Le vent du désert

Acquiesçant aux paroles de Flauris, Kelana l'entoura de ses bras et vint enfouir la tête dans son cou tout en lui soufflant des mots rassurants. Elle savait que la chasseresse était troublée de la situation d'Andùnëdil, et qu'elle avait besoin du soutien le plus entier, le plus complet. Elle repensa, rougissante dans le cou de Flauris, au "soutien" apporté par la nuit précédante.

Je rougis en sentant le regard brûlant de Kelana...

-Euh Urandhal? Tu en penses quoi de tout ça? Cela te dirait de venir passer du temps avec lui?

Il restait là, dubitatif, assis sur l'arbre, réfléchissant devant l'Elfe survoltée, puis dressa la tête soupira.
"Je vois, son état est assez critique en réalité. Je me demandes quel est le moyen de le faire réagir. Enfin peut-être que j'arriverais à comprendre en le voyant, qui sais ? Mais j'en doute."

Il se redressa vivement, et soupira en pointant les écuries d'où il venait.

"Ne perdons pas de temps, allons voir son état. Si tu as un souvenir fort, un objet auquel il tiens beaucoup, une pensée joyeuse et très positive, garde-la comme arme, on en aura certainement besoin comme corde pour le tirer de là."

Sur ce, il bondit du haut de son chêne et attérit avec souplesse sur le sol avant de se diriger vers les griffon en surveillant que les deux femmes le suivaient bien.

Courant derrière l'elfe agile, je proposais...
-J'ai une idée nous allons l'amener à Darnassus c'est un endroit fort! en émotions pour lui! Et puis je crois que nous allons devoir lui réapprendre tout depuis le début pour qu'il puisse se défendre! Pour qu'il puisse reprendre goût à la découverte!

Je vais devoir dompter mon impatience et boire beaucoup de camomille!

Je courrais me réjouissant de retrouver Grand Frère... mais je sentais Kelana inquiète certes pour Grand Frère mais surtout pour d'autres raisons...Il faudra que je m'occupe mieux d'elle que je la soutienne aussi elle a tant de poids sur ses épaules!

Avançant au rythme de Flauris, Kelana souriait. Elle émit même un petit rire lorsque Flauris évoqua des tisanes pour calmer son impatience.

"Rassure-toi mon ange, je te masserai pour t'apaiser..."

A cet instant précis, ses noires pensées étaient loin d'elle... comme très souvent en présence de Flauris. Elle se réjouissait à la simple vue de la douce chasseresse qui occupait son coeur.

J'avais perdu de vue Urandhal... Nous le cherchons et rien à faire...

-Zut il a des jambes de géants, ce n’est pas possible!

Je vais lui laisser un petit mot sur son arbre pour lui dire de me retrouver à Darnassus, au Petit Lac juste derrière le Cercle Cénarien.

-Ma Douce, je voudrais aller chercher Grand Frère toute seule, si tu le veux bien , je voudrais lui raconter ce que nous avons fait durant notre trajet pour Darnassus.
Tu serais d'accord de nous y retrouver plus tard? Au Petit Lac?
Je voudrais lui montrer le Temple et puis l'emmener d'exercer un peu, enfin lui faire comprendre qu'il a des pouvoirs et qu'il devrait les utiliser... Je vais mettre un mot à Urandhal, pour le prévenir s'il veut se joindre à nous...

Je vois ma Douce me sourire, elle me comprend si bien! Je l'embrasse langoureusement et pars en sautillant de joie en direction de Tanaris, retrouver Andúnëdil.
Le voyage me semble interminable! Mais me voilà enfin aux Grottes du Temps... Il est toujours assis à admirer les étoiles, toujours aussi vide. Je m'approche, le serre dans mes bras, et lui donnant un baiser sur la joue lui dit

-Est-ce que tu aurais envie de venir avec moi te promener un peu? Je voudrais te montrer des endroits qui me tiennent à cœur.

L'elfe s'est laissé faire, sans réagir, et regarde Flauris d'un air inexpressif tandis que celle-ci lui parle.
Sa voix est toujours aussi calme alors qu'il lui répond :

Qui me tiennent à cœur ? Je ne suis pas sûr de comprendre cela.
Mais si tu estimes qu'il est important que je vienne avec toi, je le ferais.

Il reste immobile, en attente, mais reprend après un court instant :

N'est-ce pas toi qui m'as dit que je ne devais pas forcément croire ce que disaient les gens ?

"mince, ils sont où ?"
Urandhal se retourna un moment pour regarder, les mains sur son griffon, puis retourna sur ses pas, inquiets.
"Hum... mais comment ont-ils bien pu disparaitre ? Bon... eh bien tant pis pour eux, quand ils auront besoin de moi, ils me ferons signe."

Arrive de retour à son arbre, il remarque un mot coincé dans une écorce et l'attrapa.

"Ah c'est malin... elle sais bien que je ne sais pas lire... bon je vais trouver Ys" (Oui une petite erreur s'est glissée, Urandhal est sencé ne savoir lire et écrire que l'Elfique ancien, donc on devra considérer qu'il s'est fait lire la lettre d'Andu)

Je n'en croyais pas mes oreilles!! Il avait réagi!!!!
Je le regarde avec tendresse, en souriant

-Andúnëdil, je ne veux te forcer en rien. Je voudrais juste te montrer des endroits qui me tiennent à cœur et que tu aimais aussi avant tout cela. Oui tu dois te méfier des gens car ils ne sont pas tous bons.

Je passe ma main sur son visage inexpressif.

-Si seulement je pouvais voir ton visage réagir de manière spontanée, te revoir sourire ou froncer tes sourcils ... Je ne veux pas te forcer mais je pense que cela te fera du bien de voir autre chose que Tanaris ou ces étoiles... Et puis si tu décides de ne pas ou plus me faire confiance tu seras libre de partir.
Je te donne ma parole de ne pas te vouloir du mal...

Je réalisais qu'il était difficile de lui prouver mon amour et ma bonne foi. Il verrait de lui même avec le temps, s'il m'accordait une chance. La confiance se construit avec le temps. Il fallait tout recommencer, même cela. Je tends ma main vers lui

-Alors tu viens?

Pendant ce temps, Kelana était restée au Sanctuaire... elle était quelque peu frustrée de n'avoir accompagné Flauris, mais elle en avait exprimé le souhait... que dire de plus ?

Alors elle se baladait, dans les Jardins... frustrée de l'absence de sa belle.

Elle resta un instant à se demander si ça valait la peine qu'elle soit tout le temps avec elle... après tout, elle n'en avait pas besoin. C'était d'Andùnëdil dont elle avait besoin.

Elle alla s'installer sous un arbre, et songeuse, elle soupira en regardant le ciel.

Rien dans son expression ne permet de deviner s'il a compris ou non ce qu'on vient de lui dire.
Il regarde un instant la main tendue, sans réagir, puis pose un regard vide sur la jeune chasseuse.

"Bien"

Immobile, il attend sans aucune impatience que Flauris se décide à se mettre en route avant que de la suivre.

Je suis si heureuse de sa réaction que je ne peux m'empêcher de vouloir faire partager ce moment à ma Kelana. Comme elle m'a appris à le faire, je me concentre sur elle très fort et je lui chuchote: Ma Douce si tu savais ma joie, il a réagi une fois mais il a réagi. Je lui raconte alors brièvement ce qui venait de se produire. J'espère que tu pourras venir à Darnassus tu me manques....

Je regardais à nouveau Andúnëdil qui me fixe d'un regard vide.
Ma main toujours tendue vers lui, lui ne réagissant pas.
Je m'avance alors et lui prend la main et l'emmène avec moi vers Darnassus

Adossée à son arbre, se languissant de Flauris, Kelana perçut le murmure de sa belle. Elle était joyeuse... elle avait réussi à susciter une légère réaction de la part d'Andùnëdil. Kelana hocha la tête, contente d'apprendre cela.

Elle ne savait pas si elle pourrait être là, à Darnassus... elle s'efforcerait de faire le possible pour être présente, mais avec les affaires récentes, rien n'était moins sur... Elle essayerait néanmoins. Elle en avait envie, tout simplement.

Elle fut prise d'un coup de froid du fait d'une rafale de vent. S'entourant de sa cape, elle regretta que Flauris ne soit pas là pour la réchauffer...

Des étoiles mortes et des étoiles vivantes.

Il contemple le spectacle au travers du voile de lumière, immobile au bord du Néant.

Je ..

Il trébuche sur cette pensée.
Il trébuche, mais il finit par accepter celle-ci.

Penser ne suffit donc pas.
Percevoir n'est pas ressentir, et ressentir c'est vivre ?
Vivre c'est ... choisir ?

Le visage est toujours inexpressif, mais quelque chose dans son maintien est différent.
Un peu plus de volonté, peut-être

La peine et la joie,
la souffrance et le plaisir,
l'amour et la haine,
la vengeance et le pardon.

L'Ombre et la Lumière.

Sans même s'en rendre compte, il prend dans sa main la carapace durcie du scarabé, ses doigts suivants lentement les fines lignes du symbole qui y est gravé.

En sautant de Teldrassil, j'ai éveillé un pouvoir.
Pour sauver Kelana, j'en ai éveillé d'autres.
Elle ne m'a pas abandonné, mais je ne suis plus le bienvenu.

La main se referme sur l'objet de pierre alors qu'il regarde les étoiles danser à ses pieds, puis il avance d'un pas pour se laisser tomber dans le néant.
Il sait comment éveiller ce pouvoir et sa chute se ralentit tandis qu'il contemple le spectacle autour de lui.
Il flotte dans l'espace, il sent son corps disparaitre tandis que son esprit dérive avec les étranges courants qui balaient ces lieux.

Je ?

Il perçoit les montagnes pleines d'étoiles, le ciel sombre qui se confond avec un sol inexistant.
Il perçoit qu'au-delà de ce étrange endroit il existe des lieux emplis de vie et se dit que la mort doit y être présente.
Il perçoit, mais ne ressent pas. Le lieu n'est pas fait pour cela.

Choisir ?

À présent il n'y a plus qu'un ciel rempli d'étoiles. Des étoiles et la lune.
Une lune bien petite, lointaine, dissimulée par des nuages qui n'en sont pas.
Mais une lune tout de même. Ici, nulle part.

Souvenirs ?

Il dérive toujours. Toujours plus loin. Vers nulle part.

Je suis chez moi ici, dans le Néant.
Mais alors, pourquoi certains souvenirs sont-ils plus clairs que d'autres ?

Le temps n'existe pas en cette contrée, mais l'instant a une fin.

Il est au bord du Puits de Lune.
Un Puits de Lune bien modeste, mais un Puits de Lune tout de même.
Et autour de lui dansent les esprits.

Si vivre c'est choisir, je n'ai jamais vécu.
Et si je n'ai jamais vécu, je ne peux être plus mort qu'avant.
Elle ne m'a pas tué, Elle m'a révélé.

À son tour, comme il avait vu Urandhal le faire, il pose le plat de sa main dans l'eau du Puits et regarde son image se brouiller.

Ne rien choisir est aussi un choix.

L'eau s'est calmée et il contemple son reflet à nouveau clair.
Son visage est toujours aussi inexpressif, mais son regard est peut-être un peu plus intense.

Et pour choisir, il faut apprendre.

J’étais couchée dans les bras de Kelana encore en sueur de nos ébats… Elle s’était endormie lovée contre moi. Je sentais à travers son sein, le martellement rapide des battements de son cœur. Son parfum m’envoûte encore, je ne peux m’empêcher de sourire en la regardant si paisible. Elle a la peau si douce… Je repensais en rougissant à toutes ces nouvelles choses que Kelana m’apprenait, je ne pouvais nier l’évidence, nos ébats devenaient de plus en plus intenses. Je souriais, heureuse.

Cette soirée avait été aussi un vrai bonheur, malgré certains moments terribles. Il avait fait un petit pas en avant. Il s’ouvre doucement, il se cherche, il se crée. Urandhal et Kelana ont été formidables, ils ont su respecter sa personne. Ils ont parlé, écouté et laissé leur cœur s’exprimer.

Je regarde encore ma Douce, et caresse du bout des doigts les marques laissées par cette chute qui lui a presque ôté la vie. J’en frissonne encore. Andúnëdil s’était jeté délibérément de la branche, mon cœur avait failli exploser, voir les deux être que j’aime le plus au monde disparaître devant mes yeux… Kelana semblait très blessée et lui s’était lancé volontairement ! Puis je l’ai vu léviter. Il avait cherché à la sauver… J’en suis certaine, c’était un réflexe, même s’il n’avait pas vraiment réalisé pourquoi il avait sauté.

Elune ne l’avait pas oublié, il avait encore ses pouvoirs en lui… Ombre et Lumière… Il l’a toujours été, mais il n’avait jamais accepté de trouver un équilibre.

Kelana avait réussi à se hisser jusqu’à nous faible et gravement blessée. Urandhal et moi, n’étions pas en mesure de la soigner. Andúnëdil était vraiment perdu, il avait peur, mais il a su trouver en lui la force, la foi pour la soigner. Cela est venu progressivement ! Il a finalement fait surgir la Lumière de lui, il a brillé et une aura douce et chaude a entouré ma Douce pour la soigner.

Il a pris conscience, son âme s’est réveillée, son esprit, son Lui se sont révélés.
Il a pris conscience d’avoir une deuxième chance. Et qu’il devait choisir entre vivre ou végéter.

Je me rends bien compte que cela n’est qu’un début, mais au moins il ressent. Il va devoir faire une introspection, chercher des buts et s’accepter tel qu’il est.
La seule chose dont je suis certaine, c’est qu’il pourra toujours compter sur moi. Je serai à ses côtés ! Il va devoir tout réapprendre…. Mais surtout il va pouvoir enfin compter sur ceux qui l’aiment et qui lui tendent leurs mains : ses amis et moi.

Je me réjouissais de tant de choses, Kelana, Andúnëdil, grandir, découvrir de nouvelles terres. Chercheur tu es si loin, mais je sais que Tu nous vois et que du haut de Tes étoiles Tu nous guideras Andúnëdil et moi….

Il n'est pas retourné jusqu'aux Cavernes du Temps.
La journée a été longue, et ce qui l'emplit n'est pas une fatigue qu'il ne ressent d'ailleurs plus, mais le besoin de pouvoir penser à ce qu'il a vu et appris.

Teldrassil, les paroles de Kelana et d'Urandhal.

J'ai vécu dans l'Ombre, il croit à la Lumière, elle parle d'Équilibre.
Ils croient en eux, ils ont foi dans les autres. Moi pas.
Mais il m'a montré ce que signifiait "je", et elle m'a montré ce que "choisir" peut signifier.

Le cratère d'Un'Goro, les leçons de Flauris.

Se défendre, survivre. Je n'aime pas cela, mais je comprends.
Choisir qui je tuerais, qui je laisserais vivant. Assumer cela, tuer au hasard, sans savoir qui mérite ou non de vivre.
Tuer n'est pas vivre, vivre n'est pas tuer, mais je dois tuer pour vivre.
Vivre pour quoi ?

L'Autel d'Elune au Berceau de l'Hiver.
Un très ancien artefact, actif, à sa manière.

Quelque chose s'est imposé en moi, quelque chose qui se résume en trois mots : "protéger et servir".
Ces mots ont un sens.
C'est ma voie, si tel est mon choix. Mais si je ne sais pas pourquoi je choisis ?
Faire un choix, de moi-même, parce que je le veux et non parce que je le dois.

Les Hinterlands, la Petite Druide.

Je donne un Nom. Curieux, mais inévitable. Elle est et ne le cache pas.
Je me souviens de ses mots, ils apaisent.
Elle observe. C'est son choix, elle semble savoir pourquoi.
Elle observe, et parfois, elle agit. Par petites touches délicates.
Elle répond à mes questions, ne s'offusque pas, ne s'inquiète pas, ne demande rien.
Elle est un miroir vivant qui apprend à regarder.
Je suis ce que je suis ?

Zul-Farrack, des souvenirs qui semblent aussi anciens que les lieux.

Flauris, Lyhane.
L'une ne pardonne pas, l'autre ne parle pas.
Elles aiment, mais imposent un choix.
Je dois apprendre à choisir, mais tous les choix sont-il bons ?
Choisir de ne pas choisir ?
Trouver ma voie ?

Le Désert de Tanaris, la nuit.

Choisir c'est vivre.
Je suis mes choix, mais je dois être moi pour choisir.

Tout paradoxe est dans le regard de celui qui le voit.

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Elle n’aurait pas dû espérer, ne serait-ce quelques minutes. Elle se sentait stupide… stupide et inutile, dans la jolie robe verte assortie à ses cheveux qu’elle avait passée en catastrophe, croyant qu’elle pourrait le rencontrer. A cette heure de la soirée, les allées et venues étaient très importantes sur le pont au dessus du plan d’eau de Hurlevent. Personne ne prendrait garde à une jeune draenei se laissant couler en espérant finir dans l’estomac du crolistique qui rôdait non loin. Elle s’agenouilla sur l’herbe et glissa un pied puis une jambe dans l’eau lorsque une poignée ferme la rattrapa sans ménagement.

- « Vous faites quoi, là ? » Dame Celtane semblait très en colère, regardant alentour pour voir si Lyhane avait une bonne raison de mettre ses jours en danger car elle semblait loin déjà, appelant l’oubli de la mort de tous ses vœux.
- « Je ne sers à rien ni personne, je veux partir, laissez-moi en finir je vous prie ». Dame Celtane soupira, s’assit près de la jeune chasseuse et passa un bras sur ses épaules. «Racontez-moi tout, d’abord, ensuite nous aviserons ».

Lyhane raconta tout, depuis le premier soir où elle était apparue aux Paluns jusqu’à cette soirée où elle avait bêtement cru pouvoir le rencontrer à Hurlevent, en passant par les chansons de Theramore lançées comme des bouteilles à la mer, le petit moment doux en haut de la Tour, sa disparition, le vide qui l’avait absorbé, son absence de souvenirs, les soi-disants choix qu’il n’arrivait pas à faire, son absence au monde et surtout la présence obsédante et haineuse de « l’autre » qui lui donnait envie de vomir.

« J’aurais préféré de ne pas quitter le Val d’Ammen, ou ne pas les rencontrer ». Dame Celtane avait souri « les ? ». Lyhane avait haussé les épaules. « Elle bien sûr, elle est si mauvaise, fourbe, possessive. Mais ils sont inséparables, elle ne le lache pas, et lui se laisse faire. Je n’ai plus rien à faire içi. Laissez-moi en finir. De toute façon, si ce n’est pas ça, je pars sur un monde parallèle ! ».

Dame Celtane resta un moment sans rien dire, se remémorant ces dernières semaines passées dans le vaisseau, son retour, la douleur de voir l’attitude d’Urandhal, l’idée de partir sur un monde parrallèle où elle avait des amis, l’accueil de Nim, le temps qui passe et enfin le pardon, salvateur. Depuis quelques jours elle revivait sur Azerroth, heureuse d’avoir pardonné, d’avoir retrouvé ses amis, d’avoir combattu aux côtés d’Urandhal avec plaisir, d’avoir retrouvé le goût des choses… il fallait que la jeune Lyhane puisse sereinement laisser passer le temps.

« Connaissez-vous Dame Esmahen ? ». Lyhane hocha la tête. « Oui, c’est une gentille draenei, elle m’a souvent été de bon conseil. » Celtane esquissa un sourire, ravie de sentir que son idée allait fonctionner. « Si je vous dis qu’elle a besoin de vous, aujourd’hui, seriez-vous prête à l’aider ? ». Lyhane avait ramené ses jambes sur l’herbe et les entourait de ses bras. « Bien sûr ».

Lyhane avait d’abord boudé. Elle ne voulait pas remplacer Dame Esmahen dans les couloirs du vaisseau pour ne pas attirer l’attention des gardes. Elle ne voulait pas vivre dans ses appartements à sa place, elle ne voulait pas rencontrer le fameux Chercheur et « le tendre Charkadur », elle ne voulait plus faire d’efforts en quoi que ce soit, ni pour qui que ce soit.

Mais Dame Celtane avait eu la patience d’une mère, et avait fini par avoir raison de tous ses doutes. « Vous serez bien là-haut, voux aurez le temps de réfléchir, le temps de comprendre, le temps de pardonner peut-être aussi… ». Lyhane était restée à regarder le crolistique qui tournait, essayant de s’imaginer dans ce vaisseau parcourant le Néant. «Mais… je ne pourrai pas revenir ? ». Celtane avait ri. « Bien sûr que si mais…. ». « Mais ? ». « Mais uniquement si quelqu’un m’en fait la demande, si je sais que vous ne serez pas seule à traîner aux abords des plans d’eau comme ce soir ». Lyhane avait hoqueté de rire. « Quelqu’un ???? Alors cela ne risque pas d’arriver avant longtemps et sans doute même jamais ! ». Celtane souriait de voir la jeune chasseuse retrouver enfin le chemin de la colère. « Vous oubliez votre maîtresse d’apprentissage, elle ne vous a pas oubliée, vous venez de m’en parler…. ».

« Bon… mais alors… je vous demanderai juste une faveur… dites lui que je suis partie… pour lui… par amour pour lui... ou à cause de lui… ou plutôt… ». Celtane avait posé sa main doucement sur l’épaule de la jeune femme qui pleurait. «Je vous promets de lui dire… s’il veut m’écouter… allons y, je vous accompagne pour vous présenter à Chercheur et Chakadur. Ensuite je reviendrai sur Azeroth car j'ai une mission qui m'attend, et je vous promets de vous tenir au courant de… enfin… je vous donnerai des nouvelles… ».

**Tikt comme tout les soir note dans son petit cahier les choses importantes de sa journée :**
Alors que j'arpente le monde à la recherche de Kirrayo, mon ami que j'ai vu dans un rêve étendu sur le sol dans une mare de sang, je ressens tout à coup une présence :
Andunedil … oui, il est là tout près. J’avance à sa rencontre… il est calme. Depuis toujours sa présence me fait du bien parce que malgré ses conflits intérieurs, il les garde pour lui, il ne les balance pas à ma figure, il ne m’éclabousse pas de ses blessures…
Je crois que je viens de comprendre pourquoi j’aimais sa compagnie.

Maintenant il est apaisé, comme vidé de ses tourmentes, mais son questionnement désaffectivé reste pointu et puissant… Il me parle de sujets essentiels, sans s’impliquer, sans m’impliquer,

Je repense à mon rêve où je rencontrais son esprit froid et lucide… Si beau et si … non habité… Je comprends que sa pensée pure et libre de tout attachement affectif me plaise, à moi qui craint tant ma partie animal !

Je ressens la paix vers Andunedil exactement comme avec Ceirval qui est son inverse… L’un pense sans rien ressentir il réflechit sans avoir de corps, l’autre si totalement primaire animal affectif et physique est dans l’agir et l’instinct… dans le toucher et l’émotionnel… Est-ce que Kirrayo qui a su faire cette synthèse incroyable saura m’aider à trouver la clé de mon unité ?

Andunedil me demande pourquoi je mets ma vie en danger pour un autre ? Pourquoi c’est si important pour moi ? J’essaye de lui expliquer que ma cause est plus importante que ma vie, la vie de mes amis plus importante que la mienne. Sans eux je ne suis pas entière. Les liens avec les autres sont une partie de moi…

Il questionne : Est ce que vous ne vous y perdez pas ?
- Non, parce que j’ai conscience d’exister, ce que je suis, je le sais, je le connais mieux que personne… mais je ne le connais pas en totalité… la connaissance est une route pas un point final. Les autres ne me voient qu’au travers des filtres de leur affect, de leur besoin, de leurs souvenirs, de leurs connaissances… Ce que je suis vraiment est ailleurs mais qu’importe qu’ils le pressentent ou l’ignorent.

Andunedil me demande pourquoi choisir une cause. Je crois comprendre qu’il pense avoir trouver une raison de vivre mais ne pas savoir s’il doit « choisir » cela… Il dit en avoir « trouver » une qui pourrait être la sienne : « Protéger et servir » … Cette cause lui parle, comme s’il l’avait ressentit au moins un peu comme sienne… mais il ne sait pas s’il doit s’en saisir ou non… Il semble se demander s’il doit avoir une raison pour vivre… Est-il obligé de choisir et peut-il choisir de ne pas en avoir ? Est-ce que la vie a une raison ? Est ce que la mort en a ?

Ces questions sont des abîmes… Comme il doit se sentir vide pour parler ainsi … Il parle souvent comme s’il ne vivait pas… Cela l’étonne lorsque tant d’êtres s’appliquent à lui dire qu’il est vivant.

Ces questions me paraissent importantes comme l’oxygène à la flamme d’une bougie… Je le regarde, vacillant dans ce grand vide froid… Je … comme il est incisif et terrible… il fais mal … parce qu’il est si vide… face à lui qui n’a plus ni émotion ni sentiment… Je m’enflamme et laisse mes mots porter mes idées sans prendre le temps de réflechir, mes concepts fusent, je réponds :… C’est la cause qui l’envahira, qui viendra habiter à l’intérieur de lui… Il ne la choisira pas que ce sera elle qui le choisira…
Je parle, je parle… je m’arrête confuse…
Je dois m’arrêter, je dois l’écouter. Il ne peux se saisir de tout à la fois…
J’ai du le saouler de mes mots… Je ne dois pas vouloir combler ses vides même s’ils m’effrayent… Je ne dois que lui offrir mon champ de pensée pour que, si quelque chose lui convient, il puisse le cueillir et se l’approprier…
Si un jour il existe vraiment, lorsqu’il aura retrouvé ce que ressentir veux dire alors je m’excuserais auprès de lui… Honteuse de mon emportement, je me tais…

Il me demande s’il est sa cause…
Mais je n’ai pas le temps de lui répondre… Kelana arrive, avec son lot de gentillesse et son incapacité à résister à me toucher …

Il faut que je lui réponde, j’ai promis de lui écrire :

Pour Andunedil :
Vous m’avez demandé :
Est-ce que je suis ma cause ?

Je ne sais pas qui vous êtes Andunedil,

Je n’ai d’idée que sur ce que je connais des individus.

A mon avis d’apprenti druide, jamais un être « est » juste « sa cause ».
La cause est plus grande, elle dépasse l’être… et l’être de son coté ne se résume pas à sa cause…

Pour illustrer je prendrais l’image d’une épée forgée dans l’acier.

L’acier est une matière, l’épée est un objet…

ils existent séparéement mais une fois reunis aucun ne se résume à l’autre… aucun n’est le même sans l’autre…
l’épée sans matière n’est qu’une idée, l’acier non forgé n’est qu’un métal…

Une épée d’acier…c’est un tout.

Bien sur une fois dans la main d’un …

Suivant le propriétaire de la main, elle sera encore utilisée, ressentit, entretenue… de façon qui fera qu’elle ne sera pas n’importe quelle épée d’acier… elle existera dans un contexte qui la dépassera…

Devenant l’arme du guerrier elle sera un des élément le composant, il seront lié, l’un étant nécessaire à l’autre, l’absence de l’un remettant en cause l’identité de l’autre…

Le guerrier à son tour appartiendra à un corps d’armée…

Je pense que l’existence est aussi un réseau complexe qui passe par les êtres, les lie et les traverse, les motive et les blesse, les charme et les grandi,
Un être n’est pas ce qu’il pense ni ce qu’il ressent, il n’est pas sa cause, il n’est pas ce que ces amis pensent de lui, il n’est pas ce qu’il croit être, il n’est pas ce qu’il agit ou ce qu’il retient… Il n’est pas ce qu’il veut, ni ce qui l’embrigade. Il n’est pas le fils de, il n’est pas l’instrument de … : il est tout cela à la fois.

Je vous remercie pour votre compagnie hier,
Merci aussi pour m’avoir aidé à trouver une piste plausible
me permettant de savoir ou diriger mes recherches pour trouver Kirrayo.

Respectueusement amicale,
Tikt

**Tikt glisse la lettre dans son enveloppe, la clos en glissant amusée pleins de pensée positive dans la fente juste avant de la refermer... Puis elle note qu'elle la postera rapidsement en passant devant l'auberge d'Astranar....**

J’aimerais parler encore réfléchir à la question de ce qui fait qu’on est vivant, qu’on « avance » … Est-ce la même chose que d’avoir une cause et une motivation … ? Est-ce qu’on est si on est vivant faute d’être mort c’est toujours être vivant ?
Si je trouve Kirrayo,
Si je reviens vivante du Berceau de l'Hivers...
Je réflechirais avec plaisir à cela avec l'ami au cerveau puissant dont le coeur est glacé

Finalement, Flauris avait son bébé fée.
Il ne sait que faire du sien, il est si peu concerné par les besoins du petit animal.
Le mieux est encore de le relâcher dès que possible, tout comme le lapin qu'il a offert à un jeune nain qui s'en occuperait bien mieux que lui.
Le temps n'était pas encore venu pour cela.
Au moins, il avait répondu à l'écho de la promesse.

Il sait que malgré le plaisir donné par la petite créature, malgré toute l'attention de Kelana, Flauris est triste. À cause de lui.
Et il se doute bien que les lettres qui l'attendent en Outreterre ne manqueraient pas de lui rappeler qu'il y avait d'autres promesses non tenues, d'autres sources de regrets.

S'il décidait de vivre, il devrait le faire en acceptant cela.
Il n'est pas sûr de l'apprécier, mais les paroles de la Petite Druide ne laissait aucun doute à ce sujet.

"Pourquoi est-elle aussi importante ?"

Il n'est jamais sûr du sens de ce qu'elle sait, mais sait depuis longtemps qu'il doit l'écouter.
Chacune de ses paroles, ou de ses écrits, est une leçon qu'il ne comprend que trop rarement.
Quelque chose en lui est plus attentif, réceptif, lorsqu'elle parle.
Il avait dit être apaisé, mais ce n'était pas cela.
Plutôt qu'il ne sent pas obligé ... menacé ... il peut être ...
Même si être n'a pas vraiment de sens pour l'instant, ces mots semblent importants

"Je l'ai détournée de sa quête."

Elle avait pris de son temps pour l'écouter.
Elle avait accepté de lui parler, même si cela lui en coûtait.
Certains de ses mots ont d'étranges échos.
Elle est plus qu'elle ne dit. C'est son droit.
Elle semble dire, comme d'autres, qu'il est plus qu'il ne le pense.
Peut-être.
Mais quoi ?

"J'ai envie de l'aider.
Oui ...
Envie."

Ce même sentiment que devant l'Autel du Berceau-de-l'Hiver.

Il lit la lettre, la relit.
Il la contemple, puis la relit encore.

Je ne comprends pas.
Je ne comprends pas ses réponses, et je ne comprends pas mes questions.

Quelque part, un vieux souvenir refait surface.
Une phrase d'un sage écrite il y a longtemps.

"Je pense donc je suis"

Il ne devait pas connaître les morts-vivants lorsqu'il a imaginé cela.

Elle m'a averti que mon approche était mauvaise, que je réfléchissais mal.
Probable que mes questions n'ont pas de sens pour quelqu'un qui naît & vit.
Probable que lorsque l'on vit, il est normal de remplir sa vie, avec une cause, avec un amour.
Mais celui qui naît n'a pas le choix.
Or j'ai un choix à faire. Le choix curieux de choisir de vivre ou de mourir.

Je ne suis pas une épée, je ne suis pas celui qui la porte, je ne suis pas une cause dans laquelle on investit une épée.
Je suis un fantôme, le pâle reflet de tout cela.
Je me rappelle, et mes souvenirs n'ont pas de sens.

Il regarde vers le nord, sait qu'un vent froid s'est levé, même s'il ne sent pas vraiment celui-ci.

Je crois qu'elle a réussi.
Courageuse, déterminée, et pleine de ressources.
Elle n'a pas vraiment besoin d'aide.
Elle sait ce qu'elle cherche et sait comment l'obtenir.

Il regarde toujours vers le nord, accepte cette pensée qui ne cesse de revenir depuis quelque temps.
Il y avait donc une raison pour être resté dans Hinterlands.

"Fossoyeuse ..."
Pourquoi un Réprouvé accepte-t'il sa condition ?
Pourquoi choisit-il d'exister plutôt que de retourner dans le long sommeil ?

Tikt est allongé sur la mousse… sa tête lui fait mal mais son cœur est heureux. Elle dépose ses mots sur le papier… Il faut qu’elle confie ça à quelqu’un… Andunedil pourra-il comprendre ? Elle l’ignore. Elle n’a pas de meilleure oreille où déposer ses mot…Cette lettre sera postée de l'auberge des Serres Rocheuses

Andunedil :

Je suis parvenu au Berceau de l’hiver… C’était très difficile, j’ai beaucoup souffert pour y parvenir mais, ma réussite, et le plaisir qu’elle me procure est si grand que je recommencerais sans hésiter en pareilles circonstances. Je ne sais pas si je parviendrais à vous expliquer une chose importante pour moi et qui répondra peut-être à certaines des questions que vous m’avez poser….

Mon ami Kirrayo est vivant, il est entouré d’amis qui le soignent…

Ma quète envers lui est partie d’un rêve, et d’un ressentit… et d’un sentiment.

Le rêve : Je dors, mon inconscient vagabonde, il me repasse le film les choses de la journée, les trafique, les retourne, chance leur éclairage, modifie et déplace les affect qui sont liée à tout cela… puis à l’orée de mon réveil il m’envoie une image bouleversante… Celle d’un être qui m’est cher, blessé et démuni… Je sais bien que c’est juste un rêve mais il me procure une angoisse forte qui branche mes sens en état d’alerte…

Le ressentit :
Je ne lutte pas longtemps contre ce sentiment d’alerte. Je plonge en moi… assise, immobile je ferme les yeux… Je fixe un point noir imaginaire, doucement… Je me concentre… je descend mon seuil d’écoute, ma concentration augmente, les bruits autour sont traités comme sans importance et je ne les entends plus. Je perçois mon corps de l’intérieur, mes points de contact avec le sol, mes pieds, mes fesses, je ressens mon dos, mes bras entourant mes jambes. Je ressens ma nuque, ma tête posée sur mes genoux… Je ressens l’énergie qui circulent en moi, les flux remontent de ma cuisse, dans mon dos, irradient mon corps tout entier. Je suis totalement détendue, je ne ressens que ma chaleur intérieure plus rien n’existe… Je me concentre alors sur un lieu que j’aime, je m’imagine y être, dans le confort et la sécurité totale et là… : j’ouvre mon être à l’image de Kirrayo… c’est le vide, le rien du tout, pas une once d’énergie de sa vie ne touche la mienne…

Le sentiment :
Ce Druide est (pour des raisons que je ne développerais pas ici) particulièrement important pour moi. Il peut m’apporter une chose unique, et ma confiance en lui est totale. C’est donc extrêmement précieux pour moi… Personne n’est comme lui, personne ne peut m’aider comme lui… Vous comprenez ? Ou sinon vous parvenez à imaginer ? Il est l’objet d’un investissement fort de ma part… Il a une place dans ma vie, dans l’histoire de ma vie, car avec ou sans lui ce n’est pas la même vie, son existence influence la mienne… J’ai plaisir à le cotoyer mais plus que ça même, j’ai envi de le cotoyer… Je ne sais pas bien décrire ce sentiment parce qu’il est rare, je ne suis pas habitué à éprouver cela… Sans lui je ressens quelque chose qui pourrait s’appeler un manque… Le fait de le savoir vivant me réjouit comme s’il sagissait d’une partie de moi…

Voilà j’avais rêvé, je ne ressentais plus son énergie vitale… je ne supportais pas le manque que cela créait en moi… Toute mon énergie était donc tournée vers la réparation de cet état désagréable, vers le besoin de me rassurer. J’ai cherché, j’ai mi mes forces dans ce à quoi je croyais, trouver enfin le contact avec l’énergie de sa vie… Lorsque cela est fait, je me sens incroyablement apaisée…

J’ai quittée l’auberge de Long Guet alors que Kirrayo était apparement gravement blessé mais tellement bien entourée de soins qu’il était évidement à la fois sauvé mais surtout vivant. Je me suis esquivé dans l’ombre… Il n’avait pas besoin de moi… je n’avais rien d’important à lui apporter… Kirrayo est un être libre… Il n’a, au fond, pas grand-chose à voir avec la quète que je viens d’accomplir… C’était en moi, j’ai passé l’épreuve pour atteindre mon objectif… Je suis satisfaite de moi. Je suis presque contente de ne l’avoir pas trouvé en premier… Il ne sais pas quelles épreuves je me suis fais traversée… Il ne se sent pas responsable (car il aurait tors) et il ne ressent pas de dette, de reconnaissance et ce genre de sentiment qui parasitent une relation.

Je me veux éperdument libre… Je déteste la dépendance, Je refuse de dépendre d’un autre, je refuse qu’un autre dépende de moi… Si j’avais aidé à sauver Kirrayo, il aurais pu croire me devoir quelque chose, là il ne me doit rien et même c’est le contraire : Le sentiment que j’ai pour lui m’a permit de réaliser une épreuve très dure… Je lui dois de m’avoir donner cette force, l’idée de lui m’a permit de me dépasser… Je lui suis reconnaissante de m’inspirer ce sentiment qui me rend plus forte.

Je sais qu’il me contactera un jour, lorsqu’il sera tout à fait guérit… et nous serons tout deux libre et sauvage.

Pardon d’avoir tant détaillée ce que je viens de traverser, mais vous posez tant de questions sur ce qui motive la vie, sur ce qui anime un être vivant, que je voulais tenter de vous l’expliquer au travers de ce vécu récent.

Andunedil… sans vous je n’aurais pas réussit à retrouver une trace de Kirrayo, c’est la confiance que j’ai en vous qui m’a permit d’aboutir…
Je savais que si je n’y parvenais pas, vous m’aideriez, j’en étais sur. Je me sentais soutenu, je n’étais pas seule, une parcelle de vous me protégeait durant la traversée…
Lorsque je reprenais conscience dans ce tunnel si long qui mène au berceau… ceux que j’aime, l’idée d’eux, me donnaient de la force pour me relever… Je pensais à Ceirval, comme il avait surgit près de moi lorsque je souffrais tant… Je pensais à Kirrayo qui ne devait pas mourir, je pensais à vous et votre recherche sur le sens de la vie … et je ne trouvais pas possible de baisser les bras, je me relevais et je courrais de toutes mes forces, de toutes la force de mon corps blessé mais plus encore de mon âme remplis de mes sentiments pour vous tous …
J’ai réussi… Merci.

Vous l’avez remarqué, dans mon explication de ce qui anime ma vie, tout part de mot tel que «ressentir» et «éprouver».
Lorsque nous discutons, aucun sentiment, aucune émotion ne transparaît … comme si votre ressentit à vous était inaccessible… absent…
N’avez-vous plus d’émotions ? Plus de sentiments ? Aucun désir ?
Vous parler de devoir choisir ? Mais …êtes vous sur d’avoir ce choix ?
N’avez-vous pas d’obligations ? Pas de responsabilité ? Pas de personne qui ont besoin de vous et à qui vous devez protection ? N’avez-vous pas de maître, d’éthique, de croyance ?

Etes vous sur de n’être pas dans une amnésie d’une partie de vous-même ?

Hémiplégique… ou amputé… vous n’avez plus… ou vous n’avez plus accès…

Il est sans doute possible de commencer avec ce que vous avez sous la main ! Vous avez un cerveau qui pense, vous avez un corps qu’il serait sans doute bon d’éprouver, d’entraîner de fatiguer, de faire vivre … Vous avez aussi, autour de vous, des personnes qui vous offre et vous propose des choses d’elle-même… Kelana, Urandhal et plus puissament encore Flauris … ils offrent et attendent…

Avez-vous vraiment le choix face à leurs sentiments ? N’avez-vous pas de dette à payer ? N’avez-vous rien à offrir en retour ? N’avez-vous aucune volonté d’exister ?

Je ne sais pas ce que vous vivez de l’intérieur mais lorsque je vous regarde Andunedil, je ressens l’importance que vous avez pour moi… et je sais que c’est ça la vie.

Il a allumé un feu.
Non pas qu'il en ressente le besoin, le froid, comme la faim ou la soif n'a guère de sens pour lui, mais l'habitude est restée.
La nuit est tombée, et la lune s'est levée.
Grand, majestueuse. Il se doute de pourquoi il est attiré par elle, et il commence à comprendre pourquoi ces terres l'attirent.
Elles aussi sont entre la vie et la mort.
Mais il est surpris par la farouche volonté de vivre qui s'exprime partout où il pose le regard et se rappelle une phrase de Chercheur : "Il faut que certains parlent au nom de ceux qui ne peuvent pas".

"Protéger et servir."

De son sac, il sort une liasse de feuilles parcheminées.
Ce ne sont pas des notes qu'on lui a léguées, elles font partie de son histoire à lui.
Il relit les plus récentes.

Rêver, ressentir, éprouver un sentiment.
Je ne rêve pas, je ne ressens guère, quant aux sentiments ... Je ne vis pas.
Elle est vivante, terriblement vivante.
Elle est si vivante qu'elle doit en être contagieuse.

Ses écrits le plongent toujours dans la perplexité.
Elle semble s'inquiéter pour lui, comme elle s'inquiète pour d'autres.
Cela doit être sa nature, c'est sa manière de vivre.
Elle parle d'elle, se dévoile à demi-mots.
Pourquoi lui parler si cela doit être caché ?

"Je me veux éperdument libre… Je déteste la dépendance".

Cela semble contradictoire. Je me demande si ça l'est vraiment ...

Il considère sans le voir le feu.

Je ne veux pas d'une cause pour vivre, je veux vivre pour une cause.
Qu'importe la raison, le motif.
Je ne peux me définir en fonction de ce que je fais.
Ou je ne veux pas.

Il passe sa main au dessus de la flamme.
Il ne ressent rien, mais reste suffisemment prudent pour retirer celle-ci lorsque la peau rougit.

Vivre ne semble guère donner de choix.
On est vivant ou on est mort.
Il n'y a pas de choix à être vivant, il n'y a que les instants et ce qui en est fait.
Il n'y a aucun choix à être mort, juste l'apaisement.

Il observe sa main, indiférrent.

Elle parle de la joie de vivre.
Mais elle cache à demi-mots la souffrance qui en est le prix.

Une fois de plus, il entend en lui ce qui est devenu un appel et regarde en direction de l'ouest.

Mais je dois choisir.
Et je sais à présent que le temps est compté.

Hier Andunedil m’a permit de comprendre ce qu’il appelait l’entre deux… N’être pas vivant, n’être pas mort… Il dit se sentir comme les non vivant des Maleterrres… ceux là même qui combattent sans réellement avoir conscience de sa présence. Ils attaquent juste par agressivité ce qui bouge que ce soit lui ou une souri passant près d’eux ne compte pas, ils agressent… Juste des indifférents agressifs. Andunedil a du mal à expliquer ce qu’il ressent face à eux… il lui semble qu’il leur manque quelque chose… sans doute ce qui lui manque à lui aussi mais il ne parvenait pas à le décrire… Je n’ai pas réussit à l’aider… Pourtant un instant j’ai cru voir ces yeux s’animer…
Il m’a aussi parlé du petit objet qu’il caresse parfois inconsciemment… Ecaille de scarabée gravée… lui permettant de ne pas oublier que sa « vie d’avant » n’était pas réelle… Il est mort depuis longtemps, mort à la « vrai vie » ? mort à la vie qui vaut la peine… Se pense-t-il sur le point de recommencer une VRAI vie ou de mourir tout à fait ?
Elune, l’ombre et la lumière… la dualité qu’il regarde avec intérêt sans pouvoir l’habiter, encore une fois accepter toutes les facettes de ce que nous sommes, comme moi avec la pensée et l’animal… Sommes nous tous enfermé dans cette dualité ?

Pour Andunedil il semble que le temps de renoncer ou d'assumer approche...

Il m’a conduit dans l’état de Darrow, il m’a montré Paméla… Cet enfant fantôme emprisonner dans une éternelle attente du retour de ces parent dans une quete sans fin de sa poupée toujours perdue…

L’enfant m’a bouleversée… Je suis contente qu’Andunedil soit si indifférent à tout et n’ai pas mesuré mon émotion… Je n’aurais pas aimé être face à quelqu’un de sensible … Il est gentil, prévenant, poli mais il m’a ravagée le cœur pourtant…voir cette gosse, dans cette prison de non être…

Tout ce que je hais, tout ce que je fuis… et me mettre là, en simple spectateur de cet enfant… impuissante, me dire qu’il avait échoué à l’aider et que sans doute il ne pourrait plus le faire maintenant … Je pourrais presque le haïr lui aussi de m’avoir fait revivre ça…

Sans doute pourtant était-ce nécessaire pour pouvoir lui parler vraiment… venir ici, me mettre dans cet état émotif… Moi qui voudrais toujours rester lucide devant lui… une fois de plus il m’a désorientée…
J’ai pu lui dire pourquoi je vivais…

J’ai pu lui raconter comment lorsque j’étais au seuil de la mort… j’ai eut ce sursaut, ce refus de laisser la carne me prendre… La mort m’a dis, viens renonce… j’ai hurler de vie, j’ai … j’ai tué, tué, tué… oui j’ai tué pour vivre… j’ai tuer pour fuir… J’ai sans réfléchir choisit de me laisser encore une chance…
La mort est le renoncement totale à assumer quoi que ce soit, plus jamais rien à décider… elle vient elle assumera ensuite la décomposition … le « je » n’a plus alors de sens, pour… plus jamais…
Au seuil de cette porte tombale… reste un instinct de fuite… non pas une colère mais une aspiration… un refus de renoncer, une flambée de vie qui donne la force de s’accrocher encore, de tenter encore, de vouloir encore…

Je suis vivante parce que je n’ai pas voulu laisser à la faucheuse le pouvoir… Elle ne décidera pas de la suite… Je veux prendre les décisions pour ma vie… Même si c’est juste ça qui m’appartiens je ne permets à personne de décider pour moi…

J’ai eut l’idée de lui demander s’il voulait que je fasse le choix à sa place…
Il a sans me laisser un instant répondu dans une respiration « NON »… ajoutant par la suite des arguments fumeux… j’ai rie avec délivrance…

Bien sur …
Bien sur que vous ne souhaitez pas que d’autre décide…
Vous êtes alors diablement vivant ami… Je suis contente je vais en parler à Flauris !

Après avoir longuement réflechit Tikt décide d’envoyer à Flauris la lettre suivante :

Dame Flauris

Tout d’abord merci. Chacune des perles de gentillesse que vous m’avez offerte sont venu grossir les trésors de patience que j’essaye d’engranger

Je vous envoie cette petite lettre au sujet d’Andúnëdil.
Il m’a contacté hier… Il cherchait à me parler…
Craignant qu’il ne soit sur le point de faire un choix bien délicat et ne voulant pas lui refuser mon aide dans un pareil moment j’ai accepté de passer un moment avec lui…

Je ne suis pas trop inquiète... Bien sur rien n’est joué mais il pense avec lucidité recherchant sans faux semblant à avoir tous les arguments pour assumer son choix futur.
Hier il m’a dit qu’il avait compris que :
« faire des choix ce n’était pas la même chose que d’avoir la possibilité de les faire ».
J’ai trouvé cette phrase magnifiquement claire et résumant bien ce que j’avais essayé maladroitement de lui faire comprendre. Je pense que la suite lui appartient, c’est en être libre et conscient qu’il décidera de se lancer dans la bataille de la vie… ou non. Je ne peux l’aider d’avantage.
Bien sur il est encore très centré sur lui-même… Savoir si son nombril mérite ou non qu’il fasse l’effort de vivre… Je n’ai pas élucidé si ce trait de caractère était lié à l’enfance, à une certaine immaturité affective, ou tout simplement au coté masculin de l’espèce qui se doit pour la pérénité de la race de « prendre soin de lui d’abord »…
Ne vous seriez vous pas posée la question vous de savoir si vous ne deviez pas vivre parce que quelqu'un en avait besoin ? parce que d'autres comptaient sur vous ? parce que vous le leur deviez ? ...
Même s’il reste le centre de son monde, Andúnëdil est gentil et je ne doute pas que s’il vit ce sera avec l’envie de compenser ce qu’il croit avoir fait de mal jusqu’à présent. Vous devriez retrouver dans votre pourtour un être vraiment formidable.

Je voulais que vous le sachiez… Je ne fais pas partit des gens que l’on peut impunément fréquenter… Je ne dois pas avoir d’amis, ne pas m’attacher, ne pas permettre à d’autre de s’attacher à moi… Je me dois par respect pour ceux que j’estime comme vous, comme Andúnëdil, garder des distances.
Je vais donc « disparaître ». Je vous garde à tout deux toutes les bonnes choses que je pense vous. Je me tiendrais informé du choix d’Andúnëdil… Je vous souhaite de tout cœur qu’il soit celui dont vous rêvez et méritez. Le hasard nous fera peut-être nous recroiser dans l’avenir.
Respectueusement
Tikt

Il avait longuement hésité avant de la déranger.
Elle aimait la liberté, elle craignait de se sentir emprisonnée, et il avait peur de l'importuner.
Mais il s'était décidé.

Il lui avait montré un lieu de calme. Un bel endroit.
Approprié à sa personne.
Elle avait aimé. Cela comptait.

"Choisir n'est pas la même chose que de pouvoir choisir."

Cela avait été la première leçon.
Même si le mot n'était pas adapté, la Petite Druide ne donnait pas de leçons.
Mais ses questions, comme ses réponses étaient autant de voies de réflexions.

"Une façon délicate de pointer le doigt sur mon orgueil."

Il avait apprécié ses critiques.
Oui, il était prétentieux. Lâche aussi ...
Elle avait parlé gentiment, mais fermement, par petites touches, et les mots avaient touché juste.
Sa manière de lui rappeler que malgré toutes les excuses qu'il pourrait trouver, il ne serait jamais que ce qu'il choisirait d'être.

"Je ne choisirais pas avant son retour."

Ce n'était pas tout à fait vrai.
Alors qu'elle répondait à ses questions brouillonnes, elle avait ouvert une porte en lui et un très ancien souvenir s'était éveillé.
Quelque part, au plus profond de son esprit, un fantôme était apparu et ils s'étaient regardés.

"Je devais mourir pour me rappeler que j'étais mort.
On peut oublier cela à force de faire semblant de vivre."

Ils se dévisageaient, et tandis que sa mémoire lui revenaitt, il regarda sa vie d'un autre point de vue.
Les yeux du fantôme étaient tristes et il comprit pourquoi.

"Il est peut-être moins important de savoir pourquoi je choisirais de vivre que de laisser à un enfant la chance de choisir.
Ce n'est peut-être pas une bonne réponse, mais c'est une réponse qui a un sens pour moi.
Et c'est cela qui importe."

L'étincelle dans le regard de l'enfant fantôme se refléta brièvement dans le regard de l'adulte, et pendant un instant, le rayon de lune qui traversait la voûte du feuillage fit écho.

"J'attendrais qu'elle veuille bien m'accompagner là où il faut.
Si cela ne la dérange pas."