[Tarja et Arry] Révélations obscures

(HRP: c'est Tarja qui raconte, mais on a rédigé à deux hein ^^ genre cadavre exquis...^^)


(Récit de Tarja)

A cette époque, il y a une douzaine d'années, moi et ma famille habitions un petit village agricole, plus connu maintenant sous le nom de la colline aux corbeaux, non loin de Sombre-Comté. Ce petit hameau regroupait une vingtaine de familles de paysans, produisant pommes de terre, haricots, blé…Notre maison était au nord du village, un peu à l'écart.

La vie y était paisible. Mes parents venaient d'avoir une deuxième enfant, qu'ils prénommèrent Likhor. J'avais un petit frère! Et j'étais heureuse…

Du moins, jusqu'à l'arrivée d'Abercrombie…Lui et sa folie!

Nous ne savions rien de cet étrange personnage. Il s'était installé à l'écart du village dès son arrivée. Quel manque de courtoisie!
Il s'était mis non loin de chez nous, dans une petite cabane. Les villageois avaient essayé de nouer contact avec lui, mais il déclinait toutes les offres, toutes les invitations aux fêtes saisonnières…
Il vivait en ermite…ne tolérant que son épouse.

Car cet homme avait une femme, Eliza. Ils semblaient passionnément amoureux. Du moins, cet amour semblait "sinistre". Le soir, on entendait souvent leurs cris, comme s'ils menaient des expériences impies, à l'abri des regards indiscrets...Personne ne disait rien…Tout le monde les craignaient…

Sauf moi…La curiosité était plus forte…Un soir que je sortais de chez mes parents, je me dirigeai vers leur cabanon, à l'heure où ils faisaient habituellement leurs choses "bizarres".
Une drôle d'odeur flottait comme d'habitude autour de leur maison. Sur la pointe des pieds, je les voyais à travers la vitre…Ils étaient tous les deux penchés sur quelque chose, une forme allongée sur la table…Eliza se décala, et je pus voir…c'était un cadavre…un homme que nous avions enterré peu de temps auparavant!
C'était horrible…Ils déterraient les cadavres de notre village!

Je pris peur et tentai de m'enfuir aussi vite que le permettaient mes jambes, mais en me retournant, je renversai une pile de bois, déclanchant ainsi un vacarme étourdissant…
Le couple m'avait repérée!

Abercrombie sortit rapidement de sa maison, les mains couvertes de sang, me souleva par le col de ma chemisette, et hurla à mes oreilles:


" - Sale petite garce! Qu'est-ce que tu faisais, hein?! Tu nous épiais, c'est bien ça! Je devrais te couper les oreilles et te crever les yeux pour ne plus que cela se reproduise…!

- Je…pardon…Monsieur…j'étais curieuse…! Je…je ne dirais rien!

- Tais-toi, misérable gamine! Je vais te…"

C'est alors que mon père arriva, une fourche à la main. Il s'était aperçu de mon absence, et avait été alerté par les cris.
S'approchant plus près, il vit que l'homme tenait sa fille fermement, ce qui le mit terriblement en colère. Fourche en avant, il menaça Abercrombie:

"- Lâche ma fille tout de suite! Ou je me ferais un plaisir d'enfoncer ma fourche dans ton estomac tout décrépit!!"

Abercrombie me repoussa alors violemment par terre, et se dirigea vers mon père, sortant une dague effilée:

" – Je vais te couper la langue, à toi et ta satanée fille! Approches donc, que je …"

C'est ce moment que choisis Eliza pour sortir précipitamment de la maison: elle prit son mari par le bras, en lui murmurant d'une voix mielleuse et envoûtante:

" – Mon époux, mon tendre époux…ne t'énerve pas ainsi…Nous réglerons cette histoire une autre fois…Rentrons à présent, il se fait tard…"

Elle adressa à son mari un sourire sinistre en disant ces mots…
Abercrombie se calma, rangea sa dague, et lui rendit son sourire

" – Oui…Tu as raison Eliza…Nous règlerons cela plus tard…"

Effectivement…ils réglèrent l'histoire…D'une manière horrible dont encore tout le monde paye les conséquences aujourd'hui.

Mon père m'avait ramenée à la maison, me traînant quasiment. Il me posa des questions…Mais la réaction d'Abercrombie…et ce que j'avais vu…m'avaient terrifiée. J'étais persuadée que si je parlais, l'ermite mettrait ses menaces à exécution. Et il avait également menacé mon père…Je me sentais coupable, et ne répondit rien à mon père, lui opposant un silence obstiné qu'il ne réussit pas à percer. Peut-être que si j'avais raconté ce que j'avais vu les choses auraient été différentes.

Cette nuit là, les cris et les incantations redoublèrent de violence et d'intensité. Nous pouvions voir par nos fenêtres d'étranges lueurs qui émanaient de la cabane d'Abercrombie.
Mon père était inquiet, et ne dormait pas, gardant sa fourche près de lui, et sa nervosité nous contaminait tous. Il n'y avait que Likhor qui dormait paisiblement dans son berceau.

Puis les cris se turent, et se fut le silence…Un silence profond, total…pire que les cris. Mût par un funeste pressentiment, mon père me fit sortir, m'enjoignant de me cacher, et de rester silencieuse quoiqu'il puisse arriver. Je me contentai de rester derrière la maison, je voulais savoir ce qu'il se passait…Maudite curiosité!

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit à la volée, laissant passer un... homme…dans un état effroyable…C'était le cadavre que j'avais vu dans la maison du couple maudit. Il entra dans la maison, armé d'une espèce de gourdin ramassé n'importe où, et commença à se diriger vers mon père, armé de sa fourche.
Celui-ci transperça à plusieurs reprises le corps du mort-vivant, sans effet notable, hormis le ralentir quelque peu. Derrière le cadavre, Abercrombie et son épouse suivaient, psalmodiant tous deux des paroles incompréhensibles.

Réalisant que ses coups restaient sans effet sur le cadavre, mon père écarta ma mère, et se précipita sur le couple, la fourche en avant. Il transperça Eliza d'un coup, surprise, qui s'effondra, morte, aux pieds de son mari.

Pendant ce temps, le cadavre avait commencé à s'en prendre à ma mère, qu'il avait acculée dans un coin de la pièce. A la mort d'Eliza, il avait semblé perdre de sa force, mais la rage et la douleur d'Abercrombie l'alimentait de plus belle, et il déchiqueta littéralement ma mère.
Mon père, comprenant ce qu'il se passait, s'effondra sous le choc, se laissant tuer par le mort-vivant.

C'est à ce moment que Likhor choisit de se réveiller. Pourquoi mon père ne me l'avait pas confié ? Je ne le savais pas. Peut-être ne croyait-il pas l'ermite capable de ce massacre.

Toujours est-il qu'en entendant les pleurs du bébé, Abercrombie eut un rictus sadique. Je ne pouvais voir ce qu'il faisait, mais les cris du bébé s'éteignirent.

Il s'éloigna du berceau, et observa la maison, les cadavres de mes parents, le cadavre de sa femme…Il me cherchait, j'en étais sûre. Je m'éloignai de la fenêtre, tremblante et choquée, avec pour seule pensée cohérente celle de me cacher…

Je grimpai à un arbre, et y restai blottie le restant de la nuit.
Je vis Abercrombie trainer le cadavre de sa femme, et l'enterrer, lui jurant qu'un jour il la ferait revenir.
Je le vis ramener celui de ma mère…ainsi que celui de mon père…
Je restais prostrée dans mon arbre le restant de la nuit, les yeux fixement ouverts.
Le soleil commençait à se lever, et je n'avais toujours pas bougé.
Il me cherchait…Il surveillait la maison.

La nuit arriva, de nouveau. A ce moment, je réalisai que je n'avais pas vu l'ermite ramener le cadavre de Likhor. Cette pensée me redonna du courage, et en même temps, je récupérais toutes mes sensations, la peur, le sommeil, la faim et la soif me tenaillaient.
Je descendis de l'arbre, et me dirigeai vers la maison.

La porte était sortie de ses gonds, mais je n'entendais aucun bruit. Je jetai un œil à l'intérieur. Personne…J'entrai...J'allai vers le berceau, appréhendant ce que j'y trouverai.

Likhor était dedans, apparemment endormi…Son teint était devenu verdâtre, une longue balafre lui courrait sur la joue, mais il était vivant. Que lui avait-il fait??!
Je pris le bébé, prenant garde de ne pas le réveiller, et m'enfuis.

J'évitai les gens, certaine que l'on m'accuserait de ce qu'il s'était passé. Et ils auraient eu raison…Je ne vivais plus que pour Likhor, espérant ainsi racheter ma culpabilité…Nous nous sommes réfugiés près du repaire des mendiants, le lieu était désert, et nous y étions tranquilles.

L'état de Likhor se dégradait. J'avais volé de quoi le nourrir, du lait, un peu de fruits, mais cela ne semblait pas apaiser sa faim, et il rejetait la plupart des aliments que je lui donnais.

J'avais beau soigner sa blessure, celle-ci continuait ne guérissait pas.
Je ne savais plus quoi faire, aussi je me décidai à l'emmener à Sombre-Comté. Peut-être notre histoire n'était pas encore arrivée jusqu'ici…

J'entrais dans Sombre-Comté avec Likhor, et constatai avec soulagement que les gens ne prenaient pas garde à nous. J'emmenai mon frère chez celui qui tenait lieu de guérisseur. Il l'observa quelques secondes…L'horreur se peignit sur ses traits, il se recula de Likhor, comme si celui-ci représentait un danger:

" – Mais…mais…Ce n'est pas possible…Il est mort!!!"

Il esquissa un signe religieux, et sortit précipitamment de la maison. Je repris alors Likhor, et sortit de la maison avant qu'il ne revienne.

Je comprenais maintenant ce qu'avait fait Abercrombie…
Je comprenais pourquoi je n'avais pas eu de difficulté à m'enfuir, pourquoi il ne m'avait pas arrêtée…
Voilà sa vengeance…Avec un frère mort-vivant, je devenais comme sa complice, une paria…Je ne pouvais révéler ce qu'il faisait sans par la même occasion révéler ce qu'était devenu Likhor…par ma faute…

(Récit de Tarja)


Comment guérir Likhor?


J’ai rapidement quitté mes terres natales pour gagner la Marche de l’Ouest. Là, je me suis fait passer pour une orpheline dont les parents avaient été assassinés par les Défias. En général, les gens s’attendrissaient et me donnaient de quoi manger, parfois même un peu d’argent que je mettais de côté. Je gardais la viande pour Likhor, et s’il n’en avait pas assez, je complétais avec les cadavres d’animaux que je trouvais sur le chemin…
De toute façon, il s’en fichait…C’est à peine s’il reconnaissait la main qui le nourrissait.

Je continuais de suivre les troupes Défias ainsi pendant quelques semaines, jusqu’à ce qu’ils finissent par me repérer. Ils m’attrapèrent et me questionnèrent…Je ne dis rien, mais ils se rendirent bien compte que je leur servais des mensonges.
Un de leur mage, intrigué, examina Likhor de plus près pendant qu’un de leurs guerriers me tenait. J’eus beau me débattre, je ne pus échapper à sa poigne solide. Le mage eut un sourire énigmatique et ordonna au guerrier de me relâcher, et m’intima l’ordre de le suivre dans sa tente.
Comme il tenait toujours Likhor, je le suivis…

« - Alors petite , ce n’est pas tous les jours qu’on voit une gamine se trimballer avec un enfant mort-vivant…Explique moi donc comment cela se fait…Qui sait, peut-être que nous pourrions avoir des intérêts communs, toi et moi… » |

Je l’observai quelques instants, puis décidai de lui raconter une partie de l’histoire, omettant toutefois mon rôle dans l’affaire…


- Je vois, je vois…Et tu comptes aller loin avec ce gosse comme ça ? Bientôt…quelque soit le dévouement dont tu fais preuve à son égard…c’est lui qui te boufferas !

- Je sais ! Mais je trouverais un moyen ! Je suis capable de me débrouiller toute seule !

- Oui …j’en suis sûr…Je sens un grand potentiel en toi… Mais si je t’aide, ça te simplifiera la tâche non ?

- Pourquoi est-ce que vous m’aideriez ?

- Eh bien, ton frère est un cas intéressant…Si tu me laisses l’étudier, je pourrais t’enseigner la magie, et qui sait, tu y trouveras peut-être un moyen de le libérer du mal qui le ronge ?

- Je…je ne sais pas…vous croyez que la magie pourrait y faire quelque chose ?

- Eh bien…ma magie…je ne pense pas, mais du moins, elle pourra t’ouvrir quelques portes, et tu pourras avoir accès à des connaissances qui te seraient interdites autrement…

- Et qu’est-ce que vous allez faire de Likhor ?

- Rien rien…ne t’inquiètes pas…Juste regarder comment il grandit…A quoi il est capable de résister…ce genre de petites choses…

- Et comment est-ce que je sais si je peux vous faire confiance ?

- Eh bien, viens approches-toi…je vais t’apprendre ta première leçon de magie. Ferme les yeux et concentres-toi…Fais apparaître une bougie dans ton esprit…et amuses-toi à l’allumer, à l’éteindre…Maintenant, regardes cette bougie…et fait pareil…Utilises ton esprit pour l’allumer, aides-toi de mots si cela te permets de te concentrer mieux…

Je fis ce qu’il me disait, et quelle ne fût pas ma surprise de voir que j’arrivais à allumer une bougie par la force de mon esprit…Bon évidemment, ce n’était qu’une petite flamme vacillante qui s’éteignait très vite mais néanmoins j’avais réussi !


- Je te l’ai dit, tu as un grand potentiel…Alors, tu me fais confiance maintenant ?

- D’accord…Vous m’apprenez la magie, et vous observez Likhor…Mais vous ne faites que l’observer !!

- Oui oui ne t’inquiètes pas…

C’est ainsi que je restai quelques temps parmi les Défias. Le mage tînt sa promesse, et m’enseigna la magie…Du moins, la magie du feu uniquement. Cette magie là, je l’apprenais facilement, mais dès qu’il essayait de m’apprendre la magie de l’eau, rien n’y faisait, je n’y arrivais pas. Il soupçonnait un pouvoir d’une autre nature chez moi, mais ne voulut pas m’en dire plus.

Au début, il se contentait effectivement d’observer Likhor, de voir ses réactions. Nous avons ainsi constaté que même s’il attaquait toute créature vivante qui passait à sa portée, ses attaques étaient tout de même plus rares envers moi, et moins violentes… Nous commençions à avoir du mal à le contenir, et nous l’avions enchaîné dans une tente. Je continuais également de lui tenir compagnie, même si j’avais l’impression qu’il me considérait plutôt comme un quartier de viande, mais je refusais de l’abandonner.

Après quelques mois ainsi, le mage commençait à se faire de plus en plus pressant. La simple observation de Likhor ne lui suffisait plus. Il commençait à me presser de questions, il voulait savoir exactement comment reproduire cela…
Je voyais arriver le moment où je ne pourrais plus faire autrement que de lui fournir des réponses, si je voulais continuer à apprendre tout ce qu’il savait. Je commençais donc à lui mentir, à déformer la vérité, comme un os qu’on donne à ronger à un chien.

Ca a marché pendant un temps. Puis un jour, lorsque j’arrivais à la tente, je le vis, penché sur Likhor. La scène…la scène me rappelait celle que j’avais surprise un an auparavant…sauf que le cadavre cette fois était celui de mon frère…Et l’homme penché dessus…celui du mage.

Il ne m’avait pas entendue arriver. J’entrais dans une rage froide, aveugle…Depuis combien de temps menait-il ses expériences sur mon frère ainsi ?
Sans même m’en rendre compte, un éclair de feu jaillit de mes doigts et le toucha de plein fouet. Il n’eut pas le temps de crier qu’il mourut, transformé en torche humaine.

Je détachai les pieds de Likhor et le tirai dehors en hurlant au feu. La plupart des Défias avaient déjà été alertés, et tentaient de contenir l'incendie.
Nous profitâmes de la panique pour nous enfuir, ou du moins, je m'enfuis, moitié trainant, moitié poursuivie par Likhor.

Je ne savais trop où aller. Je trouvai un abri, et attachai Likhor à un arbre. Le mage m'avait parlé de certains morts vivants qui avaient été trempés dans un puit de Lune, et qui avaient ainsi récupéré leur état de vivant à part entière.

Je me mis donc en tête de partir pour Kalimdor. Le voyage dura plusieurs semaines, nous n'avancions pas vite avec Likhor, et il devenait de plus en plus difficile de cacher son état. Je le vêtis des pieds à la tête, lui plaçait une capuche sur la tête, et l'attachait. Lorsque les gens posaient trop de questions, je le faisais passer pour lépreux et expliquait les cordes par de la folie furieuse qui lui prenait par moment.
Nous avons ainsi voyagé en compagnie de caravane de marchands, je gagnai notre droit de voyage en utilisant la magie pour subvenir à nos besoins.

Lorsque nous sommes arrivés au port de Menethil, je repérai les allées et venues des marins, et profitai de la nuit pour nous embarquer et nous cacher dans les cales.
Plusieurs fois nous faillîmes être surpris, mais j'avais réussi à éviter d'être découverts. Il était facile de faire taire Likhor…Il suffisait de lui donner un bout de viande à mâchouiller, un morceau de cuir parfois suffisait à l'occuper pendant assez longtemps…

Enfin, Auberdine!
Nous sommes descendus de nuit du bateau, pour éviter d'attirer l'attention. J'ai attaché Likhor un peu plus loin sur la plage déserte, et suis allée à l'auberge. Là j'écoutais les rumeurs, et j'entendis parler d'un certain Delgren Le Purificateur à Orneval. La récompense semblait intéressante, avec ça j'aurais de quoi nous faire vivre un moment…

Dès le lendemain, je me mis en route pour Orneval, avec Likhor.
Je trouvais assez rapidement Delgren. Il ne semblait pas étonné par mon jeune âge et me confia une première mission…Récupérer une orbe sur un démoniste…J'y arrivai sans trop de difficulté, et face au démoniste, je ressentis son art comme une révélation, je me sentais…proche de lui…Beaucoup plus que du mage qui m'avait enseigné la magie du feu.
En le tuant, inconsciemment, sans que je ne sache comment, je sentis son âme comme se cristalliser, et une vague de puissance m'envahit.

Je récupérai l'orbe et la ramenait à Delgren. Satisfait, il me confia une autre mission, qui celle-là m'intéressa beaucoup plus…Récupérer un livre sur un autre démoniste…Un certain Ilkrud Magthrull, au sanctuaire de Scarfeu…

J'y allais, et là encore, je n'eus pas de difficulté à le terrasser…Mais cette fois, je ne le tuai pas tout de suite…Je pris son livre, puis usai du feu et de la torture pour lui arracher des explications sur son art…
Je ressentais du plaisir à lui arracher des bribes de son savoir…Je l'avais en mon pouvoir, et j'exultai…Finalement je le laissai en vie…en échange de son savoir…Le pleutre qu'il était accepta…Comme Likhor, je l'attachai, et feuilletai le livre.

Un chapitre attira plus particulièrement mon attention…La descrïption d'un rituel de communication démoniaque…Peut-être que je tenais là le moyen de libérer Likhor de sa maladie…

J'arrachai les pages, et les cachai, et remis le tome à Delgren. Sans m'attarder, je suis retournée à Scarfeu, et commençait à étudier auprès de Magthrull. J'y restai quelques temps, et quand j'eus appris de lui tout ce que je pouvais…Je le tuai…et cette fois, je savais comment faire pour avoir un fragment de son âme…
Likhor avait de quoi manger…

L'ombre m'avait envahie, et je m'y étais abandonnée avec délectation…abandonnant le feu, je ne me consacrerait plus qu'à l'ombre…Oui, cette solution m'attirait beaucoup plus que prendre contact avec les elfes…
Ils étaient comme les autres…Ils avaient peur de Likhor, reculaient en le voyant…
L'ombre…je suis sûre que je tenais la clé…

(récit de Tarja)


Prise de contact avec Ârryîsvôhimû

Quelque mois avaient passés…Delgren m'avait confié une nouvelle mission…Défaire le démoniste de la tour d'Althalaxx…Encore un démoniste…J'y allais, en amie cette fois…enfin…en traîtresse plutôt…et gagnai sa confiance…Athrikus Narassin, l'homme que Delgren m'avait chargé de tué, m'avait prise comme disciple…A nous deux, nous avions fait croire à Delgren que j'avais accompli ma mission, et il nous laissa en paix…

J'appris beaucoup auprès d'Athrikus…mais il m'interdisait l'accès à ses livres…Bientôt, il refusa d'aller plus loin dans son enseignement, sans doute par crainte que l'élève ne dépasse le maître…Il ne pensait pas si bien dire…Il ne m'était plus d'aucune utilité, il subit le même sort qu'Ilkrud, et avec une facilité déconcertante…Enfin…le même sort…Façon de parler…Je me contentai de le maudire, et son agonie dura longtemps…Enfin, elle aurait pu durer plus longtemps sans Likhor…

Je me sentais maintenant assez puissante pour effectuer une tentative de communication avec un démon, grâce au manuscrit d'Ilkrud, que j'avais pris soin de cacher à Athrikus. J'espérais maîtriser suffisamment les forces de l'ombre pour y parvenir. J'aurais peut-être pu attendre encore un peu, mais il devenait urgent de maîtriser Likhor. Bien que j'étais encore plus grande que lui, sa force était déjà trop importante pour moi.

Chaque jour qui passait nous rapprochait du moment où je ne pourrais plus y faire face. Il passait maintenant tout son temps enchaîné, et je ne pouvais plus l'approcher, par crainte qu'il ne brise ses liens. Je me contentais de lui lancer la viande.

J'étais décidée. Il fallait faire ce rituel, toutes les autres solutions avaient échoué, ou ne me satisfaisaient pas.

Les pages que j'avais volées décrivaient très exactement la façon de procéder pour simplement prendre contact avec un démon. Il consistait à ouvrir une sorte de portail entre mon esprit, et…quelque chose…le néant distordu peut-être? Je ne sais pas…

Mon esprit deviendrait comme une fenêtre ouverte, un tunnel vers l'inconnu…que n'importe quel démon pourra emprunter pour communiquer avec moi. Uniquement communiquer. Du moins…je l'espérais.

J'installai les ingrédients nécessaires qui somme toute n'étaient pas si extraordinaires que cela. La principale difficulté du rituel consistait à les assembler de la façon exacte. Heureusement, le parchemin était bien détaillé, agrémenté de schémas qui me facilitèrent la tâche.
Après quelques heures de travail, tout fut prêt.

Je m'installai, et me mis dans l'état d'esprit adéquat. Je fermai les yeux et fis le vide dans mon esprit, faisant abstraction de tout ce qui m'environnait.

Quand je fus prête, je prononçai en langue démoniaque la formule rituelle et attendit.

Dans un premier temps, il ne se passa rien…Puis rapidement, malgré mes yeux fermés, je vis apparaître une sorte d'image..D'abord floue, puis elle gagna en netteté…J'avais l'impression de naviguer dans…quelquechose…que l'esprit ne peut pas appréhender…Je me sentais noyée, perdue, ballotée au milieu d'éclairs rosés, lumineux et obscurs à la fois, tournoyant…

Heureusement, dans une sorte de réflexe de protection de mon esprit, je me contentai de voir…sans essayer d'interpréter…Peut-être est-cela qui me protégea de la folie…Ou pas…

Puis tout à coup, après un temps que je ne saurais évaluer, une sorte de voix résonna dans mes yeux…oui, dans mes yeux…




- Qui es –tu ?

- Et vous donc?

- Hahaha, quelle arrogance, mortelle! Sais-tu donc où tu es, pour oser me poser des questions, toi qui n'est rien en ces lieux? Tu as de la chance d'être tombée sur moi…Un autre que moi aurait déjà avalé ton âme…
- … je m'appelle Tarja

- Voilà qui est mieux…Et moi…Arryîsvôhîmû…Que cherches-tu ? Attends, non, je dis rien…je le sais…


Alors qu'il prononça ces mots, je sentis comme une conscience s'insinuer, ou plutôt s'engouffrer brutalement dans mon âme…J'avais l'impression d'être écartelée, annihilée devant une volonté infiniment plus puissante que la mienne.

Puis d'un coup, il se retira, et je me retrouvai moi-même…presque moi-même…J'avais l'impression qu'il restait un bout…quelque chose de lui dans mon âme.



- Ahaha, tu vois mortelle, ici tu n'es rien…pardon…Tu es moins que rien! Et ce n'est qu'un petit aperçu de mes pouvoirs…Alors ainsi tu veux sauver ton frère… Peut-être que je pourrais t'aider…Ce que j'ai lu dans ton esprit me plaît…

- Que pouvez vous faire?

- Ce que je peux faire? Ce que TU peux faire, mais voyons, tu le sais…


Et effectivement, je savais. Je savais ce que je devais faire, il avait laissé dans mon esprit les instructions



- Mais cela t'en coûtera ton âme…Mais je vois que tu es déjà d'accord…Ton âme…Ce n'est rien à côté de la vie de ton frère n'est-ce pas? HAHAHAHA


Après ces paroles, je fus rejetée violemment, ma tête cognant durement contre le sol du sommet de la tour d'Althalaxx.
J'avais quatre heures pour réunir les ingrédients nécessaires à Arryîsvôhîmû…

L'encens, la poussière étrange, les bougies sanguines fabriquées avec mon sang, les chaînes…

Et le bébé…

Je disposai l'ensemble comme Arryîsvôhîmû me l'avait indiqué dans mon esprit…Puis saisit un couteau que je maudis.

Je suspendis le bébé avec les chaînes au milieu du cercle tracé avec la poussière étrange. Likhor était enchaîné allongé au centre, en dessous du bébé.

Les bougies étaient placées sur le cercle, allumées.

J'inspirai profondément, saisis un couteau de boucher que j'avais sanctifié, et ouvris le bébé vagissant du cou à l'aisne en prononçant les paroles rituelles.

Le sang dégouttant sur Likhor le mettait dans un état de folie furieuse qui menaçait à tout moment de rompre ses chaînes.

J'arrachai le cœur du bébé encore vivant, et le pressai au dessus de likhor et moi-même, tout en continuant la litanie démoniaque.

Nous plongeâmes tous les deux dans un état de catatonie qui nous fit rejoindre tous les deux le lieu où j'avais communiqué avec le démon…
Il semblait nous attendre, à peine notre conscience était là que je le sentis plonger dans Likhor…



- Ahahaha pauvres mortels…Grâce à vous je récupère un corps…Enfin!! Et une âme en plus…Ton âme pauvre idiote!! Et celle de ton frère…

Nous reprîmes conscience tous les deux.



- Likhor?

- Non, ma belle, Arryîsvôhîmû…

- Où est Likhor?

- Quelque part…Voyons voir…Ah oui, je le vois, il est tout recroquevillé dans un petit coin de son cerveau…
- Libérez le!

- Mais pourquoi? Regarde…Je t'ai obéi …


Effectivement, je voyais sous mes yeux le corps de Likhor récupérer ses couleurs normales, les blessures se refermer, la peau se reconstituer…
Son corps était guéri, comme il aurait du être depuis toujours.
Mais lui…c'est comme s'il était prisonnier de son propre corps…
Qu'importe, nous avions récupérer son corps…Il restait maintenant à récupérer son âme.
La mienne appartenait désormais à Arryîsvôhîmû, mais je n'éprouvais aucun regrets, ni aucun remords de mes actes. J'assumais

(Récit de Tarja)

La cohabitation Likhor / Arryîsvôhîmû

Les mois qui suivirent l'invocation du démon dans le corps de Likhor furent, paradoxalement, plus faciles, comme un soulagement pour moi. C'était comme si nos rôles avaient été inversés, enfin…pas totalement.

Avant, j'étais la gardienne, la protectrice de Likhor. Maintenant, j'étais asservie à Arryîsvôhîmû, mais je n'avais plus à m'inquiéter de cacher l'état de Likhor au monde entier. Je le savait présent, le démon le laissant parfois me parler, sans doute afin de maintenir un ascendant psychologique sur moi.

Toutefois ces conversations avec Likhor étaient entachées par le fait que nous savions tout les deux que le démon pouvait entendre ce que nous disions.
Il prenait un malin plaisir à reprendre le contrôle de Likhor n'importe quand, en général, quand nous nous y attendions le moins, au beau milieu d'une phrase, ou d'un point crucial…nous laissant tous les deux frustrés et malheureux.

Le temps s'écoulait, nous parcourions le monde avec Likhor/Ârryîsvôhîmû, allant là où le démon voulait nous emmener. Il semblait poursuivre un but qui jusqu'ici m'échappait.

Le démon était paradoxal…Bien sûr, c'était un démon, il était cruel et sadique, jouant avec nos sentiments comme un chat joue avec une souris, mais parfois, rarement, il se pouvait montrer presque "humain" si tant est que cela puisse être possible.

Il avait également entrepris d'initier Likhor aux arts démoniaques, et moi-même par la même occasion. Je me demandais quelqu'en était la raison. Il aurait été plus facile pour lui de nous laisser dans l'ignorance.
Au début, je me méfiais, je ne croyais pas en ce qu'il nous apprenait, puis au cours de nos pérégrinations, comme nous croisions d'autres démonistes, je me rendis compte que le savoir qu'il nous inculquait était juste.
Pourquoi donc agissait-il ainsi? C'était comme nous donner les armes pour le vaincre, pour nous libérer de son influence!

Et puis, avec le temps qui passait, je me rendis compte qu'Arryîsvôhîmû avait réussi à se rendre indispensable.
La majorité de mon savoir provenait de lui, et il le distillait avec parcimonie, entretenant la soif de connaissance en moi. Il ne cessait de répéter qu'il avait bien choisi l'âme qu'il voulait, et je commençais à comprendre…Mon âme était aussi noire que lui, j'aspirais à la puissance, quel qu'en soit le prix, la collecte de fragments d'âme me transportait, et le contrôle que j'exerçais sur certains démons me comblait.

Puis au cours du temps, avec les mois et les années qui s'écoulaient, nos conversations avec Likhor s'allongeaient insensiblement, Arryîsvôhîmû nous interrompait moins. Au début, je n'y prêtais guère attention, puis j'en pris conscience.
Je me gardais bien d'en dire quoi que ce soit, à Likhor ou Arryîsvôhîmû, mais il me semblait que Likhor prenait l'ascendant sur Arryîsvôhîmû.

J'en fus certaine lors de cette conversation…