Un étrange visiteur

Sire Kaël avait repris sa route dès les premières lueurs de l’aube, il était passé par le bosquet et ses soupçons s’étaient confirmés, les vestiges de ce qui autrefois avait été une grande forêt portaient indéniablement la marque des Elfes.
Ce peuple ancien qui avait totalement disparu des trois continents.(La Tyrie-Cantha-Elona) Sire Kaël était fils et petit fils de druide et son grand-père qui parlait cette langue oubliée la lui avait apprise dès son plus jeune âge.

Le parchemin qu’il avait récupéré dans la doublure de la veste de Adrian Dinglewood étaient une succession de phrases incohérentes, écrites à la hâte ou soudainement tracées avec application, mais sans logique apparente. Cependant plusieurs points avaient alerté le rôdeur, Dinglewood avait été, il en était maintenant certain, de près ou de loin en contact avec ce peuple disparu. Tout d’abord, il y avait un nom qui revenait sans cesse griffonné en tous sens:

Ar-Andúnëdil Êlchendi : "Ar" dans sa mémoire était l’équivalent dans le langage « haut-elphe » d’une particule de noblesse, "Andúnëdil" sonnait comme une mise en garde et "Êlchendi" ... difficile à dire… C’était de l’elfe ancien…. Quelque chose comme l’étoile, ou Le regardeur d’étoiles…

Un frisson avait alors parcouru l’échine de Kaël… Ce nom n’appartenait-il pas aux elfes de la nuit ! La nouvelle guilde de l’alliance ne s’appelait elle pas… Comment déjà ? Les Pêcheurs d’Etoiles ? Un nouveau pacte unirait-il certains humains à ces créatures oubliées ? Ou certaines guildes les combattaient-ils déjà dans l’Ombre ? Il fallait qu’il en informe au plus vite et dans le plus grand secret son Altesse Palladina ! Si les Elfes venaient à revenir, l’équilibre fragile qui unissait encore les races anciennes menacerait de s’effondrer !

Mais d’abord, il devait se louer les services d’un Griffon. Il connaissait un lieu sacré d’où il pourrait procéder à son incantation. Car il y avait aussi le nom d’une auberge qui revenait souvent, un nom qu’il ne fallait jamais prononcer à voix haute… Si ce lieu existait, il était au moins à deux jours de vol d’ici, plusieurs milliers de lieux… Seul un griffon pouvait franchir aussi rapidement une telle distance.

Cette auberge passait pour être un mythe et ceux des trois continents qui avaient tenté le voyage, n’étaient jamais revenus. Elle se situait dans les territoires interdits, là ou s’arrête les cartes, son grand-père lui en avait souvent parlé. Il y aurait-il encore en ces lieux, des elfes pour s’y arrêter ? Des elfes pour franchir l’ombre d’entre les mondes et pousser la porte de l’auberge : « Les Ailes d’Ysera ».

Ysera ! La dame des rêves… Le dragon mythique des temps oubliés.

Sire Kaël pénétra dans l’auberge… L’Auberge ! L’Auberge : Les Ailes d'Ysera !...

Le griffon l’avait conduit jusqu’ici et s’en été allé.
Il était vivant ! La foudre avait bien faillit avoir raison d’eux, un éclair avait frappé la chimère aux tempes mais la bête en avait vu d’autres, un instant étourdie, elle avait perdue de l’altitude puis soudainement avait repris son vol.

Les Terres interdites n’avaient rien de magique à première vue, elles n’étaient pas sur les cartes voilà tout… Ici, il y avait des forêts, des montagnes, des vallées, des villages et des tavernes ! Comme là-bas…

Bon, certes il y avait aussi des elfes, beaucoup d’elfes, que des elfes ! En tout cas dans la taverne, il était le seul humain.

De la manière la plus nonchalante possible il s’avança vers le comptoir, sous le regard de la majorité des convives, son arc passé au travers de son buste, son épée battant à son flanc et son javelot glissé dans une gaine de cuir le long de son dos… Je suis trop harnaché pensa t’il, heureusement son visage reflétait depuis toujours une extrême douceur… hum ! pour les humains en tout cas.

Et il se lança ! En quenya s’il vous plait, comme le lui avait appris son grand père :

- Bonjour, j’aimerais boire de…. (Il n’entendait rien à tous les breuvages qui trônaient sur les étagères derrière le comptoir…) de ceci ! dit-il au hasard… En fait, je viens d’arriver, je suis un ami de Ar-Andúnëdil Êlchendi et je viens prendre de ses nouvelles ?

La ficelle était énorme et son accent, il en avait conscience, épouvantable !
Mais sa vieille expérience lui avait appris que question esbroufe, plus c’était énorme, plus c’était crédible !

J'avais fait une longue route pour revenir, un danger m'avait éveillée et je le sentais rôder autour de ma Douce Kelana. J'étais assise près du feu pour reprendre des forces en essayant de me cacher de la vue de mon aimée; je ne voulais pas la faire souffrir encore plus. J'avais beaucoup changé depuis Son départ, la colère m'avait ravagée et j'étais tombée dans un sommeil profond. J'avais essayé de m'arranger un peu avant d'entrer, mes cheveux cheveux blancs étaient remplis de feuilles mortes et mes longues oreilles n'étais plus aussi douces, comme ma peau d'ailleurs. Ma peau heureusmeent gardait toujours cette odeur de forêt qui me rassurait.

Un humain étrange avait attiré mon attention avec ses armes étranges et son accent forcé, quand il prononça Son nom, mon sang se glaça, et sans m'en rendre compte je bondissais sur l'inconnu, le renversant à terre et appuyant la pointe de ma lame sur la veine de son cou. Il ne pouvait plus bouger et était à ma merci.

Comment osez-vous venir ici et parler de mon frère ainsi? Qui êtes-vous je ne vous connais pas!
Quand avez-vous vu mon frère la dernière fois?

Furieuse et prête à tout, je ne voyais pas le sang perler de son cou.

On ne meurt pas comme ça ! se dit-il, pas sur le plancher d’une auberge au milieu des mèches blanches et folles d’une elfe… millénaire ?

Pourtant c’était un sang bien réel qui s’épanchait langoureusement de son cou. Il n’était pas né de la dernière couvée d’une femelle Moa et si la rapidité de l’attaque l’avait surpris, il avait en chutant, dégainé la courte dague dissimulée dans sa manche et sa lame pointait gentiment sur le ventre de la créature.

Mais à quoi bon ? Ils seraient morts tous les deux ?
De plus, celui qui pose une question, n’espère t’il pas une réponse ?
Trois questions en l’occurrence !... Hum… ses chances de survie étaient grandes !

Il s’enivra de l’odeur de forêt qui se dégageait voluptueusement du corps de l’elfe, tous ses sens de rôdeurs découvrant d’étranges et nouvelles exhalaisons…
Il sentit tout son corps se détendre sous le poids de son adversaire.

Il regarda calmement l’elfe dans les yeux, pour une première rencontre, il était servit… Quels yeux !

Bien choisir ses mots…

- Nous sommes chacun nos propres démons, mais ne faisons nous pas ainsi de ce monde un enfer ?...

Je vis la pointe de sa dague effleurer mon ventre. L'envie de me laisser m'empaler pour en finir me traversa l'esprit mais la colère me fit reprendre des forces. Mes yeux ne quittaient pas ceux de cet humain sentant le savon, sans aucune identité olfactive. Comment cet être osait venir me défier en me parlant de Lui.
Comme on me l'avait appris, je savais qu'un homme mort ne servait qu'à nourrir les fauves. Il devait me dire où Il était. Il m'avait abandonnée, je devais comprendre d'où il le connaissait. Le torturer serait peut-être une solution mais je m'étais trop isolée je n'en avais plus la force.
J'enfonçais encore un peu ma dague pour sentir son corps se crisper. Il n'a pas peur et moi non plus. Mourir cela ne changera rien, je ne suis pas Lui, ce serait une fuite. Les mots, utiliser la parole, voilà ce que je devais faire lui parler sans baisser ma garde.
Ses paroles résonnaient : Démons, monde, enfer....

Mon enfer a commencé il y a longtemps.

Une larme coulait le long de ma joue. Ma dague bougea légèrement pour le laisser parler.

N'essayez pas de m'embrouiller par vos mots, vous ne répondez pas à ma question: Qui êtes-vous?

Spoiler:

Une larme coulait le long de sa joue… Elle roula jusque sous son menton, se détacha de son visage et vint mourir sur les lèvres de Kaël. Machinalement, il entrouvrit légèrement la bouche : salée comme nous !

« Une fulgurance, une douleur ! Des corps d’elfes entrelacés, chassés par un visage hiératique au regard perdu »

Quelques secondes ? Une éternité ?...

Trouver une formule de politesse consacrée ! Vite !

- Mor'ranrlifa unin hjarta onr (Que la paix règne dans ton coeur) je suis Sire Kaël, je viens de si loin, pour te parler de « celui que je ne veux plus nommer », que je ne sais même pas, si j’aurais la force d’y revenir.

L’elfe le regardait toujours sans ciller.

Ce qui était totalement paradoxal, c’est que malgré le tragique de la situation, il…
Il était heureux ! Son esprit de découvreur goutait les moindres détails de la situation.
Le but de sa guilde : « Les Marcheurs Eternels » n’était-il pas d’arpenter le ciel et la terre et de tisser une passerelle entre Cormyr et le reste des mondes…

L’elfe semblait presque ailleurs…

- (l’humour peut être…) Je suis étranger à vos coutumes mais si la convention exige de discourir allongé l’un sur l’autre…(ne pas parler de la douleur de sa blessure à la gorge) Pourrais-je au moins, me débarrasser de mon épée dont la garde me dommage cruellement le dos ?

Ma colère était violente mais ma curiosité grandissait de plus en plus. Il avait ce regard si doux, il me troublait et semblait surtout détenir les informations que je voulais. Tout autre personne aurait tremblé, aurait eu ce regard suppliant, cet étrange humain non au contraire il semblait presque souriant et faisait même de l'humour. Se moquait-il de moi?
Je l'avais bien vu goûter ma larme. Serait-ce encore l'un de ces humains envouté par la beauté elfique?
Autrefois je l'aurais tué sans me poser de questions, mais je dois tant à Kelana je ne pourrais pas lui manquer de respect sous son toit. Et puis ce Sir Kaël, si c'est son vrai nom, m'intrigue je dois savoir!

Je glissais mon corps sur le côté tout en effleurant la veine de son cou de ma dague affilée,laissant mes longs cheveux blancs lui couvrir le visage telle une caresse pour lui cacher la vue, Hashshâsha reprenait-elle le dessus sur moi?

Relevez-vous doucement en faisant des gestes lents et sortons! Je n'ai rien à perdre alors n'essayez pas de faire l'humain héroïque Sir Kaël.

Kaël savait que la lune était ronde, ce qui constituait une maigre garantie, par rapport à une elfe qui devait posséder une vision nocturne, mais il se sentait dénué de toutes intention belliqueuse et habité par une grande soif de savoir.

La nuit était fraîche et douce, ils marchaient côte à côte sur un sentier de terre battue en contre bas des Ailes d’Yséra.

Ils n’avaient pas prononcé un mot depuis qu’ils étaient sortis de la taverne et ce silence, comme tout homme des bois, n’était pas sans déplaire à Kaël. Il aurait pu marcher la nuit durant à écouter les bruits émanant de cette faune inconnue qui palpitait dans les bois proches, mais il s’était attaché à analyser le comportement de sa mystérieuse compagne.
Elle semblait fatiguée, son pas traînait légèrement, surtout la jambe gauche, une vieille blessure ?

C'est là qu'il faudrait frapper pour la déséquilibrer. Il chassa immédiatement cette pensée, il fit taire l'homme de guerre qui était en lui et qu'il cherchait tant à oublier.

A la position de ses mains le long de son corps, il se dit qu’elle était sûrement ambidextre et à la manière dont sa nuque se portait vers l’arrière, elle devait être à l’écoute d’un familier... Mais il n’en détectait pas la présence… Peut-être était il en route ou avait elle gardé un vieux réflexe….

Il la trouvait belle… Bon, c’était idiot, mais il ne pouvait s’empêcher d’admirer la souplesse féline avec laquelle elle se déplaçait si naturellement et sa longue chevelure argentée qui ondoyait sous les reflets de la lune.

Garder le silence, la laisser prendre confiance et revenir une nouvelle fois vers moi…
Les humains doivent leurs sembler bavard et brouillon, mais quoi de plus normal en définitive, notre vie et si courte en comparaison de la leur.

Quel orgueil ! Comment pouvait-il croire un instant à sa capacité d’être plus patient qu’un être dont la vie se mesurait en siècles ! A l’encontre de toutes décisions et perdant toute retenue, il se lança soudainement avec exaltation dans un récit aussi brouillon que complexe, était-ce la magie des lieux ? l’enchantement du moment ? L’onirisme flottant….

- Alors… Je … Vous vous nommez comment ? je ne saurais faire un récit à quelqu’un dont j’ignore le nom !... Vous… Nous… Je… Je vis aujourd’hui dans un monde ou votre existence est inconnue, mais j’ai appris votre langue sur mes terres d’origine en Cormyr, mon arrière grand-père…. C’était un druide puissant ! Des êtres de votre peuple se sont installés dans les forêts interdites, mais ce n’est point là ou je vis aujourd’hui d’accord ? Je vis dans la jungle de Maguuma…

Dou-ce-ment ! songea t’il

-Et là-bas, sur les trois continents nul ne vous connait autrement que dans de vieille légendes… mais j’ai rencontré un Humain dont le destin me semble scellé à celui de votre frère, je le pense en relation avec votre peuple depuis sa plus tendre enfance, vous me semblez ignorer ou se trouve votre frère aujourd’hui, je le cherche aussi ! mais il semblerait qu’il se soit tourné vers nos terres pour y… Accomplir son dessein…

Il laissa s'échapper un petit rire nerveux.

Pardon ! Son destin ! Cet humain est la clef, j’en suis sûr ! J’arrive ici en marchant sur ses traces et vous me bondissez dessus, assoiffée de nouvelles ! Depuis combien de temps ne l’avez-vous pas vu ? Adrian Dinglewood ! Ce nom vous dit il quelque chose ? Pourquoi cette blessure encore brulante à l’énoncé d’un nom cher à votre cœur ? Ne serais-je pas finalement le diagramme de vos incertitudes ?

Il s’était arrêté… la lame de l’elfe était elle empoisonnée ? Y avait-elle appliquée un élixir comparable à ceux qu’il utilisait pour délier les langues ? Etait-ce le pouvoir des rêves ?
Le monde vacilla un instant autour de lui… Il avait tant dit. Il s’accrocha aux yeux magnifiques et brillants de la créature et le monde reprit sa place…

Nous marchions depuis un long moment. Je sentis l’appel de la forêt, je devais savoir essayer de comprendre. Tout d’un coup l’étrange humain se mit a parler de Maguuma, de terres inconnues et d’un certain Adrian Dinglewood. Il débitait les mots à une rapidité telle que je n’y comprenais plus rien.
J’étais dévastée perdue par tant d’émotions.
Je le vis vaciller.
Mes yeux se perdaient dans les siens, mon regard rempli de questions d’espoir.
Je rangeai ma dague en réalisant qu’il était là pour parler et non pas pour me faire du mal. Andu m’avait fait du mal en m’abandonnant, mais cet étranger semblait maladroit et doux.

Asseyez-vous vous divaguez et reposons-nous.

Je suis Flauris, la petite sœur de cœur d’Andunédil.

Je scrutais son regard pour comprendre et observer chacune de ses réactions.

Mon frère est parti, il m’a quittée pour suivre la petite Druide.

Je prononçais ces derniers mots avec haine.

Vous parlez d’un Adrian je ne connais pas ce nom. Mais parlez-moi de lui, je suis curieuse de savoir ce qui vous fait penser que c’est Andunédil.

Tout d’un coup la peur m’envahit, était-ce un serviteur du Temple pour m'assassiner ?


Mais avant cela parlez-moi plus de vous, qui êtes-vous, pourquoi êtes-vous ici ? Parlez-moi de ces terres lointaines, dites-en moi plus!

Sombre n’était pas loin je l’entendais s’approchet doucement de moi et il se coucha contre moi. Mon lion blanc était mon seul souvenir de ma vie avec mon frère et ma Douce Kelana. Sa présence m'apaisait et me rassurait. Si je devais mourir ce serait contre lui.

Il s’assit près d’elle…

Quel âge pouvait-elle bien avoir ?... Quelle importance ?
Il lui semblait qu’il avait fini par gagner sa confiance, avait elle sentit en lui l’homme des bois ?

Il la regarda et lui sourit.

Elle avait peur, elle était triste et en colère, il fut pris de l’envie soudaine de la protéger. Comment pouvait on souhaiter du mal à un être dont la nature même était faite pour vivre au cœur des frondaisons. Mais fallait t’il s’y fier ? Ils étaient comme tous les autres, avide de pouvoirs et de gloire, les guerres anciennes l’avaient prouvé et les récits, sur la cruauté des elfes de la nuit, étaient particulièrement édifiants.

Il avait deviné sa présence avant qu’il ne se montre et lorsqu’il vit ce magnifique Lion blanc, s’allonger près de sa maîtresse, son cœur se serra…

Croque Lune, son Phénix était il seulement arrivé à bon port ?

Mais la réalité de sa présence ici, finit par reprendre le dessus… Une chose l’avait frappé dans les réponses de Flauris. Avait-il bien compris ? C’était la première fois qu’il parlait l’elfe avec quelqu’un qui n’était pas un vieux druide radotant.

Elle avait dit : "Parlez-moi d’Adrian, je suis curieuse de savoir ce qui vous fait penser que c’est Andunédil."
S’il l’avait pensé, jusque là, c’était inconsciemment !
« Que C’EST Andunédil ! »
Cette phrase, ce lapsus le fit frissonner !

Se pourrait-il ?

Adrian, petit enfant, courant poursuivit par des ombres qui tentent de s’emparer de son âme, Adrian courant vers L’oratoire de Gallarus et s’écorchant le corps en passant par le l’orifice d’une minuscule fenêtre voutée : « verra son âme libéré des démons. »

Oubliant tout le reste, il saisit délicatement les mains de l’elfe… Par Melandru qu’elles étaient douces ! et il la regarda intensément.

- Flauris… Cette question est de la plus haute importance ! Et il va vous falloir me répondre en toute franchise, si vous tenez à ce que nous retrouvions votre cher disparu. Votre magie, est elle capable de pénétrer l’esprit d’une autre créature ? Votre frère possède t’il un tel pouvoir ? Votre famille a t’elle tissée des liens avec de puissants Dragons ?

Cet étrange humain était venu se reposer près de moi. Son regard était rempli d'une tendresse incroyable. J'étais un peu perdue autant de temps isolée du monde je n'avais plus l'habitude de faire face aux personnes et il fallait que je me retrouve face à un humain qui me parle de mon frère. Quelle ironie du sort.
L'humain était resté ébahi par l'une de mes phrases.
Il me prit la main. La sensation de chaleur sur ma peau me fît rappeler les attention de ma Kelana. Je l'aimais tant... Ses mots résonnaient dans cette forêt remplie de bruits rassurant.
Sombre avait posé une patte sur cet étranger quand il me parla de choses étranges.
Sir Kaël vous ne répondez toujours pas à mes questions mais vous m'en posez tant. Je suis certaine vu vos questions que vous n'êtes pas d'ici. Je ne comprends toujours pas comment vous pourriez connaître Andu.

Ma main se resserre sur celle de l'humain. Je me perd dans mes souvenirs: Kelana et moi enlacées, Grand Frère faisant la leçon à Andu, nos rires... Puis l'odeur de savon de l'humain me rappela où j'étais. Je répondis presque en riant.

Je peux communiquer avec les animaux, nous nous respectons et nous aimons. Je serai prétentieuse en disant que je peux lire en leur esprit, je suis simplement à l'écoute.
D'une voix triste
La seule personne que je connaisse qui puisse avoir ce pouvoir est ma Kelana. Mais je doute qu'elle vous accorde de son temps.

A vous de m'en dire plus maintenant c'est donnant donnant! D'où venez-vous!

-Flauris, je chevauche Brill comme d’autres chevauche Ysera, si vos légendes sont vraies… Je viens d’un continent qui n’est pas sur vos cartes, une terre qui se nomme la Tyrie, une forêt qui s’appelle Maguuma, une guilde, les Mar… Flauris, je chemine sur les ailes d’un rêve…

En prononçant ses mots il fut pris d’un spasme violent, il fit un bond en arrière et tenta par réflexe d’établir une connexion mentale avec le lion qui s’était mis à gronder, pour le calmer, comme il l’aurait fait avec son propre familier…
Il tendit ses mains en avant en signe de paix.

Les rêves tuent aussi surement que la meilleure des armes.

Les traits de son visage se crispèrent, il sentait qu’à présent son temps lui était compté.

Obtenir une autre clef ! Vite ! Mélandru seule savait quand il aurait la force de revenir…

Il porta une main à son buste et la referma violemment sur sa poitrine, la douleur, s'accrocher à la "réalité" de sa douleur.

-Votre frère ! Flauris ! Je crois qu’il est parmi nous ! Je… Donne-moi un secret ! je vous en prie… Brill m’appelle ! Donnez-moi une clef pour gagner sa confiance et je tenterais de lui rappeler combien il manque aux siens !

L'humain me parlait d'un voix douce et rassurante. Pourtant il semblait comme souffir Il était torturé par une douleur attroce au point d'avoir presque des convulsions. Sombre semblait inquiet et moi encore plus. J'étais perdue vraiment perdue Andu était-il vraiment en vie dans un monde d'humains?
Rien ne pourrait plus m'étonner Il était si Lui!
Ce Sir Kael si étrange, je n'avaisjamais vu d'humain aussi raffiné. Est-ce que je pourrais rejoindre grand Frère?

Parlez-lui de notre petit lac il doit s'en souvenir si c'est mon Frère. Mais ne pensez pas que je veuille son retour, si c'est bien lui laisse-le là-bas! Votre dragon cheval Brill est le seul moyen pour acceder à vos terres?

La colère remontait de plus en plus les forces me revenaient. Je ne comprenais toujours pas, peut-être que j'étais entrain de rêver?

Le monde autour de lui vacillait, la voix de Flauris se faisait à chaque secondes plus lointaine…

-Un lac ? son nom ?

Il fallait lui laisser quelque chose… Il voulait la revoir… il l’avait presque entendue rire… Il lâcha dans un souffle luttant contre des forces contraires…

-je m’appelle Sire Kaël, je suis le père fondateur des Marcheurs Eternelles, Mon Alliance ce nomme l’Empire céleste, je suis le vassal se son altesse la Princesse Palladina…

#Tais toi, elle t’ensorcelle !#

-Ce sont les Dragons qui tissent les passerelles… Donne moi le nom de ton Lac Flauris… Le nom de…

Il s’écroula sur le flanc, il enfonça ses doigts dans la terre…

Sur ton épaule nue
Se trouve encore demain
Ma main…

-Le Lac ?...

Je le voyais agoniser ma dague à la main j'étais presque prête à l'aider à partir... Sombre le soutenait contre son flanc.

Il n'a pas de nom c'était notre petit lac... comme la branche sur la quelle nous nous retrouvions avec Grand Frère et Andu. Vous donnez un nom à tout? Que vous arrive-t-il? Que dois-je faire? Ne partez pas j'ai tant de questions! Qui est cette princesse? qui sont les Marcheurs Eternels?
Je lui caraissais les cheveux pour le calmer en espérant qu'il se sente mieux.

Les larmes coulaient tels des torrents, je ne voyais presque plus.
Il ne pouvaient pas disparaître maintenant, je devais savoir comment me rendre dans son monde. Andu me devait de vraies explications et surtout j'avais besoin d'entendre qu'il m'avait aimé comme sa Petite Soeur. Sombre grogna...

Et ma pensée agile
S’en allant par degré,
Au gré
De mon cerveau fragile
Autour de mon chevet
Rêvait…

Dans un sursaut il arracha une flèche à son carquois et en brisa l’empennage qui était composé des plumes de Croque Lune, son familier, un Phénix…

Il enfoui se trait brisé dans la terre en murmurant en elfe : « Demeure en ces lieux. » puis il tourna son visage vers Flauris et

…

Kaël se réveilla brutalement, la gorge secouée par un spasme, le corps cambré vers le ciel, comme un noyé s'arrachant des eaux !

Je sentais mon corps poignardé par la douleur mes sens étaient altérés je ne savais plus où j'étais, mon corps se trouvaient étiré tantôt en avant tantôt en arrière. Sombre était encore à mes côtés nos regards ne se quittaient pas. Le drôle dhumaine ne devait pas être loin je sentais son odeur de savon.
Tout d'un coup les choses reprirent leur place, une sensation de stabilité.
Je fermai les yeux terrorisée à l'idée de me retrouver hors de ma forêt. Je respirais doucement, calmement ma main posée sur Sombre. Une odeur d'arbre me fit sourire. Je me laissais tomber en arrière me couchant les jambes et les bras écartés. Je laissais tomber de ma main un caillou que 'avais gardé dans mes poches. Aucun bruit, je ne me trompais pas! je fus emparé d'un fou rire. Nous étions près de Teldrassil, sur ma branche j'en étais sûre!
J'ouvris les yeux et je vis l'humain agrippé à la branche pourtant très large. La branche de cet arbre est large et surplombe la mer, malheureusement la hauteur empêche de la voir. Sous nos pieds s'étendait une brume épaisse blanche ressemblant à du coton.
La vue est toujours aussi magnifique une impression d'être dans les cieux dominant un monde innatteignable.
Malgré cet environnement qui m'était cher j'étais furieuse. Je me rendais compte que Kelana avait encore une fois du me protéger et interrompre cette magie étrange ou alors il s'était trompé.

Sans m'en rendre compte je hurlais ma dague à la main. Sombre était prêt à attaquer attendant mon ordre.

Qu'avez-vous essayé de me faire?

Seul le vent répondit à Flauris en dispersant ses mots...

Sa vision redevenant normale, elle se rendit compte que ce qu'elle avait pris en premier lieu pour l'Humain, était une grande branche, sans doute brisée par une tempête et qui était resté accrochée, ballottée par le vent.

L'Humain quand à lui avait bel et bien disparu...

Spoiler:

Kaël se réveilla brutalement, la gorge secouée par un spasme, le corps cambré vers le ciel, comme un noyé cherchant désespérément de l’air…

Je réalisais que mes yeux me jouaient des tours. Je voyais encore l'image de l'humain et je sentais encore son odeur de savon mais il n'était plus là. Sombre grognait en me poussant de sa tête. Il semblait vouloir m'emmener quelque part.

Sombre calme-toi laisse-moi le temps de reprendre mes esprits et je te suivrai.
Je regardais encore une fois cette vue spectaculaire d'un coucher de soleil rougeoyant sur une mer calme. Calme et détendue enfin je reprenais à tout ce que cet étrange humain m'avait dit.

Sombre, ce Sire Kaël semble venir d'un autre monde. Andu est parti vers les étoiles avec la petite druide. Je ne comprenais pas et c'est encore le cas. Cela voudrait dire qu'il n'est pas parti dans les étoiles mais dans un autre monde? Et ce Adrian Dinglewood ce serait lui? Je ne peux pas croire qu'il soit encore vivant et q'il ne m'ait pas contactée. Pet-être qu'il ne veut plus entendre parler de moi après notre dispute avant son départ. Il m'a abandonnée encore...

Nuée se tourne le visage couvert de larmes, s'accroupit devant Sombre et l'enlace. Sombre d'un coup de langue lèche son visage.

Heureusement que toi tu es là!
Allons-y! Je te suis, mène-moi où tu le voudras.

Après une longue marche, je réalisais que nous étions proche de ma Kelana... J'hésitais à faire un détour pour la rejoindre et l'enlacer à nouveau. Je savais que trop de temps s'était écoulé et que j'avas été la source de trop de tristesse. Je ne pourrais pas rester, j'étais trop habituée à la solitude et à la forêt.
Sombre grogna en me voyant hésiter.

J'arrive oui j'arrive!

Il me guida jusqu'à l'endroit où l'humain à l'odeur de savon avait eu ses convulsions. Je me demandais s'il était de retour, mais je ne sentais rien.
Sombre poussa mon bras et me déposa dans la main une flèche brisée qui était recouverte de l'odeur de l'humain.
Il avait donc bel et bien existé et je n'avais pas tout imaginé. Ni Sombre ni moi pouvions le pister. Je décidais de le garder dans mon carquois et de retourner au fond de la forêt me reposer. Un esprit frais analyse mieux les informations!

Il bondit d’entre les arbres et se laissa tomber accroupi à la lisière du petit lac qui renvoyait le reflet d’une lune ronde et livide. Il se regarda dans le miroir de l’eau et découvrit un visage long et pâle aux yeux de braise, un nez fort et aquilin qui lui donnait un air de rapace et une chevelure blanche toute ébouriffée qui s’harmonisait étrangement avec de longues oreilles pointues.

Il se plut tout de suite.

*je suis un éclat de lune songea t’il une larme de dragon ! je me nomme Elikael et je viens de naître !*

Il venait de se réveiller, recroquevillé sous l’ombre d’un bosquet, le corps glacé et perclus de courbatures. Il était vêtu de hardes de cuir et portait une courte dague au côté.

Il ne se souvenait de rien.

Mais son instinct de chasseur avait toute de suite pris le dessus. La forêt autour de lui était son amie, elle regorgeait de pistes que son esprit savait suivre. Il avait regardé ses mains puissantes trancher le bois souple d’un arbuste et y tailler rapidement la forme d’un arc, il avait tressé des lianes en guise de corde et s’était mis en route ne se fiant qu’à son ouïe et son flair.

Il s’arracha à la contemplation de son image et se remit à courir vers la taverne dont s’élevaient des chants et des voix en contre bas.

*Si je ne sais qui je suis ? Quelqu’un le sait peut être pour moi ! mes poches sont vides commençons par se faire offrir à boire !*

Il entra dans la taverne et avec l’assurance d’un habitué commanda au comptoir un hydromel aux fruits sauvages.

« Si toutefois quelqu’un veut bien me l’offrir ! Des Orcs m’ayant détroussé de la manière la plus ignominieuse qu’il soit ! » lança t’il à la cantonade.

"Personne ?"

*Et alors que croyait-il ? Qu’il suffisait de dire bonjour et qu’on allait lui parler, l'aider rien que pour ses beaux yeux !*

"Pourrais-je avoir au moins un grand verre d'eau ?" lança t'il à l'adresse du tavernier.

Il se retourna et s'accouda au comptoir tout en regardant la salle.

*Quand on a perdu en partie la mémoire, ce qui est étrange c'est que tout semble familier et inconnu à la fois, une étrange alchimie qui vous laisse comme un bois flottant, balloté par les eaux d'un lac profond et sombre...*

Personne…. Mais alors personne ne semblait s’intéresser à lui !

« En tout cas, je me nomme Elikael… dit il à haute et intelligible voix. Et je ne connais personne en ces terres, si vous voulez m’écrire ou m’aider, n’hésitez pas ! Et si ma bouille dit quelque chose à l’un d’entre vous, faite le moi savoir ! Les orcs ont du frapper fort car j’ai comme un gros tour noir à la place que devaient occuper mes rêves d’avenir ! »

Cela ne fit rire personne. Eli se retourna, un verre d’eau sale avait été posé sur le comptoir.
Il soupira et le plus dignement du monde se dirigea vers la sortie.

Soudain un nom lui traversa l’esprit ! ce fut si fulgurant qu’il se rendit compte qu’il venait de le prononcer à haute voix :

« Flauris ! »

Il le répéta à l’auditoire un peu plus fort : « Flauris ? »

Rien…

*Bon c’était déjà ça… Il se souvenait de quelqu’un d’autre, enfin de son prénom…. Parce que, pour ce qui était d’y mettre un visage ? Impossible !...*

« Bien… pardon pour le dérangement... »

*Les elfes n’étaient pas trop accueillant par ici… Dis donc ! J’espère que je ne suis pas né dans le coin !... * songea t’il en s’éloignant.

Sombre me réveilla, je devais être tombée encore dans ce sommeil profond dont on se réveille mal.
Il semble agité et veut que nous nous mettions en route.
Il veut retourner vers Kelana vers son refuge...
La flèche dans sa gueule puis se dirige doucement vers le refuge...

Il est de retour?

Nous approchons du refuge et la peur m'envahit.

Comment veux-tu que je fasse Kelana ne doit pas souffrir encore à cause de moi! Si cet étrange personne est dedans comment la débusquer sans créer encore des problèmes?

Sombre toujours aussi intelligent se cache dans les buisson devant l'entrée du refuge. Il a raison nous allons attendre qu'il sorte