Lettre de démission

Le prêtre venait de faire pour encore des dizaines de pièces d’or de dégâts. Il ne pouvait se résoudre à finir son chef d’œuvre. Le filtre d’amour éternel aurait été le meilleur moyen de reconquérir le cœur d’Aurys de Nor Laedro. Mais cela l’aurait rendu malheureuse à l’intérieur. Il ne pouvait se résoudre à faire cela à Salazaar. Bien que pour rabaisser le capet à ce draeni de Malwelch cela aurait été bien. Il devait arrêté de voir le vie comme cela. La vengeance ne lui apporterait rien de bon. Il savait que sa malédiction avait muté le jour où Ysera l’avait prise sous son aile, enfin le jour où Kelana avait découverte ces pouvoirs.
Elle ne tuait plus ceux qu’il l’aimait, mais les écartaient de sa vie. Il y eu Shiroten et Armenn, Cedra, Urandhal, Le couple d’elfes… Il n’arrivait même plus à se rappeler de tous les noms. Les tombes de ces amies précédentes étaient laissées à l’abandon. Il devait être le seul à les entretenir. Parfois la tombe de Crymson était fleurit. Il devait s’agir de la fleuriste à son service de son vivant.
Il savait ! Sa malédiction détruirait les ailes d’Ysera. Il lui fallait mettre le plus d’écart, entre lui et ceux qu’il aimait. Il but une tisane préparée peu de temps avant, pour se calmer. Laissant son atelier, il s’essaya à la table dans sa chambre. Le matériel d’écriture était déjà posé dessus, attendant l’inspiration. Il prit sa belle plume et écrivit :
Chère kelana.
Il gratta le parchemin, cela faisait trop intime. Il se pourrait que cela attire la malédiction sur elle. Et c’était bien la dernière chose dont elle avait besoin.
Il essaya autre chose, regratta…. Le matin se levait qu’en il eu finit sa lettre. La nuit blanche ne semblait pas l’avoir affecté plus que cela. Ces yeux étaient par contre eux rouges d’avoir trop pleuré.
Il descendit. La porte du Bureau était entrouverte. Solya venait certainement de faire son rapport d’ambassadrice. Elle s’apprêtait à sortir qu’en il arriva. L’humain laissa la Draenie sortir en la saluant. La salle commune était déserte. Il frappa à la porte ouverte, et entra en la refermant derrière lui.
-Je ne dérange pas ?
L’elfe fit signe que non de la tête. Elle avait encore passée un nuit blanche et sa magie n’arrivait plus à cacher vraiment les ravages provoqués. Il savait aussi que la laisser aller se coucher ne servirait à rien aux vues de la paperasse encore sur la table. Il reconnut ici un blason d’un maison royale d’hurlevent, là la marque de l’archidruide, là encore le cercle cénarien.
Il la salua et se posta devant le bureau le temps qu’elle finisse de lire. Elle leva les yeux vers le prêtre. Avant qu’elle puisse demander quoi que cela soit, l’humain lui tendit deux enveloppes. La première était petite, la seconde plus grande et volumineuse.
-La première contient ma démission et les raisons qui me pousse à vous demander congé. La seconde sera ma dernière aide pour notre mission avec l’Ost Pourpre et Archibald Demes. J’attends la réponse positive à la première lettre.
Kelana l’ouvrit et commença à lire en triturant son médaillon. Il savait l’importance de Symbole. A cause de lui, du moins ce qu’il représente, elle était le lien entre les elfes et le vol vert. L’elfe qui aidait les dragons, ou bien la dragonne qui aidait les elfes. Peu étaient au courant. Il pensait qu’il y avait moins de monde au courant de se lourd fardeau que de personnes sachant qu’elle aimait les femmes. Les femmes ! Oui pourquoi pas ! Quoi que non, il se voyait mal vivre en couple avec un homme.
Le masque qu’elle s’imposait par moment se fissurait. Il avait mit un maximum de chose pour qu’elle lui rende sa liberté.
Qu’en elle eu finit de lire, elle reporta son attention sur le médecin.
Le cuisinier se dit qu’il allait sûrement en prendre sur son grade.
*hrp: la lettre en spoiler pour ceux ne voulant pas la lire.*

Spoiler:

Le regard de la druidesse courut sur le parchemin deux fois... trois fois... peut-être même plus. Un léger soupir passa le rempart de ses lèvres, tandis qu'elle saisissait une tasse sur son bureau. Lentement, elle la porta à ses lèvres et but quelques gorgées de son thé. Elle grimaça légèrement, sans doute surprise par la froideur du breuvage.

Elle reposa la tasse, puis posa le parchemin sur son bureau. D'un geste de la main, elle désigna le siège réservé aux invités.

"Assieds-toi, Ys..."

S'accoudant sur le bureau, elle reposa son menton sur ses mains jointes, attendant que le prêtre s'exécute.

Le pretre s'asseya comme lui demandait la druidesse.

Les yeux d'or de la druidesse se posèrent sur le prêtre. Un regard étrange et pénétrant... lorsque leurs yeux se croisèrent, il aurait presque pu avoir l'impression qu'elle lisait directement en lui.

A vrai dire, elle cherchait plutôt dans ses traits, et dans son regard, à comprendre un peu mieux ce qui le motivait.

Le menton de l'elfe abandonna ses mains, tandis que ses coudes se détachaient du bureau. Elle posa les mains, toujours jointes, sur le bureau.

"Comment oses-tu ?"

Le ton de sa voix était calme, sans la moindre animosité.

"Comment oses-tu croire que ta présence met en péril l'Ordre ? Ys, c'est par ton absence que les Ailes sont en péril."

Se levant de son fauteuil, elle tourna le dos au médecin quelques instants, observant le jour fraichement né par la fenêtre.

"Tu es toujours convaincu d'être maudit, que cette malédiction éloigne à présent les gens qui te sont chers..." souffla-t-elle, presque dans un murmure.

Puis faisant lentement volte face, non sans une certaine grâce, elle pencha la tête légèrement sur le côté, une légère moue marquant son visage.

"N'as-tu donc pas vu le retour récent d'Armenn ?"

Croisant les bras, toujours debout, elle poursuivit :

"Quant à nos alliés, dans tous les cas je n'accepterais pas d'alliance avec un ordre qui se permettrait d'être sélectif quant aux membres des nôtres qu'ils côtoieraient. Par ailleurs, je sais que tu es très apprécié et très aimé chez les Joyeux Compagnons. L'Ost ne te connaît que peu, en revanche. Tu es l'un des nôtre, et la valeur que nous avons toujours prôné est l'unité et la solidarité. Nous sommes une famille... et famille... ça signifie que personne ne sera abandonné ou oublié."

Fixant Ysneyd, non sans une affection qui avait un petit quelque chose de fraternel, elle attendit sa réaction.

Elle ne comprenait donc pas. Elle avait toujours envers lui cette attitude de mère, ou de grande sœur protectrice. Mais il savait. Se levant, posant les poings sur la table, il commença à parler, montant de ton, petit à petit, sans s’en rendre compte.
-Moi mettre l’ordre en péril ? Je n’ai pas la foi de Lïxia revenue du néant, l’ascendance de Neylina, la piété d’Amarith, ou bien la descendance de Saelchiril.
Je n’ai pas la bénédiction d’Ysera comme Pilate ou toi, même si je dis la servir, je sais bien que ma magie me vient d’Elune, une déesse que j’honnis. Crois tu que je vaille quelque chose alors que l’ordre à besoin de moi pour tomber les dragons corrompus, j’étais au chevet d’une dame qui mettais du temps à mourir. Pourquoi ? Je ne l’avais vu qu’une fois cette drôlesse. Et elle a prit son temps. Encore une mission des ailes ou je fus écarté, par certainement un dieu.
Ma malédiction est réelle quoi que tu en croies. Armenn, de son propre aveu, n’est revenue que pour peu de temps, sans s’expliquer. Elle repartira comme elle est venue, comme une ombre.
Encore un exemple. Des trois femmes que j’ai voulut épouser, une a disparut de la circulation avant que je ne lui avoue mon amour, une a faillit accepter par « jeu », mais est sortit ensuite avec quelqu’un d’autre. La dernière, se n’est pas mieux, elle semble désignée à briser des cœurs alors que j’avais commencé à lui faire la cours. Maintenant grâce à ma maladresse, j’ai certain de ces compagnons qui ne m’aiment pas, et ne m’aimeront jamais.
A part faire la cuisine et être médecin, je ne sert a rien ici.
ET NE ME DIS PAS LE CONTRAIRE. ON M’A CATEGORIQUEMENT REFUSE TOUTES PRISES D’INITIATIVE DANS L’EDUCATION DE NEYLINA, pourtant le projet le plus ambitieux confié par d’autres qu’Ysera à la famille. Alors que je suis avec Amarith une des seules personnes ayant été ordonnée prêtre dans cette baraque. Tu as peur de quoi en me laissant partir ? Que je devienne un autre Arthas ? Même si je le voulais, cela me sera impossible, tellement je suis pathétiquement faible.

Le prêtre s’écroula sur le siège en larmes. Il le savait, il n’était rien pour l’ordre. On le gardait juste pour lui éviter des bêtises.

Une bulle apparue en face d'Ysneyd dans laquelle il pouvait reconnaitre un visage barbu un peu âgé, encapuchonné dans un tissu très coloré.

"Ysneyd, j'aurais besoin de votre aide pour prép***grésillements*** l'assaut sur la citadelle de Naxxramas. Il y a deux ou trois points que j'aimerais approfondir avec vous sur ***grésillements***iques que les sortilèges sacrés peuvent apporter dans les affrontements qui nous attendent. Si vous pouviez me ***grésillements***oindre dans la grande salle quand vous aurez un peu de temps, je vous en serait gré."

La bulle explosa en une gerbe de petites particules d'eau qui s'évaporèrent dans les airs.

Le pretre était dans un tel état d'esprit, qu'il n'avait pas remarqué la bulle. encore moins entendu ce que le mage avait dit.

Plissant les yeux, croisant les bras et s'enfonçant dans son siège, Kelana s'était préparée à parler quand la bulle s'éleva et qu'une voix en sortit. Ysneyd ne semblait pas l'avoir remarquée.

"Ysneyd, j'ai une question à te poser."

Fixant le prêtre de son regard d'or, elle poursuivit :

"Combien de fois nous as-tu sauvé la vie au cours d'expéditions ? Et quid de Shiroten qui serait morte si tu ne l'avais pas soignée ? De tes connaissances de la magie sacrée qui font qu'à l'instant Protheus t'as sollicité pour parler stratégie concernant Naxxramas ?

Quant à Neylina, c'est avant tout du fait de ton comportement que tu as été écarté... tu ne cesses de la brimer alors que ce n'est pas ton rôle. Je veux bien que tu participes à son apprentissage de la Lumière, mais cela implique une chose : te rapprocher d'Elune malgré toi, puisque c'est l'une de ses hautes prêtresses qu'elle va devenir. Et cela, je ne peux te le laisser faire si tu n'as pas plus de respect pour Elune, ou au moins pour les convictions de Ney. La grossièreté est à bannir... si tu participes à l'éducation de Neylina, tu es destiné à devenir un modèle pour elle. Quant à son éducation au sens parental du terme, j'ai une façon bien à moi de faire... et je te demande de me faire confiance pour cela, plutôt que d'avoir pour elle la sévérité que tu considères que je n'ai pas.

Respecte tout cela... et moi, comme Lïxia, nous serons disposées à te faire participer à l'apprentissage de Ney avec le sourire et les bras ouverts. D'accord ?"

Laissant à Ysneyd le temps d'assimiler ses paroles, Kelana ouvrit la seconde enveloppe et en détailla le contenu. Sa simple curiosité s'était mue en un vif intérêt, si bien qu'elle en vint à prendre des notes d'abord machinalement, puis avec plus d'application.

Puis, s'interrompant brusquement, elle fixa Ysneyd, lâchant quelques mots :

"Idiot...! Et en plus tu officies comme agent de renseignements pour notre compte en plein coeur de la forteresse ennemie ? Mais réfléchis un instant, que ferions-nous sans toi ?

Que tu le veuille ou non, tu as un rôle central parmi nous. Et ça, tout le monde chez les Ailes s'accordera pour le dire..."

Ysneyd regarda la druidesse. Comment savait elle qu’il avait parlé à Protheus de l’aider sur la magie sacré lors de la réunion des clans ; Elle qui avait déjà eu du mal à gérer les intervenants. Elle le traitait de vulgaire, et lui demandait de se rapprocher d’Elune. Lui n’avait il pas apprit sa magie dans la lumière alors que la salope dirigeait ces pas. Il avait pourtant fait attention a ne pas critiquer la déesse de Neylina devant elle. Il y avait eu certes quelques incidents, maintenant qu’il y pensait. Mais rien de bien grave. De plus il s’était toujours proposé de lui enseigner la lumière, jamais de faire toute son éducation.

-Tu demandes une question et tu en poses cinq. Je n’ai jamais critiqué ouvertement la pouffiase devant la petite, et j’ai toujours voulut lui apprendre les principes de la lumière. Mais trop jeune, ou je ne sais quoi. Quant mademoiselle fait des bêtises, c’est toujours moi qui prend qu’en je suis dans le coin. Alors pour Modèle, tu repasseras. A part s’empiffrer de mes gâteaux, elle n’apprécie rien d’autre de moi.
Sauver Shiroten. Même Amarith en aurait été capable. Il ne s’agit pas d’un exploit, mais de chirurgie et de médecine.
Pour ce qui est De ces renseignements, ce n’est pas moi qu’il faut remercier, mais Armenn. Si je n’avais pas été la chercher dans ces environs, pensant qu’elle avait suivit les traces d’Arthas, je n’aurais jamais put sauver de la mort ce jeune chevalier, ni d’autres personnes. Et je n’aurais jamais eu accès à ces informations.
Dois-je pour finir te rappeler que c’est toi qui nous as sauvés ? N’es tu pas venue me chercher dans la grotte âpres que j’eusse apprit la vérité sur moi. Ne m’as-tu pas accueillit parmi les ailes qu’en la quête du soleil fut finit à la disparition de June ?
Et moi qu’ai-je fait hormis mon métier ? Pas grand-chose.

Quelque chose dans le regard du prêtre avait changé (en bien). Il semblait avoir prit conscience de quelque chose, même si ces paroles disaient le contraire. Il resta dans le fauteuil, croisa les jambes, essuya ces larmes et lança un regard de défi à la druidesse, en joignant les extrémités de ces doigts. Il ne fallait pas beaucoup pour le pousser à revenir à de meilleures attentions. Et ce défi était justement pour Kelana de trouver les mots justes pour faire revenir le prêtre à de meilleures intentions.

Inspirant profondément, Kelana se lança dans une longue diatribe :

"Les oreilles des enfants, surtout celles des elfes, ont une portée bien plus grande que ce que tu pourrais croire, Ys. Je ne doute pas que Neylina ait déjà entendu certaines paroles...

Vous avez peut-être un contact assez étrange pour le moment... mais on va régler ça tous les trois, si tu veux. Elle est espiègle, mais ne pense pas à mal. Je désire que tu participe à son enseignement, je pense que tu as beaucoup à lui apporter.

Pour ce qui est de tes actes et de ton devoir... tu es trop modeste, accepte qu'on te jette des fleurs un peu ! Je ne te demande pas de devenir imbu de toi-même, mais ça fait du bien à l'égo. Et quand le travail est aussi bien fait que le tien, il mérite des compliments. Amarith n'a été que l'infirmière pour Shiroten. Elle n'a pas ta connaissance de la chirurgie et de la médecine, elle ne sait même pas qui est le docteur Gustaf Van Howzen de Theramore. Au mieux ce qu'elle a de plus que toi, c'est la connaissance de quelques cataplasmes purement elfiques développés récemment par les herboristes de Darnassus.

Tu as sauvé la vie de Shiroten, Ys, Amarith ne s'est occupée que des blessures les plus bénines. Je le sais, elle en a fait mention dans son rapport."

Inspirant une nouvelle fois, elle se relança :

"Si tu n'avais pas été chercher Armenn, nous n'aurions pas eu ces renseignements. Si tu n'avais pas sauvé ce jeune chevalier, nous n'aurions pas eu ces renseignements. En bref, si tu n'avais pas été là, nous n'aurions pas eu ces renseignements, qui pourraient nous permettre de défaire l'instructeur des Chevaliers de la Mort en personne !

J'ignore si l'on peut me considérer comme une sauveuse. J'ai juste répondu à un appel qui résonnait en moi, en mon sang et en mon coeur, en prenant le relais. Le lignage dont je bénéficie et le destin qui a été écrit pour moi y sont pour beaucoup, je ne crois pas avoir un quelconque mérite."

Arborant un sourire proche d'une expression de défi, Kelana lança alors sur un ton plus incisif :

"Et si jamais tu considères avoir une dette envers moi, alors reste parmi nous et donne le meilleur de toi-même. Tu es l'un des éléments les plus précieux de notre Ordre, c'est une vérité que je t'interdis de contester."

Puis, adoptant une posture plus décontractée, s'enfonçant dans son fauteuil, elle lâcha quelques mots :

"J'ai une nouvelle qui devrait te ravir, sinon... Eylona est de retour parmi nous. Elle a exprimé le désir de revenir après avoir aperçu Armenn à Forgefer pendant la fête du Solstice, et semble décidée à rester définitivement. Elle est en pleine forme et pleine d'entrain... bien plus extravertie et énergique qu'autrefois.

Comme quoi il n'y a peut-être pas qu'une malédiction, hein...? Peut-être qu'une bénédiction couve aussi quelque part..."

Souriant malicieusement, elle dévisagea le prêtre en guettant sa réaction.

Les arguments de la druidesse faisaient mouche au fur et à mesure de ces mots.

Tu me parles de bénédiction ? En quoi le fait que notre ambassadrice auprès de crépuscule revienne est il une bénédiction. Si elle est revenue pour Armenn, je pense qu’entre filles elles vont bien s’entendre.

Le sous entendu était trop visible pour ne pas être comprit par Kelana.
Tu parles de ne pas être une sauveuse. En quoi le fait que je n’en sois pas un non plus dérange mon égo ? Les roses sont les plus jolies fleurs qui existent, mais gare à ceux ne prenant pas attention en la cueillant. Ces épines sont acerbes. Je ne pense pas faire partit des gens qui accepte de se faire flatter.
Soit tu ne veux pas me laisser partir. Bien considère donc mon serment comme renouvelé.

Le prêtre se leva, les yeux toujours rouges de chagrin. Cette saloperie l’avait laissé tombée pour un autre. Mais ici, on l’appréciait vraiment.
Il se dirigea vers la porte doucement, sans prend congé de sa patronne.