Une bannière pourpre en Féralas

La petite troupe remontait prudemment le chemin sinueux qui menait au Sanctuaire des Ailes d'Ysera. A Thalanaar, on leur avait indiqué le chemin à suivre, tout en leur suggérant d'abandonner les chevaux, qui auraient tôt fait de se casser une patte, tant la région était montagneuse, ou de fuir à l'approche d'un ours, d'un loup - ou d'autre chose. Mais les chevaliers vêtus de pourpre déclinèrent poliment le conseil, et c'est avec la plus grande prudence qu'ils menaient leurs montures vers le lieu qu'ils recherchaient.

A la tête de la dizaine d'hommes, le Connétable de l'Ost Pourpre plissait les yeux pour s'habituer à la luminosité si particulière de Féralas. La lumière ne parvenait qu'avec grand effort à percer le plafond vert émeraude de la forêt, donnant à l'ensemble une impression de clair-obscur particulièrement troublante. Elle sentait, palpable, le malaise de ses hommes de troupe, pourtant aguerris par de nombreux combats et habitués des maléfices de toute sorte. Mais il en était ainsi : la majestueuse beauté de Féralas troublait tout être qui y pénétrait, lui rappelant son statut de simple mortel.

Le Sanctuaire apparut finalement devant leurs yeux. Au soulagement s'ajouta l'impression d'éternité de l'ensemble, et seul un bref rappel à l'ordre parvint à faire retrouver leur concentration aux chevaliers fourbus. Le Connétable venait de descendre de cheval.

Je ne tolérerai pas un mot plus haut que l'autre. Nous sommes moins que des invités ici, car nous n'avons même pas été annoncés. Pliez-vous à leurs règles ou restez à la porte.
Ceci étant dit, la femme au tabard pourpre s'avança, seule et sans armes, ce qui fit frissonner d'angoisse les gardes chargés de sa protection. Des yeux, elle chercha quelqu'un qu'elle pourrait identifier comme étant membre des Ailes.

Oh la ! Y a-t-il ici âme qui vive ?

Ysneyd revenait au sanctuaire, suivant une jeune femme à moitié nue, et qui semblait en avoir cure.
-MIRAYS COMBIEN DE FOIS NE T’AIS JE PAS DIS DE NE PAS TE BALADER ICI. ENCORE MOI HORS DE LA PROTECTION DU SANCTUAIRE, SANS TES ARMES ? NI AUCUNES PROTECTIONS.
La cape qui servait de vêtement à l’humaine était une cape. Le prêtre n’ayant pas autre chose à lui offrir sans se découvrir lui-même. La demoiselle semblait ne pas vouloir écoutée le prêtre.
Elle avait repérer les personnes sur leur monture devant le sanctuaire. Plongeant dans un fourrée, elle profita de la cachette pour se dissimulé dans l’ombre des végétaux.
Le prêtre se précipita à sa suite. Rattrapant la cape, il ne la trouva pas dessus. Il n’avait pas prévu cette feinte. Elle avait disparut. Se concentrant, il l’a repéra filant vers le sanctuaire, courant comme savait le faire les voleurs à la tire.
Il se lança à sa suite de la petite.
Mirays arriva à coté du dernier chevalier, et lui adressa la parole âpres un clin d’œil coquin.
-Dit Beau gosse, tu peux ralentir le pervers qui me suit.
Elle était nue et cela avait l’air de mettre mal au point son interlocuteur. Elle continua sa route en voyant le prêtre arrivé en courant. Elle passa à coté de connétable, ne sachant pas qui était cette femme. Elle n’appartenait pas aux ailes d’Ysera, tout comme elle. Elle se précipita dans le sanctuaire afin d’échapper à son poursuivant, se moquant de ce que lui réservait les gars à cheval.
Le prêtre arriva devant les gardes, s’arrêtant net. Ces cheveux, cette silhouette devant la porte, il la connaissait. Il resta bouche bée devant la troupe.

Le chevalier qui avait ainsi été interpelé ne broncha pas. Il ne lui serait pas venu à l'idée de sortir du rang sans un ordre de son officier - même s'il n'en pensait pas moins concernant l'individu lubrique qui courait après la femme nue.
Le Connétable semblait d'ailleurs penser la même chose car, après avoir vu la femme lui filer sous le nez, elle se tourna et vit Ysneyd approcher à son tour.

Messire, fit-elle, un peu raide. Je suis Aurys de Nor Laedro, Connétable de l'Ost Pourpre. Nous recherchons le Sanctuaire des Ailes d'Ysera.

Aurys leva la main, et les chevaliers se tinrent prêts à intervenir pour défendre la femme de son poursuivant, si besoin était.

Oui c’était bien elle. La fille qui avait atteint sa raison au point qu’il s’interpose dans une discussion officielle entre le haut taunt et sa femme et l’ost pourpre.
Sa bouche devenait pâteuse, son regard légèrement différents. Mais avant qu’il eu put dire quelque chose, elle se présenta. Cela eu l’effet d’une douche froide pour le prêtre. Elle ne l’avait pas reconnue. Il retira sa capuche, et s’avança vers elle.

-Bonjour Aurys. C’est moi; Ysneyd, de la soirée de contes de Forgefer. Tu es bien au sanctuaire. Par contre je te préviens de suite, ainsi que tes hommes de vérifiez vos bourses. Ma protégée est passée par là, et la connaissant, je crains qu’elle est encore voulut me compromettre.
Que puis je pour toi ? Tu souhaites voir quelqu’un ? Genre Kelana, Lixia ?
Ysneyd avait completement oublier qu'elle s'était présentée comme Connétable, et la traitait en amie.

Aurys reconnut le prêtre. Elle l'avait en effet croisé à la fin de la soirée donnée par les Aigles de Wildhammer. Elle s'inclina poliment.

Je suis en effet à la recherche de Dame Kelana. Peut-être pourriez-vous m'indiquer où je peux la trouver ? fit-elle en insistant sur le "vous".

L’humain n’osa pas embrasser, ni même serrer la main à la dame. Il risquait fort de trahir ce qu’il ressentait pour elle.
-Suit moi, je te conduis à elle.
Il rentra sonnant la cloche. Des humains en livrer apparurent.
-Ils vont s’occuper de vos hommes si tu le souhaites.

Dans son bureau, la druidesse arrangeait ses affaires. Quelques courriers, dont une lettre marquée du sceau des Naaru, envoyée par le Magus Khadgar en personne, des documents divers et variés mentionnant les formes connues de corruption...

Elle poussa un soupir. Toutes ces questions organisationnelles étaient d'un lassant...

Sur son perchoir, dans un coin de la salle, un jeune phénix s'agita. Il y avait du bruit devant le Sanctuaire... rajustant sa tenue, puis sa coiffure, Kelana sortit de la pièce pour tomber directement sur une Mirays en tenue d'Eve. Elle adressa un regard désapprobateur à la jeune humaine, ce qui eut pour seul effet de la faire éclater de rire tandis qu'elle se précipitait dans les escaliers.

Kelana soupira, puis marcha jusqu'à la porte. Ce fut lorsqu'elle était à quelques pas seulement de la porte qu'Ysneyd l'ouvrit et sonna sa clochette. Dans le cadre de la porte, elle pouvait voir la Connétable et quelques hommes en armes. Dans un sourire à Aurys, elle la salua en s'inclinant légèrement, un large sourire aux lèvres.

"Aurys... un plaisir de vous voir en ces lieux ! Je vous en prie, entrez donc, vous et vos hommes ! Ne vous inquiétez pas pour les chevaux, ils vont être menés devant nos écuries par quelqu'un du Sanctuaire.

Vous boirez bien un peu de thé ? Ou peut-être désirez-vous manger quelque chose ? Notre cher Ysneyd est un vrai cordon bleu, ses plats sont un délice."

Un sourire aux lèvres, se mettant sur le côté de la porte, elle invita la dirigeante de l'Ost et ses hommes à entrer d'un geste gracieux de la main.

Aurys s'inclina avec plus de raideur qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait toujours eu du mal à être tutoyée par quelqu'un qu'elle connaissait à peine - déjà qu'avec ses propres frères d'armes ! Yseneyd avait l'air sympahique, sans doute était-il d'une compagnie agréable et elle serait ravie d'apprendre à le connaitre, mais elle était ainsi faite. Elle s'en voulait un peu, parfois, mais il lui était difficile de faire autrement.

Heureuse de vous voir enfin, Dame Kelana. Le chemin a été long et mes hommes sont fourbus. Oserais-je vous demander qu'ils puissent se reposer et se rafraichir à l'entrée de votre Sanctuaire ? Nous n'allons tout de même pas vous envahir si nombreux.

Les chevaliers avaient mis pied à terre, mais demeuraient en rangs, attendant l'ordre de leur Connétable et la réponse de cette elfe pour laquelle ils étaient venus de si loin.

Melan descendit les escaliers à toute vitesse, sa hache dans une main, son bouclier dans l'autre, avec à peine un casque et des bottes par-dessus sa chemise et son pantalon. Il sauta les six dernières marches d'un seul bond, et se rétablit les deux pieds plantés bien fermes dans le sol. Il était loin d'avoir toute son armure sur lui, mais le choc fut si violent que le sol en tremblât.

"On est attaqués ?"

La druidesse adressa un sourire à Melan. Réactivité... quelque chose qu'elle appréciait, même si pour l'heure, ce n'était pas une nécessité absolue. Voyant Ethania arriver, elle la salua d'un signe de la tête, toujours souriante, avant de confirmer ses propos.

"Ethania a raison, Melan. Je vous présente à tous Dame Aurys de Nor Laedro, Connétable de l'Ost Pourpre. Des amis des Ailes... et peut-être bientôt des alliés officiels."

Souriante, songeant à la jeune Solya envoyée en émissaire à la Garnison du Ruisseau de l'Ouest, elle se tourna vers la Connétable.

"Comme il vous plaira, ils peuvent rester à l'entrée sans souci s'ils le désirent. Nous leur ferons porter des rafraichissements et quelques victuailles, qu'ils reprennent des forces."

Elle renouvela néanmoins son geste, invitant la Connétable à entrer. Sur le ton de la discussion, alors qu'Aurys passait le pas de la porte, elle lui dit, sur le ton de la conversation.

"Vous vous suiviez presque, vous et Monsieur Laurimer... il est venu il y a peu m'informer de l'état de cette chère Lomah."

Un sourire aux lèvres à l'évocation de son amie, elle convia Aurys à prendre place autour de la grande table de la salle commune.

Rassurée pour ses hommes, Aurys accepta l'invitation et s'assit à la table.

Laurimer ? Ce vieux et élégant monsieur faisant le voyage jusqu'ici ? J'ai du mal à l'imaginer, fit-elle en souriant, les yeux un peu perdus dans le vague. Lomah va mieux, même si elle est encore en convalescence. J'ai pu la voir au Manoir des Sangre. Elle ne devrait plus tarder à en sortir.

Votre Sanctuaire est un endroit magnifique, Kelana. Nul doute qu'il serait bien difficile à vos ennemis de vous trouver là - ou de vous en déloger.

Se tournant vers le prêtre cuisinier, Kelana lui dit :

"Tu nous préparerais quelque chose, Ys ? Pas seulement pour Aurys et moi-même, hein, mais pour toute personne désireuse de se restaurer un peu autour de cette table... Amarith s'occupera des hommes d'Aurys, je viens de la voir se glisser dans les cuisines à l'instant."

Reportant son attention sur Aurys, elle expliqua :

"C'est moi qui ai veillé sur Lomah lors de son malaise... il m'a porté un courrier d'elle, et ce en personne. Je pense lui avoir fait bonne impression, pour qu'il vienne en personne ici."

Ecartant une mèche de ses longs cheveux bleutés qui gênait sa vue, elle apprécia le compliment fait sur le Sanctuaire.

"Ce sont d'anciennes ruines des Biens-Nés que nous avons arrangées un peu à notre façon... elles datent de l'époque d'Eldre'thalas, et ses murs sont aussi solides qu'ils sont beaux. Je suis très fière de l'endroit... d'autant qu'avec toutes ces boiseries, nous avons pu apporter une chaleur certaine aux lieux."

La pièce était, il est vrai, fort accueillante. Relativement grande, un feu de cheminée fournissait le chauffage nécessaire à cet espace. Contre les murs et aux plafonds - était-ce purement pour des questions de style ou bien pour assurer les murs de pierre malgré leur solidité ? - d'imposantes poutres étaient visibles, sur lesquelles étaient parfois accrochés des portraits de membres des Ailes, ou encore quelques pots suspendus contenant des plantes verdoyantes. Dans un coin de la salle, non loin de la porte des cuisines, un superbe bar en bois massif s'étendait sur une longueur relativement importante.

"Vous avez une préférence sur ce que vous préféreriez boire, au fait ?"

Melan jeta un oeil circonspect sur Aurys. Il se passa bien trois bonnes secondes avant qu'il ne se décida :
"Je crois que je vais aller me changer pour mettre quelque chose qui convienne mieux à la réception d'hôtes de marque."

Il remonta dans sa chambre à l'étage, et deux minutes plus tard, il revint avec un costume de soldat d'apparat, à peine moins sale, mais surement plus usé. Une large panoplie de décorations ornait le tissu, une véritable galerie, présentant toutes les récompenses militaires possibles et imaginables qu'on ait pu délivrer dans l'ancienne capitale Havrenuit.

Grita avait ouvert un oeil en entendant des cavaliers approcher. Se saisissant de sa masse, elle bondit hors de son lit et s'approcha de la fenêtre. La troupe qu'elle vit au fond des jardins s'approchait lentement, sans charger. La paladine se dit que ce devaient être des invités et non des envahisseurs. Epoussetant son armure, elle s'habilla des quelques affaires qu'elle avait avec elle au moment où elle était arrivée au Sanctuaire et, ajustant une dernière fois son plastron, descendit prudemment les escaliers. Elle y croisa Melan qui, étrangement vêtu, descendait les marches, et lui fit un petit salut de la tête, qu'il lui rendit. Grita emboita le pas à l'elfe et s'arrêta à l'embrasure de la porte.

Ysneyd fut honoré que Kelana lui permette de faire une collation. Pleins d’idées se bousculaient dans sa tète. Il avait mille idées en tête.
Il se retira, s’approchant de l’escalier.

-Mirays j’ai besoin d’aide en cuisine. Viens vite et en tenue présentable.

Il savait que cela ne suffira pas à faire redescendre sa protégée qu’il savait cachée en haut de l’escalier.

-Et si le travail est bien fait, je pourrais peut être doublé ton argent de poche du mois, voir la triplé, si tu dépasses mes attentes.

Il connaissait l’un des deux points faibles de la jeune femme. Il commença à se rendre vers la cuisine, qu’en une fusée passa à coté de lui.

-Bon on commence quand, Je n’ai pas que cela à faire.

A ces mots, la jeune femme qui s’était appuyé sur la porte, se retourna vers Kelana et Aurys, et les désignant d’un signe de tête, poursuivit

-C’est pour elles que tu vas cuisiner ?

-Non pour un prince et toute sa suite.

La voleuse hocha la tète, et rentra dans la cuisine, saluant Amarith de la tête. Elle commença à allumé les fours présents dans la pièce et en ressortie pour interpellé deux serviteurs inoccupés.
Qu’en Ysneyd arriva, perdant plus de temps à regarder la connétable qu’autre chose, les denrées commençaient à sortir de la cave.
Mirays connaissait son livre de cuisine presque aussi bien que lui. A la seule différence, c’est qu’elle ne savait pas cuisiner.
Jetant un coup d’œil aux stocks, et à ce qu’il y avait dans les cuisines, il commença à donner des ordres.

-Amarith, tu devrais préparer de la viande de loup grillé, ainsi que des côtes de sanglier à la bière. Tu rajouteras à ces plats, quelques tourtes de foie de broches-tripes, ou des beignets de crabes.
Mirays, tu vas monter chercher la réserve spéciale noël, tu va le faire du lait de poule. Quand tu auras finis, tu préparas les thés, et les boissons autres.

Voyant les deux serviteurs se faire tout petit, il les interpella.

-Quand vous aurez finis de remonter les denrées, vous préparer les œufs et la base pour un, que dis je, 4 ou 5 Gâteaux au chocolat délicieux, et quelques pains d’épices. Mais avant cela vous aller me monter de la viande mystère afin que je prépare des tourtes et des ragouts, ainsi que trois ou quartes énormes truites épineuses, un énorme, non deux énormes gangre-queues tachetés pour un festin du pêcheur, et de la viande de sabot-fourchu pour les côtelettes foudroyantes.

Se posant enfin, il remarqua l’ampleur de la tache qui lui incombait avec ces préparatifs. Il interpella Amarith qui s’était déjà mise au travail.

-Jeune médecin, la tache sera presque aussi impossible qu’avec Shiroten sur la table d’opération. Il va falloir travailler vite et bien, mais sans le recours à la magie ce coup ci. Bonne chance.

Et il se lança dans ces préparations, virevoltant d’un plat à l’autre, changeant de support de travail à chaque fois que les aliments devaient se reposer ou chauffer, ou tout simplement pour vérifier le travail de tout autre qu’Amarith.

Un thé me suffira

Aurys observait avec attention le petit monde qui s'était animé peu après son arrivée. L'endroit commençait à se remplir : un elfe à l'allure martiale, dont l'uniforme décrépit semblait avoir traversé les âges et les gloires, une paladine en armure, et bien entendu l'inévitable prêtre, Ysneyd, qui semblait devoir faire office de maître-queue au Sanctuaire.

Elle reporta son attention sur Kelana.

Vous avez ici des gens de tous horizons. Tous convaincus par l'urgence de sauver le Rêve d'Emeraude ?

*assis sur le rebord d'une fenêtre, le voleur couvert de sa capuche noire fétiche fumait la pique après une journée bien mouvementé. l'arrivée de la petite troupe attira son attention. Mais ne connaissant pas de vue ces individus il préféra rester percher sur son rebord afin d'avoir une bonne vue d'ensemble Et vit mine de ne pas entendre l'aide demandé par Ysneyd en cuisine car il souhaitait rester dans la grande salle afin de voir l'évolution de la discussion*

*il remarqua que la Paladine de l'Ost regardait très attentivement Kelana*

*il se demandait dans son fort intérieur pourquoi la palidine s'intéressait à la sauvegarde du rêve d'Emeraude et attendait la réponse affirmative de la part de Kelana, puis marmona tout en tenant sa pipe dans la bouche*

Quelle question... on n'est pas là que pour la beauté de ses sombres forêts

l'urgence de sauver le Rêve d'Emeraude

A ces paroles et surtout vu le ton sur lesquelles elles avaient été prononcées, avec cette pointe de peur au fond de la voix que Grita connaissait hélas bien, la paladine sursauta. Elle fit un effort surhumain pour tenter de dissimuler son émotion et sa surprise, cachant derrière un visage impassible toutes les questions qui se bousculaient dans sa tête.

sauver un rêve... urgent de sauver... émeraude...
mais de quoi parlaient-ils donc ?

Grita avait beau tourner et retourner ces mots en tout sens, elle ne comprenait pas un traître mot de ce dont voulait parler l'étrangère. Mais si elle et sa troupe s'étaient aventurées jusqu'aux tréfonds de la forêt avec armes et bagages, ce n'était pas juste pour savourer une tasse de thé, aussi bon puisse-t-il être. Inquiète de la réponse de Kelana, Grita tendit l'oreille et ne bougea pas d'un iota.

Souriante, la druidesse entreprit de répondre :

"Certains le sont, en effet... d'autres sont des amis de longue date que nous avons choisi d'accueillir au sein de notre ordre, et ne sont pas forcément au courant de toutes les subtilités de cette lutte. Voyez-vous, nous sommes surtout une famille..."

Hochant la tête, elle ajouta :

"Mais dans tous les cas, si un affrontement est lancé, tous répondent à l'appel avec grand plaisir... L'unité est très forte."

Son sourire s'élargissant, elle ajouta :

"Néanmoins, il est bon que vous évoquiez ce sujet... j'ai un projet, pour bientôt... le temps approche où il faudra affronter les Lieutenants corrompus d'Ysera."

Aurys écoutait en silence la réponse de Kelana, faisant un parallèle avec la situation de l'Ost. Si beaucoup l'avaient rejoint pour son idéal, il en restait un certain nombre qui n'avaient que peu de connaissance de la situation dans le Nord. Mais c'était le genre de choses qui changeaient vite : une fois au front, une fois avoir vécu dans leur chair la cruelle morsure du combat, tous seraient bel et bien concernés par la lutte qu'ils menaient.

Les lieutenants d'Ysera dîtes-vous ? Des dragons, je suppose, mais je n'en sais guère plus. Pourriez-vous combler un peu mon ignorance ?

Aurys sourit en invitant Kelana à lui raconter cette histoire.

Kelana fit un geste dans la main à une draeneï qui se tenait dans un coin isolé de la pièce, ajustant une lunette sur un fusil avec des lunettes d'ingénieur remontées sur le front.

Pestant quelque peu d'être interrompue, celle-ci s'approcha.

"Je ne supporrte pas qu'on me dérrange quand je trravaille... mais bon, comme il y a des invités... Qu'est-ce que tu veux, gamine ?
- Peux-tu me ramener les cartes des Hinterlands, du Bois de la Pénombre, du Féralas et d'Orneval qui sont dans mon bureau ? S'il te plait, Eodai."

Grommelant de bon cœur, l'argusienne alla jusqu'au bureau de la druidesse, tandis que celle-ci commençait ses explications.

"Il y a en Azeroth quatre portails dont les possibilités font couler beaucoup d'ancre... on raconte que ces portails débouchent directement sur le Rêve d'Emeraude, lequel est dans une position délicate, comme vous le savez.

La corruption qui gagne le Rêve a déjà touché quatre des plus grands serviteurs d'Ysera, à savoir Lethon, Emeriss, Taerar et Ysondre. D'immenses dragons à la force impressionnante, qui l'aidaient à régir le Rêve et participaient à la direction du Vol Vert."

La draeneï revint, portant quatre grands rouleaux de parchemins que Kelana déroula sur la table.

"Voilà... Autrre chose ?
- Ca ira Eodai, merci beaucoup."

La chasseresse retourna à sa place, et reprit son ouvrage. Déroulant les quatre cartes, Kelana indiqua des emplacements précis.

"Les quatre Lieutenants déchus d'Ysera font régulièrement surface en ces quatre lieux."

Le centre du Bois de la Pénombre, au cœur même des monts qui formaient un cercle. Les Hinterlands, plus précisément dans le lieu nommé Seradane, connu pour ses ruines elfiques des temps anciens. Au nord-est des Colosses Jumeaux, dans le Féralas. Et enfin l'Ombrage, dans l'Orneval, exactement au nord du camp des Orcs Chanteguerres.

"Ces dragons sont une menace à ne pas négliger... et qui plus est, les terrasser permettrait de les examiner pour obtenir des indices quant à la source de la corruption."

Mirays sortit de la cuisine, un plateau à la main.
-L'acool est servit sur demande et dans la limite des réserves disponibles. Pour ce qui est du thé, et du lait chaud, ils sont sur le plateau.
Kelana, tu as encore encombré la table.
La derniere phrase était pleine de malice et d'effronderie. La jeune humaine, habillé sobrement, attendait impatiament la réponse à une question non formulé : "Je pose ce bordel où?"