plus ferme, en reprenant une des expressions favorites d'Armenn:

"Allez ma belle!
Hauts les coeurs hein, tu vas pas pleurer devant ton oncle quand même?"

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[Armenn]

Armenn fut secouée de sanglots violents, et à la dernière remarque de Cedra d'un petit rire nerveux. Elle s'accrochait désespéremment à Cedra, lui froissant le haut de sa tunique. Mais au bout d'une minute ou deux les larmes devinrent silencieuses, et au bout de cinq se stoppèrent. Pendant ce temps Orkil n'avait rien dit, son visage était crispé, le regard froid. Il avait pendant un temps regardé une chevalière à sa main, se remémorant certainement de vieux souvenirs.

Armenn releva enfin sa tête, regardant Cedra de ses yeux humides.

"Pardon...mais, je crois que j'en avais besoin."

Se retournant vers son oncle elle se détache de Cedra, lui tenant seulement la main du bout des doigts.

"Bon, je crois qu'on était là pour partir dans les montagnes. On va pas attendre le solstice ici tout de même hein?
-Mpfr, ouaip ptet pas, y'aurait pas assez de bière pour nous deux ici."

Le nain se leva et passant le bras derrière une tenture en sortit deux paquetages. Il mit l'un sur son dos et jeta le second à sa nièce.

"-Dame Cedra, j'espère que vous accepterez un jour de venir dans mes montagnes manger chez moi. Vous égayerez la maison. En attendant, je crois que pour l'instant nos chemins se séparent ici."

[Cedra]

Tenant toujours la main d'Armenn, elle se tourna vers Orkil:

"Eh bien, j'en serais ravie...
D'ici là, je vous souhaite un bon voyage à tous les deux!
Et prenez soin de vous!"

Elle serra Armenn une dernière fois dans ses bras:

"Profites en bien et reviens nous en forme!"

Elle sortit de la maison, et flâna un moment dans les rues de Forgefer avant de se mettre en route

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[Armenn]

Armenn rendit avec beaucoup de force l'accolade à Cedra. L'instant d'après elle et son oncle quittaient la maison, non sans avoir emprunté quelques jambons et tonneaux de bière.

Ils prirent le chemin sortant de la ville, la paladine tenant son cheval à la longe. Arrivé sur cette place dominant la vallée ils s'arrêtèrent un moment, scrutant les horizons. Il ne le dit pas avec des mots, mais le regard qu'échangea le nain avec l'humaine disait: "Bienvenue à la maison".
Ils descendirent alors, laissant Forgefer derrière eux, et se dirigèrent vers les montagnes, passant par des sentes quasi inconnues de tous, troublant parfois le sommeil d'un ours, le repas d'un écureuil. La neige était souple sous leurs bottes et ils avançaient sans se fatiguer. L'un comme l'autre ne craignaient pas le froid et c'est bras nus qu'ils se promenaient dans ces territoires éternellement blanchis. Les heures passèrent un peu et enfin, au détour d'un arpan de forêt, la maison du nain fut en vue. Un fin ruisseau cascadait à cinquante pas de là, créant un petit bassin devant la chaumine. Entièrement faite de bois, elle passait presque inaperçue, entourée d'arbres qu'elle était. et dans un lieu aussi retiré, rares étaient les voyageurs qui auraient pu espérer tomber dessus.

Sans mot dire Armenn alla s'occuper de Star, tandis qu'Orkil s'affairait à rouvrir la maison, relançant le feu, préparant un lit de plus, et le repas. La nature semblait ici envahissante, tant l'on n'entendait que les bruits des animaux, le vent dans les arbres et l'eau goutter. Un lieu calme et propice au recueillement.

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[Armenn]

Le temps passait, Armenn s'entraînait avec son oncle, Orkil. Le froid ne les dérangeait pas, et ils accueillaient la caresse du soleil sur leur corps suitant de sueur avec allégresse. Ils ne parlèrent guère durant les deux premières semaines, passant leur temps entre entretien de la chaumine, des animaux, entraînement et chasse. Ils s'harmonisaient avec le lieu, enfin surtout elle car le nain semblait une pierre parmis la roche, un arbre de la forêt, une herbe du vallon...il était chez lui. Les journées commençaient tôt le matin et se finissaient une fois la nuit à moitié entamée. Toilette sous la cascade presque gelée et repas auprès du feu, la vie était dure en un sens, mais tellement plus vivante et prenante que celle du confort de Forgefer ou de la pétillante Hurlevent.
A tant en faire la jeune paladine finit par ne plus penser à ce qui la tracassait. Kirikoo resta imprimée sur ses rétines, mais cette image ne la hantait plus. Kalicea restait une voix obsédante dans sa tête, mais elle ne la plongeait plus dans ce profond chagrin qui était le sien avant. Parcimonie n'était plus qu'un songe, un rêve presqu'oublié. Et ses amis étaient une chaleur au fond de son coeur, mais ses esprits étaient tournés vers ses travaux journaliers, oubliant tout du reste.

Et le temps passait, sans qu'elle ne s'en rende compte. Un mois déjà avait fui. Un mois sans donner de nouvelles, ni en prendre. Un mois comme une semaine, elle ne faisait pas la différence. Mais ce mois passé, Orkil changea leurs journées. Tous les matins étaient versés dans la préparation physique, mettant la vie de la jeune femme en péril chaque jour, tandis que l'après midi n'était que recueillement et les soirs discussions autour de l'âtre. Ainsi il put apprendre ce qu'était devenue sa nièce après toutes ces années loin d'elle. Son apprentissage de la voie de la Lumière, sa croisade contre les voleurs et les écarlates. La découverte de ses amis, leurs batailles communes. Ses déboires sentimentaux...Elle n'omit rien de lui dire. Ce qui ne fut pas forcément le cas en retour.

Le nain avait toujours été un être mystérieux. Elle l'avait toujours aimé trés profondément, mais ne connaissait rien de lui. Rien de son passé en tout cas. Elle l'avait connu forestier ici, maintenant hermite, toujours ici. Mais il semblait connaître pas mal de monde à Forgefer, et peut être pas que là. Et ces personnes semblaient bien souvent lui être redevable. Elle ne comprenait pas pourquoi mais ne l'avait jamais vraiment demandé non plus. Sauf une fois petite. Il avait tellement hurlé que plus jamais elle n'avait abordé le sujet. Mais cela lui faisait du bien de déballer tout ce qu'elle avait sur le coeur, à celui qui était le dernier membre de sa famille.

Un autre mois passa ainsi. Et alors Orkil vint trouver un matin Armenn, un sac sur le dos:

"Aujourd'hui tu vas partir seule. Tu vas retourner sur la tombe de tes parents et y méditer. Tu vas y passer un mois. Un mois avec pour seul équipement ce que je te fournis ici....et ce que tu sauras trouver là bas. Rappelle toi: tu n'as pas le droit de sortir de cet endroit pendant un mois. A la fin de ce mois je viendrais te trouver, et je te poserai une question. Si tu n'as pas la réponse, tu y resteras un mois de plus.

Maintenant...pars."

Et il lui jeta le sac, lui interdisant d'emmener autre chose. Armenn de toute façon savait qu'il ne fallait pas s'opposer à sa volonté. Et puis, s'il le faisait c'était pour elle. Il ne lui restait plus qu'à jouer le jeu à fond.

Sans se retourner elle partit en direction des pics les plus hauts de cette région, dans un lieu qu'elle n'avait pas visité depuis.....bien longtemps, trop longtemps peut être.
Tandis qu'elle marchait d'un pied assuré, Orkil prit quelques affaires, ferma la maison, laissant Star gambader dans le vallon, et partit à son tour. Cedra l'avait invité plus ou moins après tout, et il voulait savoir chez qui était tombée sa furie. Armenn lui avait expliqué où les trouver. Ne restait plus qu'à faire le voyage. Et il avait un mois devant lui pour leur parler. Plus qu'il ne lui en faudrait pour être certain du choix de sa nièce.

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[Armenn]

Orkil était donc venu au sanctuaire, et Kelana lui avait remis une clef bien gentiment. Trop peut être. Ils avaient le coeur sur la main et donnaient leur confiance rapidement, ce pouvait être un mal. Il alla discuter avec certains d'eux, ne se privant pas pour descendre leur réserve d'alcool, enfin de ce qu'il considérait comme tel tout du moins. Il put apprécier les personnes présentes, formant un étrange mélange de candeur, joie et frivolité. La jeunesse peut être? Ou le manque d'expérience aussi. Qu'importe, ce n'était pas à lui de leur faire changer leur vision des choses, non certes pas. Ce qui le chagrina fut de ne pas voir la maîtresse elle même. Il aurait aimé en savoir un peu plus sur celle qui avait relayé June, une femme qui semblait avoir marqué sa furie, pas autant certes que Kalicea mais tout de même. Sans chercher à le savoir il sut aussi que personne n'avait eu de nouvelles de Kirikoo durant l'absence de la paladine. Mouais, les choses n'allaient pas s'arrangeant. Le nain y était habitué, pas elle. Trois semaines passèrent ainsi et il repartit, sans rien dire, comme il était venu. Sur le chemin du retour il repensa à tout ce qu'il avait vu, entendu, perçu. Sa nièce n'était pas dans le pire des endroits là-bas, elle aurait pu trouver mieux peut être, mais c'était là son choix et il n'était pas déraisonnable lui semblait il.

Il ne restait plus qu'une chose à savoir. Une question pour voir si vraiment elle pouvait y rester, sans risquer son esprit et sa vie.

Le nain gravit la montagne, sans se presser, restant parfois un jour entier sur un sépulcre dressé dans un lieu perdu, abandonné presque, où il était peut être le seul à savoir ce qui s'y trouvait, quand bien même Orkil lui même l'eusse su. Et c'est à pas lent, les mains croisées dans le dos, qu'il arriva près de sa nièce. Elle était là, sous le chêne multi-centenaire, en lotus à méditer. Il semblait qu'elle n'avait pas bougé de plusieurs jours. Très bien. Elle avait donc réussi la première phase. Il attendit sans bouger de là où il était, l'observant de loin.

Quelques minutes passèrent.

-Bonjour mon oncle. Vous avez fait bon voyage?
-Es tu prête?
Le nain ne semblait pas vouloir entrer dans la conversation d'Armenn, il avait un but et s'y tenait.
-Oui.

A pas lent le nain avança, passant dans le dos de sa nièce. Il sortit une dague et la tint au dessus de son cou, près à la planter dans l'artère.

-Une question, une réponse. Rien d'autre:
Pourquoi vis tu?

La paladine ne réagit pas. Elle avait toujours les yeux fermés et réfléchissait, sans sembler se rendre compte de la lame prête à faucher sa vie. Toutefois elle répondit rapidement, sure d'elle.

-Pour l'amour des autres. Pour ceux qui m'aiment et que je veux voir sourire, vivre.

Une brise souffla, soulevant les cheveux de l'humaine, mélangeant des brindilles à la barbe du nain, et un court instant passa ainsi, sans qu'ils n'esquissent un geste. Finalement Orkil rangaina sa dague et repassa devant sa nièce, lui tournant le dos.

-Tu peux rentrer chez toi. Passe d'abord à la maison, manges y, lave toi, et dors un jour et une nuit. Ensuite seulement prends la route du sanctuaire.

Le nain repartit, commençant à se perdre dans la forêt, mais juste avant qu'il ne disparaisse de sa vue Armenn s'écria:

Merci mon oncle! Je vous aime! Ne restez plus là seul, venez me voir de temps à autre!

Puis il disparut, la paladine alors se releva, tremblottante de n'avoir plus fait fonctionner son corps depuis des jours. Elle avait maigri, cela se voyait. Elle prit son paquetage et prit le chemin du retour. Elle pouvait de nouveau se regarder en face. Elle pouvait de nouveau se battre aux côtés de ses amis. Mais malgrè tout, l'image des deux femmes qu'elle aimait plus que tout restait plaquées devant ses iris. Seulement, cela la faisait moins souffrir.