Chroniques Stellaires

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Cela s’est fait très vite, la magie des portails sans doute.

A peine ai-je eu le temps de laisser Sherkane auprès du Maître des Ecuries de Hurlevent et Dame Celtane m’a demandé de sauter dans le portail qu’elle avait invoqué dans une ruelle de la vieille ville.

Nous avons atterri (est-ce le bon terme ?) dans un appartement luxueux, devant un elfe assez âgé, qui n’a pas semblé plus surpris que ça.

Dame Celtane avait dû le prévenir par télépathie je suppose. Il avait presque l’air de nous attendre. Très courtois, des gestes doux, peu de paroles, un regard attentif et posé. Il m’a plu tout de suite.

« Voilà donc votre jeune écervelée ? » Dame Celtane a souri en hochant la tête. « N’ayez crainte, j’en prendrai grand soin ». Il m’a regardée en souriant, a eu l’air de me trouver jolie, ou… attirante, ou je ne sais pas quoi, mais quelque chose de bien et il a eu cette phrase curieuse « Quel idiot ! Il n’a encore rien compris ».

Puis il a pris doucement le bras de Dame Celtane en l’entraînant vers de grandes baies vitrées donnant sur le Néant et lui a demandé à voix basse comment allait Dame Esmahen.

A ce moment un magnifique félin s’est approché de moi et s’est mis à me tourner autour en ronronnant. Il m’a fait pensé à Ceirval, mais en plus âgé, plus fort aussi, beaucoup plus fort. Je me suis assise et me suis laissée envelopper dans la chaleur de cet animal si doux.

Dame Celtane est revenue vers nous et m’a alors présenté Charkadur. J’ai eu un petit mouvement de recul, car je savais que c’était un Tauren mais dame Celtane a rit et m’a expliqué que je n’avais rien à craindre de lui, qu’il me protègerait dans le vaisseau.

Ensuite, il m’a fallu essayer quelques vêtements appartenant à Dame Esmahen, pour que je fasse les petites promenades dans le vaisseau pour tromper la vigilance des gardes. Par chance, nous avons à peu près la même corpulence et j’ai pu passer robes et pantalons qu’elle avait laissés, plus le chapeau, qu’elle ne quittait apparemment jamais dans les couloirs.

Grâce à ce chapeau, m’a dit Dame Celtane qui a joué ce petit jeu de très nombreuses fois, personne ne fera la différence entre nous.

Dame Celtane était pressée, son portail avait une durée limitée. Elle m’a embrassée doucement et m’a dit de ne pas m’inquiéter, que je ne pouvais trouver mieux comme compagnons pour retrouver un peu de sérénité.

Je lui ai redemandé quand je pourrai retourner sur Azeroth. Je n’ai pas osé lui dire qu’il me manquait énormément et que j’avais tellement envie de le voir. Elle m’a redit « Si quelqu’un m’en fait la demande ».

Quelle bêtise ! Personne ne va lui demander de me faire revenir. Je me suis mise en colère, enfin juste un peu car l’elfe me regardait avec un tel sourire doux que je n’osais pas m’énerver. Elle a parlé de dame Naérane et de dame Kelana.

Pour dame Naérane, je veux bien croire, mais Dame Kelana, certainement pas ! Elle n’a plus les yeux en face des trous depuis qu’elle est tombée amoureuse de… « l’autre ».

Je n’ai pas osé le dire à Dame Celtane, mais Dame Kelana n’a pas cherché à m’empêcher de partir vivre sur un monde parallèle lorsque je l’ai évoqué devant elle. Elle a même eu l’air de penser que cela serait une bonne chose. Soi disant que « l’autre » ressentait des choses bizarres en ma présence… et bien j’aurais le même genre de ressenti à son encontre ! Mais moi je ne suis pas allée chercher tout un tas de témoins pour accréditer ma thèse !!

Enfin… je m’égarais, je m’énervais, je trépignais, je fulminais intérieurement et l’elfe me regardait avec amusement. Il m’a prise doucement par le bras et m’a demandé si je mangeais. J’ai tout d’abord trouvé sa question curieuse avant de me souvenir que Dame Esmahen ne mangeait ni ne buvait jamais. J’ai hoché la tête et il a sourit.

« Parfait ! Nous allons pouvoir dîner alors, venez, vous me raconterez votre histoire et… enfin nous avons tout notre temps, n’est-ce pas ? ».

Il a dit adieu à dame Celtane en ajoutant « Proposez-lui de venir me voir, même si je doute qu’il le fasse, de toute évidence, il n’est pas encore prêt ».

J’ai lançé un dernier regard à Dame Celtane qui repartait, j’avais les larmes aux yeux mais je n’ai pas voulu le montrer à Chercheur.

Moi je suis triste d’avoir accepté cet échange car j’ai peur que cela ne soit qu’une belle prison dorée, mais lui semble très heureux de pouvoir avoir des nouvelles d’Azeroth. Après tout, peut-être m’aidera-t-il dans mes recherches sur ce qui est arrivé à Khaelten, c’est paraît-il le plus cultivé des elfes.

Demain j’irai visiter le vaisseau avec Charkadur…

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

De la Lumière partout ! Sortis des couloirs menant aux appartements, nous sommes entrés dans un immense hall baigné de lumière, comme inondé de soleil.

Charkadur me tenait par la main et m’a entraînée sur l’un des petits bancs disséminés dans la pièce. De drôles de petits bancs où ne peuvent s’asseoir plus de deux personnes.

J’ai essayé de garder le sourire bien que je ressentais cruellement son absence, encore plus qu’hier soir, sans doute parce que Chercheur n’avait eu de cesse de me faire parler pour occuper mon esprit.

Je regardais tout autour et cherchais désespérément l’Ombre. Invisible. Invisible mais présente, nécessairement. Sinon….

Charkadur et moi ne parlons pas la même langue mais nous réussissons à nous comprendre par gestes, par sourires et hochements de tête. Passés les premiers moments d’angoisse de ne pas être à la hauteur de cette nouvelle amitié qui m’avait été offerte instinctivement, j’ai réussi à faire confiance à mon ressenti.

Cet homme-là, enfin ce Tauren-là, ne me veut que du bien, il est là pour me protéger, m’accompagner, m’aider à vivre aussi, d’une certaine façon.
Dès qu’il sent que la douleur reprend le dessus il sourit et se transforme en félin, m’enveloppant de douceur et de tendresse.

Dans le hall immense, croissent des milliers de plantes, toutes différentes, enveloppées de milliers de papillons multicolores. Assise à côté de Charkadur, j’ai eu la sensation d’être dans une sorte de serre expérimentale où évoluaient toutes sortes d’êtres vivants…. Charkadur et moi y compris.

Cachée sous mon chapeau à larges bords, je suis restée une bonne partie de l’après-midi à regarder évoluer des couples qui allaient main dans la main. Ils étaient sereins, oisifs et comme… illuminés de l’intérieur, ne semblant s’inquiéter de rien, ni de la marche du vaisseau, ni des autres couples, ni de moi. Du coup je me suis demandée à quoi rimait ce petit jeu que l’on me faisait jouer, mais je n’ai probablement pas encore tout vu. Ou peut-être était-ce lié au lieu en lui-même, ce hall inondé d’une Lumière irréelle.

Déjà, depuis mon départ du Val d’Ammen et mes découvertes à Shattrah, je trouvais curieuse l’attitude des Naaru envers nous, le peuple Draenei.

Içi leur présence est obsédante, ils sont partout, ils sont Tout, le vaisseau, les plantes, les papillons, nous peut-être même…. Non, bien sûr, c’est une idée stupide mais… dans ce hall central du vaisseau, j’ai senti comme leur présence agissait sur moi, m’apaisait, me calmait… m’endormait ?... m’anéantissait ?... la question de l’Ombre a ressurgi… comment ferait-il, içi ?

Chercheur m’a mise en garde. Lors de mes promenades dans le vaisseau, je dois rester bien éveillée, ne pas croire tout ce que mes sens transmettent à mon cerveau, et surtout ne pas perdre de vue Charkadur, qui, lui, « sait ». Il sait quoi ? Je ne sais pas mais cela a l’air important.

En fin d’après-midi nous sommes retournés dans les appartements de Dame Esmahen. Dès que nous avons quitté le hall et sa Lumière, la douleur est revenue en forçe, anéantissant tout l’apaisement de l’après-midi, balayant sans ménagement les petites promesses que je m’étais faites en silence, comme d’arrêter d’espérer bêtement un retour rapide sur Azeroth ou d’essayer d’étudier l’histoire de mon peuple.

Heureusement Chercheur semblait l’avoir prévu. Il m’a acceuillie avec une sorte d’empressement doux et m’a montré sans rien dire ce sur quoi il travaillait, de curieuses capsules de pierre. Il m’en a expliqué le fonctionnement et m’a laissé jouer avec. Cela m’a occupée un long moment et m’a même amusée.

J’ai senti qu’il en était heureux, comme rassuré. Je n’aurais pas dû venir, il ne va pas vouloir me laisser repartir….

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Sa queue s'agitait dans les branchages.
Le parc était désert.
Le parc, ou plutôt le jardin. Difficile de faire la différence.
Décidément, ses arches étaient gigantesques.

Esmahen lui manquait.
Cela faisait plusieurs jours qu'il ne quittait plus sa forme féline, elle était plus adaptée à son état d'esprit.
Et puis, il était à présent presque sûr que sous cette forme son esprit était hors de portée.

Elle était partie, sans rien dire de ses projets, mais il savait qu'elle était soucieuse.
Elle était prudente, elle avait toujours eu plus d'une carte en réserve, mais cela ne l'empêchait ni d'être inquiet, ni surtout de regretter son absence.
Charkhadur œuvrait à sa manière, lui à la sienne, et Esmahen faisait de même.
Il formait une étrange association, mais le lien était puissant.

"Aie confiance et sois patient.
Nous ne sommes jamais seuls."

Il rentrait et sortait ses griffes, doucement.
À défaut de sa présence, il restait le souvenir.
Son odeur, son sourire, sa grâce, son aura.

Il ronronna doucement.

Esmahen avait dû user d'étranges subterfuges.
La venue de Celtane, pour commencer.
Elles étaient liées.
Il connaissait mal Celtane, s'étant contenté de l'observer alors qu'il était en Azeroth, mais quelque chose existait entre les deux draeneïs.

L'une avait besoin de l'autre.

Le soir venu, Esmahen lui avait parlé de ce qui se passait en Azeroth, les dernières nouvelles.
Ils avaient ris, ils avaient discutés. Prudemment.
Il avait appris les retrouvailles d'Andúnëdil et de Petite Sœur. Il avait eu écho de ce qui arrivait.

"Je suis content que tu ais enfin accepté l'idée de la mort. Sans cela, tu n'aurais jamais pu renaître.
Le chemin, Andúnëdil, ne perd pas de vue le chemin. C'est cela qui importe vraiment."

Et puis, il y a eu cet étrange revirement.
Le départ imprévu de Celtane, et l'arrivée de cette draeneï inconnue, une protégée de Celtane.

Les médecins parlent d'un problème.
Il n'aime pas cela. Ils sont compétents, mais il est difficile de savoir pour qui ils œuvrent.

Elle n'a pas repris conscience.
L'odeur de son corps dit que celui-ci va bien, et pourtant elle ne veut s'éveiller.
De temps à autre, un frémissement de paupières ou un geste fugitif de la main.
Il semblerait qu'elle rêve.
Il connaît trop les pouvoirs des Naarus sur l'esprit pour ne pas s'inquiéter de cela.

Cela dit ...
Elle sourit.

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Il fait noir dans une pièce dont je ne vois pas les bords.

Petite ou grande ? Je ne sais pas.

Où suis-je ?

Je me souviens d’un crocolistique qui tournait dans un plan d’eau, d’une main me rattrapant par l’épaule… Dame Celtane en colère, et moi qui voulait mourir, ou partir ailleurs.

J’ai mal au crâne, je me sens engourdie, comme si l’on m’avait administré dix fois trop de potions tranquillisantes.

Il m’a semblé entendre des voix autour de moi, à un moment.
Je n’ai rien compris.
Quelle langue parlaient-ils ?
Aucune idée.

Ils m’ont donné à boire un breuvage tiède.
Serait-ce ce breuvage qui m’engourdit ?

J’ai visité un grand jardin nimbé de Lumière.
Et un Tauren m’accompagnait.
Je ne connais pas de Tauren.
Etait-ce un rêve ?

J’entends des murmures.
Je suis dans le noir.
Je vais mal.
L’Ombre ?

J’aimerais appeler à l’aide
Mais qui viendra ?

Je suis partie parce que je me sentais inutile.
De cela je suis certaine.
Mais partie où ?

Dormir, oublier, partir, loin.
C’est la seule issue perceptible.

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Des images.
Une Dame, en colère mais douce
Elle m’explique ce que je vais faire
J’imagine, je mets des images sur ses mots
Un vaisseau dans le Néant
Un Tauren, il s’appelle Charkadur
Un Elfe, il s’appelle Chercheur
Ils seront mes compagnons dans le vaisseau
Les images que je crée me plaisent
J’accepte, la Dame est contente de moi.

J’ai rêvé tout ça.
Tout ça, quoi ?
Et depuis quand n’est-ce qu’un rêve ?

Ma vie ne serait donc qu’un rêve, que je crée ?
Est-ce réel ou bien est-ce irréel ?

Une autre image.
Une petite fille sur un chemin. C’est moi il y a longtemps.
Elle tombe, des petits cailloux lui déchirent le genou.
Elle a mal, vraiment, elle pleure.
Une femme arrive, regarde le genou. Ma mère peut-être.
Ce n’est rien, tu n’as pas mal. Ce n’est Rien.
La petite fille pleure encore. J’ai mal pourtant, je le sais.

Est-ce que c’est irréel, quand on a réellement mal ?
Aujourd’hui, je ressens cette douleur, elle est donc bien réelle.
J’ai mal au corps, mais surtout au cœur, et à la tête.
Cela ne serait qu’un rêve aussi ?

Des larmes coulent sur mes joues.
J’en attrape une avec ma langue.
Elle a un goût salé.
Je pleure pour de vrai.
C’est bien réel.

Ma vie serait donc irréelle ?
Juste des images que j’invente ?
Non, car j’ai mal. Pour de vrai.

Il fait noir, je voudrais partir, loin.
Je suis engourdie, impossible de bouger.
Prisonnière de mon rêve ?
Je tombe. Le noir, la vitesse, le silence, la peur.
Le Néant…. Je ne suis Rien.
Rien. Juste une douleur.

Ca c’est réel….

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Je crois que quelque chose a bougé dans la pièce
Quelque chose ou quelqu’un, je ne sais pas
Il fait toujours aussi noir
Et moi je suis toujours engourdie, sonnée
Endormie, Morte ?

Non, pas morte
J’ai mal, donc je vis
Mais ça n’est peut-être qu’un rêve.

Toujours cette question, qui revient sans cesse
Peut-être est-ce même LA question qui me tient en vie
En vie… Envie
J’ai envie de savoir, de comprendre
Est-ce réel, ou bien est-ce irréel ?
Aurais-je vraiment tout inventé, tout rêvé ?

Je fouille ma mémoire
Mémoire de souvenirs, ou mémoire de rêves ?
Peu importe pour l’instant
Je ressens quelque chose au fond de moi
Chaque image convoquée me fait sourire ou pleurer
Donc je suis en vie,
Et ce que je ressens aujourd’hui est réel
C’est un début de réponse

Pourquoi suis-je içi alors, comme morte ?
La réponse est évidente, instantanée
Parce que c’est ce que je souhaitais de toutes mes forçes
Disparaître, Mourir, Effacer
Quelqu’un m’en a empêché, elle a cru bien faire
Je ne suis toujours pas sûre qu’elle ait réussi
Je suis en sursis, seule cette question m’empêche de sombrer
Je m’y accroche…

Se pourrait-il que l’on puisse vivre toute une vie
Sans s’aperçevoir qu’elle n’était qu’un rêve ?
Et alors… si d’autres l’ont partagé, ce rêve
N’est-ce-pas l’a seule chose qui importe ?
Réel, irréel, rêve ou réalité
L’essentiel c’est le partage, sans lui, rien n’a d’importance

Voilà, je sais pourquoi je voulais mourir
Je n’avais plus rien à partager
Enfin… rien de ce qui comptait pour moi
Et surtout… pas avec la bonne personne

Une nouvelle image
Une Draenei, belle, jeune, rieuse, Mihna
«Tu demandes trop, tu donnes trop, tu ressens trop, cela te perdra »
Je lui rends son sourire puis regarde au loin
« Sûrement, mais je ne sais pas faire autrement
Et puis… cela vaut la peine d’essayer, non ? »

Mon cœur a comme un spasme
Ma tête explose
Je me noie à nouveau
J’étouffe
Le noir, la vitesse, le silence
Le Néant…

…
Je me débats
J’aspire l’air par grandes lampées
Je veux vivre
Réel ou irréel, peu importe
Je veux essayer à nouveau
Quoi ? Je ne sais pas
Je ne veux plus mourir
Je repense à Sherkane

Je suis peut-être partie trop vite…

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Je me suis réveillée en sursaut
Un appel au fond de la tête
Dame Celtane en danger
Elle a peur de mourir
Peur de ne pas savoir me ramener

Moi je ne veux plus rester là
Je veux essayer de vivre
Avec ou sans lui
Je dois recommencer
Retrouver le goût des choses
Je dois me lever…

Le silence, le noir, je tâtonne
Derrière une porte, une lumière, quelques bruits
Où suis-je ?

Je me souviens que je devais partir sur un vaisseau
Pour remplacer la gentille dame qui ne mange jamais
Je devais rencontrer un Elfe et un Tauren
Suis-je bien sur ce vaisseau
Sont-ils là ?
Et si Dame Celtane n'est plus en mesure de me ramener
Vont-ils m'aider à repartir ?

Je suis trop faible pour marcher
Je retombe sur ce qui semble être un lit
J'entends une sorte de musique
Je ferme les yeux... mon coeur s'emballe
C'est encore trop tôt
Demain, tout à l'heure, plus tard
J'aimerais tellement le revoir...

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Il lève les yeux en entendant les gémissements.

Il pose le cristal qu'il est en train de consulter sur une petite table, prend un linge propre et éponge doucement le front couvert de sueur de la jeune draeneï.
Une semaine que celle-ci refuse de se réveiller. Elle gémit, sourit, pleure, elle s'est même redressée par moments, mais elle ne veut pas reprendre conscience.
On l'a averti que le jeune ne poserait pas un problème, mais lui donner à boire n'est pas facile. Humidifier ses lèvres en permanence n'était sûrement pas suffisant si la situation devait continuer.

Lorsque les médecins avaient avoué leur ignorance quant au mal qui la rongeait, il avait préféré la prendre sous sa garde.
Ils n'avaient guère apprécié, avaient même tenté de s'y opposer, mais si l'on pouvait douter des vrais motifs qui faisaient que leur présence était acceptée en ce lieu, le statut avait ses privilèges.
Cela fait plusieurs jours que Charkadhur ne faisait de trop brèves apparitions, il avait donc décidé de l'installer dans les quartiers de ce dernier.

Là aussi, leur initiative avait été combattue, mais quelqu'un, quelque chose avait fini par les faire céder.
Construire un refuge dans les plantations ... Quelques plates-formes reliées entre elles dans les arbres, des tissus pour séparation ...
Pas grand chose, mais il n'en fallait pas plus dans le climat toujours égal des lieux, et il préférait être sur son terrain, surtout depuis qu'Esmahen était partie.

Constatant que la jeune fille dort à nouveau paisiblement, il vérifie une fois de plus que tout est prêt pour son réveil.
Eau, bouillon, nourriture plus consistante, habits de rechange.

Il prend le cristal dans ses mains, contemple un instant les reflets, pense à tout ce qu'il a déjà appris et à la comme de tout ce qu'il reste à apprendre.
La silhouette d'Esmahen se forme dans les profondeurs de l'objet ... l'objet reflète ses pensées.
Il sourit ... ne doute aucun instant que son passage en Azeroth doit laisser des traces ... lorsque tel est son désir.

Ses pensées se perdent ... mais un nouveau mouvement brusque de la draeneï sur la couche le ramène à la réalité.
Il la regarde à nouveau, réfléchit un moment, puis lui parle ... doucement.

"Lyhane ...
Vous êtes en sécurité.
Vous pouvez vous éveiller ... quand vous le voulez ... si vous le voulez."

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Une voix dans ma nuit
Mon nom prononcé doucement, sans affect particulier
Sans affect positif, mais sans affect négatif non plus
Je ne suis pas en danger

J’écoute et me repasse en mémoire cette voix
Je ne la connais pas
Une pointe d’accent, un Elfe probablement
Pas un des miens en tout cas
Et un homme, plus très jeune sans doute
Un Elfe, donc, mais ce n’est pas lui.

J’ai toujours mal au crâne
Mais je sais que je n’ai plus envie de mourir
Enfin… je crois, je n’en suis pas encore très sûre

Pour ne plus avoir envie de mourir
Il faudrait avoir envie de vivre

Mais je sais bien maintenant que…
Vivre c’est avoir mal, être parfois triste à pleurer
Vivre c’est offrir sa confiance et être parfois trompée
Vivre c’est vouloir partager et être souvent déçue

Vivre c’est aimer, croire, vouloir, espérer, ressentir, donner
… parfois pour rien, souvent pour personne

Vivre juste pour soi alors ?
Vivre parce qu’il faut bien vivre…

Je repense à Mihna et ses rires enfantins
« Cela vaut la peine d’essayer, non ? »
Vivre pour comprendre
Vivre pour découvrir
Vivre pour rencontrer
Vivre pour aimer
Vivre pour essayer…

Je n’ai toujours pas compris ce qu’il y avait d’irréel dans ma vie passée
Il y a de part le monde des milliers de paysages à découvrir encore
Il y a encore certainement des rencontres qui m’attendent
Et peut-être aussi quelqu’un à aimer

Donc j’ai envie de vivre… juste pour essayer

Un apaisement m’envahit
Comme une vague qui meurt doucement sur la plage
J’ouvre les yeux
Et la Lumière m’éblouit…

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

La première sensation est… verte !
Vert, légèrement humide, ensoleillé, chaud
Ensoleillé ? …. Non, lumineux, très lumineux
Des bruits d’oiseaux, des pépiements plutôt
Des bruissements d’air dans les feuilles
C’est agréable, très agréable
Cela me rappelle… Strangleronce
Strangleronce… et lui… nécessairement
Lui assis à côté de moi, ne disant pas grand-chose
Comme en recherche, ou en attente, de je ne sais quoi
Et moi… attentive
Attentive à ce qu’il ne dit pas...

Tout en essayant de comprendre où je suis, je soupire
Comment recommencer si j’en reste à mes souvenirs
Mes pensées sont comme un labyrinthe
Je cherche, je fouille, je cours dans tous les sens
Puis je ferme certaines portes, ou me cogne, et revient
A force de fermer des portes, je finirais bien par trouver un chemin pour sortir
Le problème est que je n’ai pas envie d’autre chose… ou de quelqu’un d’autre

Mes yeux s’habituent peu à peu à la luminosité
De grands morceaux de coton blanc pendent sur des branchages
Je suis dans une sorte de maison dans les arbres
Comme c’est étrange… cela ne peut être qu’une idée d’Elfe !
Je souris… cette maison me plaît beaucoup
Une cabane d’enfants… comme j’aimerais ne pas y être seule

J’essaye de me lever mais je suis trop faible
Je tremble, regarde alentour, aperçoit un verre, une carafe
Je bois avidement une eau très claire et pure
J’aimerais que cette eau m’envahisse, s’insinue partout en moi
Qu’elle me lave de tous mes cauchemars, de tous mes doutes
Un verre, deux, trois...Je souris, me rallonge, ferme les yeux
Une chanson de Theramore me revient en mémoire
Une de celles qu’il a un jour chanté pour moi… avant…
«There’s a place called Kokomo.. »
Ça aussi, alors, je l’ai inventé ?

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

La jeune femme ne semble pas s'être aperçu de sa présence. Elle ne le voit pas, cligne trop des yeux.
Il se lève en silence, fait un signe pour que les globes de lumière se tamisent, puis installe quelques larges cousins dans son dos.
Elle boit. Une bonne chose.

Il entend un mot murmuré et sourit doucement.
Peu de gens s'intéressent aux ballades de Theramore.

L'évocation le ramène en arrière, il y a si longtemps semble-t'il.
Une rencontre imprévue à Baie-du-Butin.
Imprévue, mais pas forcément imprévisible.
Chaque fois qu'il ferme les yeux, l'image lui revient en mémoire.
Il la contemple une fois de plus, savoure l'instant, puis l'abandonne avec une pointe de regret.

"Ce n'est pas le moment pour cela."

La draeneï semble se cramponner à son verre. Il est temps de lui parler.

Sans un bruit, il se change en félin et vient se placer au pied de la couche.
Il lui parle d'une voix rauque mais douce, pour ne pas l'effrayer.

"Mon nom est Chercheur.
Esmahen ... Celtane ... m'ont demandé de vous accueillir ...de veiller sur vous.
Prenez votre temps, rien ne presse."

Il penche légèrement sa tête alors qu'il réfléchit un court instant.

"Ce serait plutôt 'Stairway to Heaven' ..."

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Dans cette somnolence claire qui me prend enfin
J’essaye encore une fois de comprendre
Qu’ai-je fait de mal ? Qu’ai-je dit de mal ?
Il a dû se passer quelque chose qui m’échappe…

Moi je me suis contentée d’être et… tout a basculé
La haine, la colère, la mise à l’écart, la peur aussi sans doute
Serait-ce la sincérité de mes sentiments, leur… réalité ?
Non… cela n’aurait pas déclenché autant de peurs
Une petite voix chantonne au fond de mes souvenirs
Et si c’était la sienne ?

L’espoir me reprend, je dois savoir et comprendre
Si je me suis trompée, si j’ai mal compris, à lui de me dire
Si je dois recommencer, je dois d’abord m’assurer de la mort de ces sentiments-là
Je me sentais tellement fautive, sans comprendre pourquoi
Je n’ai pas assez questionné, je n’ai pas osé m’interposer
Je dois le faire
Je dois sortir de cette torpeur qui m’a prise

Une voix rauque mais douce non loin
«Je suis Chercheur »
Je cherche du regard si je vois un Elfe
Non… un félin, son regard est bienveillant, intelligent
Chercheur ? Personne ne m’avait prévenue
Chercheur… un félin lui aussi ?

Je tends la main pour caresser, je pense à Ceirval
Ce félin que j’ai ramené des Carmines, pour lequel je m’étais prise d’affection
Et qui m’a… abandonnée, un soir, à Hurlevent… pour suivre la jeune Tikt
Non… Ceirval ne parlait pas, réclamait les caresses, se comportait en animal
Celui-ci m’est inconnu mais je sens qu’il est… différent
Je me reprends, me redresse légèrement, puis sourit timidement
« Bonjour ? »

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

* Une réponse ... vocale, physique ... *

Le félin montre légèrement les dents, avant de se rappeler que nombre de gens ne savent pas forcément ce que cela peut signifier. Il se décide à ronronner doucement pour calmer sa patiente.

* La forme conditionne la pensée *

Il reprend d'une voix rendue rauque par le manque d'habitude.

"Prenez votre temps, tout votre temps. Ne vous brusquez pas. Rien ne presse.
Buvez doucement, prenez un peu de bouillon.
Laissez votre corps et votre esprit vous guider. Écoutez-les.
Je resterai ici.
Il vous faudra un moment pour reprendre pied."

Il hume l'air.
Les odeurs sont entremêlées, contradictoires.

* Et même plusieurs ... *

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Hum… tout ça est bien beau mais pourquoi ai-je le vague sentiment d’être retenue contre mon gré ?
Le félin n’est pas agressif et semble même vouloir me protéger
Sans doute a-t-il reçu des indications de Dame Celtane
Mais je n’ai pas l’intention de rester trop longtemps içi
Il y a trop de questions en suspens dans ma vie
Je ne vais pas pouvoir longtemps me contenter d’imaginer sans savoir…

Je ne vais pas très bien, c’est certain
Et je me souviens parfaitement avoir voulu mettre fin à mes jours
Mais je ne suis pas folle non plus
J’ai entamé une vie et on me l’a volée

Je ne demandais rien à personne
J’ai quitté le Val d’Ammen pleine d’espoirs
Je cherchais juste à recommencer ma vie, déjà

Mais ils sont venus me chercher et… très rapidement tout a basculé
On a volé ma confiance, mes sentiments, mes ressentis
On m’a trompée, traitée en ennemie, malmenée, manipulée
Et je n’ai su que faire, sinon subir sans comprendre

Même leur départ de l’auberge, je ne l’ai pas compris
Après toutes ces belles phrases sur le plaisir d’être là, ensemble, parmi tous
Ils ont d’un commun accord préféré s’éloigner, tout casser, sans rien dire

Si j’en crois ma mémoire, cette… personne… est le troisième d’un trio
Un trio dont les deux autres accolytes sont la source de mes problèmes
Si au moins il pouvait m’aider à comprendre

Si je dois tourner la page et recommencer… différemment
Si je dois admettre que j’ai tout inventé, tout rêvé, tout imaginé… ou presque
Si je dois montrer que je suis prête à vivre, ou plutôt survivre, …seule

C’est très simple, il suffit de me le dire clairement
Je ne suis pas plus stupide qu’une autre, peut-être juste plus sensible
Mais je me ferais une raison, enfin j’essayerais
Je rangerais mes rêves dans une petite boîte, et ne l’ouvrirais que de temps en temps
Comme je l’ai longtemps fait avec les lettres de Khaelten

Je souris, hoche la tête, puis ferme les yeux
Le rassurer, reprendre des forçes et… essayer de lui parler
Qu’il comprenne, lui, pourquoi je suis là
Et peut-être pourra-t-il m’expliquer ce que je n’ai pas compris

Au fond, je ne demande pas grand-chose…
Juste une petite part de vérité…
Promis, je m’en contenterais…
Enfin, j’essayerais…

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

La jeune femme ne semble pas vouloir parler.
Soit ...
Pour l'instant, physiquement du moins, il n'y a aucun danger.

* Esmahen m'a dit avoir confiance en Celtane, et Celtane semble apprécier cette draeneï comme ... une ... fille ... sœur ? *

Il entrouvre encore une fois légèrement sa bouche et goûte les odeurs.
Une odeur épicée légèrement teintée de sang lui revient en mémoire.
Il sourit brièvement, puis se décide à parler à la draeneï.

"De la tristesse ... de la colère, y compris contre moi ... un arrière-goût de mort ... peu de peur .. des doutes ... beaucoup de confusion."

Il regarde la petite table pour s'assurer qu'il y a encore assez d'eau, puis se couche au pied de la couche et pose sa lourde tête sur ses pattes.

"Racontez-moi une histoire ..."

Si seulement ses dents ne rayaient pas toujours le sol quand il fait ça.

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

« Racontez-moi une histoire… »

Je souris. Un jour, ou plutôt un soir, en Féralas, lui aussi m’a dit cela
«Je choisirai les lieux et vous me raconterez vos histoires… ». C’est si loin….

« Il était une fois, donc…

« Une jeune femme à la peau légèrement bleue… une draenei comme il y en a tant d’autres, avec une marque sur le front dont je ne m’étais pas inquiétée jusqu'à ce qu’il me questionne à ce sujet, un autre jour, sur un rempart des ruines d’Altérac. Nous attendions que les ogres Massecrête se représentent devant nous…. »

Je soupire, à nouveau triste.

« … C’est ce soir là que j’ai appris à utiliser mon talent d’œil de la Bête. J’avais une totale confiance en lui, à ce moment-là… J’ai osé faire devant quelqu’un d’autre une chose que je n’avais jamais faite… passer par-dessus cette timidité qui passe parfois pour de l’orgueil, quand on ne me connaît pas… et j’ai trouvé cela... amusant… »

Je me sens désemparée, raconter cette histoire me donne envie de pleurer, je bois un peu d’eau. Non ce n’est pas si loin. C’est même encore très présent, les lieux, les mots, les sentiments, tout est là, à vif.

« .. enfin bref… je suis une jeune femme sans histoire qui a un jour quitté son campement, ses amis, son travail pour tenter de redonner un peu de goût à sa vie qui n’en avait plus depuis qu’un courrier officiel lui avait annoncé la mort de son époux. Du moment où j’ai pris cette décision, partir découvrir le monde et apprendre à chasser, je me suis sentie revivre… »

Je me revois courant après les Traquelune sur Brume Azur et me souviens de ma peur lorsque l’un d’entre eux s’est jeté sur moi, pattes de devant prêtes à me fracasser.

« … et puis ils se sont présentés pour m’accompagner. Très vite j’ai senti que c’était son idée à lui et que cela l’arrangeait, elle, au début. Pourquoi, je ne sais pas... mais c’était comme un pacte entre eux. Ces deux personnes qui sont vos amis d’enfance, peut-être saurez-vous me dire ce qu’ils ont dans la tête ! Parce que je ne me suis pas immiscée dans leur vie par hasard ! Ils m’ont choisie et m’ont attrapée dans leur filet, se sont joués de moi, se sont servis de moi. Pourquoi ? Hum… pour régler leurs comptes peut-être… ou pour trouver leur propre fonctionnement à deux… Toujours est-il que d’une aventure agréable, d’une rencontre pleine d’espoirs et de rêves, cela est vite devenu quelque de chose de très difficile à vivre, violent, haineux, outrancier… C’est elle qui a tout précipité… Tout, j’en suis sûre, même leur départ de l’auberge, même sa retraite à Tanaris, même son oubli, sa mort, son vide… Tout, elle a tout cassé… Et en plus elle essaye de faire croire que tout ça est de ma faute. Pourquoi ? Je n’ai toujours pas compris… Enfin… j’ai bien ma petite idée mais…

Je jette un œil vers le félin qui ne bouge plus. Il m’écoute, je ne sais pas s’il comprend ma détresse.

« … Enfin voilà mon histoire, qui n’a rien de passionnant ni d’extravagant. Mais je suis une personne ordinaire, rien de plus. Je n’ai pas eu le temps de vivre sur Azeroth sans ressentir ou espérer sa présence. Toute ma vie, depuis mon arrivée aux Paluns, tourne autour de lui. C’est sans doute stupide, car me voilà totalement vide sans lui, mais c’est ainsi. Aujourd’hui j’en suis là … rien ne m’intéresse s’il n’y est pas mêlé … aucun paysage ne me plaît si je ne peux lui en parler … aucune aventure ne m’amuse si je ne peux la partager avec lui… »

Je me redresse et crie presque, en larmes.

« .. Alors !!! Vous ne croyez pas que j’aurais mieux fait de rester bien sagement au Val d’Ammen ! Me contenter de soigner mes blessés et d’attendre que s’atténue la douleur de la perte d’un époux qui de toute façon m’avait lui aussi trahie ! A quoi sert-il de vivre, içi ou ailleurs, si c’est juste pour ressentir la cruauté de l’absence ou de la perte… à rien, cela ne sert à rien !!! ».

Je m’effondre en larmes et m’en veut immédiatement de cette colère. Ce n’est pas ainsi que je vais convaincre quiconque de mes capacités à vivre sereinement sur Azeroth… Mais au moins aura-t-il perçu à quel point j’ai pu être blessée par cette histoire, à quel point je l’ai réellement vécue, ressentie… et pas seulement imaginée…

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Le temps pour lui d'évaluer ce qu'il ressent, le temps pour la jeune femme de retrouver un peu de paix.

"Merci ..."

Ainsi, il s'agit d'une affaire de cœur ... de cœurs en fait.
Guère étonnant que tout cela soit aussi confus.
Il se souvient de ses propres démêlés, des moments de doute et de peine, du mal qu'il a fait.
Il n'y a rien à dire quant à cela.
Juste vivre, accepter, grandir un peu.
Il espère avoir grandi un peu. Il doit bien cela.

Mais il ne s'agit pas de lui.
Et il y a ce qui n'a pas été dit.

"Mes amis d'enfance ...
Flauris et Andúnëdil, je présume."

...
...
...

"L'image que vous dépeignez de Flauris est étrange.
Je pourrais comprendre vos mots si vous me parliez ainsi d'Andúnëdil, mais Flauris ..."

Il cherche ses mots.

"Flauris vient de la Forêt, comme moi.
Je présume que cela ne veut rien dire pour vous."

"Il y a de cela des millénaires, le peuple des elfes s'est séparé à la fin de la Grande Guerre.
Les Elfes de la Nuit sont de ceux qui ont suivi Malfurion et Tyrande.
Certains l'ont fait parce qu'ils ont reconnu la sagesse de leurs propos, beaucoup l'on fait parce que leur nature est de suivre ceux qui décident, quelques-uns l'ont fait à regrets ... et la famille d'Andúnëdil en fait partie ... et enfin, une minorité l'a fait en pensant que Malfurion et Tyrande n'allaient pas assez loin dans la nouvelle voie.
Flauris et moi sommes issus de cette dernière branche."

"Nous venons de clans isolés ... solitaires ... qui vivent retirés au fond des forêts. Nous avons peu de contacts avec les autres de notre peuple. Nous considérons ceux de Darnassus comme ... trop proches de la corruption ... tandis que ces derniers nous voient comme des elfes particulièrement ... primitifs.
Nous essayons de vivre en accord avec notre environnement. Nous essayons d'être au plus près de celui-ci. Les arbres, les animaux, l'ensemble et l'équilibre que nous formons avec eux."

Il laisse le temps à la jeune femme d'intégrer ses propos.

"Nous ne sommes ni meilleurs, ni pires que d'autres. Mais nous sommes différents.
Le mensonge et la manipulation ne font pas partie de nous, de notre façon de vivre.
Nous ne faisons pas semblant, cela n'aurait aucun sens : on ne triche pas avec un arbre, un animal, une rivière ou un caillou.
Cela ne fait pas de nous des êtres purs, loin de là, mais nous nous cachons moins que d'autres derrière les mots et les conventions."

Il regarde la draeneï dans les yeux.

"Je crois comprendre qu'il y a quelque chose entre vous et Flauris. De la colère, de la haine.
Si Flauris éprouve ces sentiments, elle ne les dissimulera pas, elle ne fera pas semblant. Elle l'exprimera, sans détour."

"Lorsque nous voulons profondément insulter quelqu'un, nous disons de lui qu'il est une 'viande juste bonne à être gâchée'. Nous sommes très terre-à-terre ... nous réservons notre énergie à ce qui nous paraît important ... vivre et survivre.
Il est rare que la haine justifie le prix exorbitant qu'elle demande."

"Si Flauris éprouve de la haine, c'est qu'il y a une raison à cela ..."

Il résiste à l'envie de se lécher le poil.
Satanée forme avec ses contraintes.

"Elle est tout le contraire d'Andúnëdil."

Il se laisse finalement aller à faire jouer ses griffes dans leurs fourreaux.

"Je connais une histoire qui le décrit assez bien.

Un scorpide désire traverser une rivière, et comme il aperçoit un crocilisque non loin, il lui demande de pouvoir faire la traversée sur son dos.
'Pas question, je te connais trop, tu me piquerai et me m'empoisonnerai !'
'Ne soit pas idiot, si je faisais cela, je mourrais noyé.'
Le crocilisque pense en effet que ce serait idiot et accepte d'aider le scorpide.
Mais arrivé au milieu de la rivière, le scorpide pique le crocilisque de son venin.
'Pourquoi as-tu fais cela ? Nous allons mourir tous les deux !'
'Parce que telle est ma nature !' répond le scorpide désolé."

Chercheur pose un regard sur la jeune draeneï, cherchant à savoir si elle l'écoute encore.

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

J’écoute… et me retiens d’interrompre
Cela ne me parle pas
Cela ne correspond pas à mon ressenti

Il les a peut-être bien connus, mais c’était avant
Avant que justement j’intervienne entre eux

Non pas que je me crois unique,
Ou suffisamment extraordinaire pour les avoir transformés
Tous les deux qui plus est…

Mais le changement s’est opéré récemment,
Et si je n’en suis pas la cause
J’en suis tout de même le témoin privilégié

Il n’a parlé que de Flauris, et elle ne m’intéresse plus
Je n’ai envie de rien, la concernant, elle m’indiffère
Avant qu’elle ne devienne folle de rage,
J’éprouvais une sorte de compassion
Ou de connivence, ou… enfin quelque chose
Mais sa violence déraisonnée a tout balayé
Je n’ai plus pour elle qu’un regard… d’entomologiste

Qu’il me raconte plutôt ce qu’il sait d’Andúnëdil
Que je puisse confronter mon ressenti à ce qu’il connaît de l’homme

Je souris doucement et hoche la tête légèrement

« Je vous en prie, continuez
Parlez-moi plutôt de lui… s’il vous plaît »

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Les moustaches de Chercheur frémissent brièvement.

(* Autant pour le choix des bons mots *)

Il regarde un instant le visage de la Draeneï, non sans une certaine tristesse, et il regrette l'absence d'Esmahen.
Elle a ce don si particulier de dire sans parler. Peut-être serait-elle plus à même de se faire entendre.

"Vous n'écoutez pas ..."

Il reporte son regard sur ses griffes, laisse courir sa mémoire.

(* Andúnëdil ... *)

Il rentre ses griffes, puis en sort une.

"Il est un scorpide, parce qu'il est né dans un nid de scorpides, parce qu'il a été élevé ainsi.
Difficile pour un enfant de résister à cela. Mais il a essayé."

"Andúnëdil est issu d'une très ancienne famille qui a eu son heure de gloire et qui a connu la déchéance.
Il y a de cela des milliers d'années, elle a perdu son honneur, et plutôt que d'apprendre l'humilité, elle a préféré suivre la voie de l'orgueil et de la vengeance. Il est possible qu'elle ait eu sa place auprès de nos cousins exilés en Azeroth, mais elle n'a pas choisi cette voie ... pas tout à fait.
Il est petit-fils d'un elfe qui fût en son temps un grand et dans les actes sont encore aujourd'hui une tâche dans l'histoire de notre peuple, même si la mémoire de ce dernier commence à se faner."

"Toute son enfance se résume à être conditionné, manipulé, formé aux intrigues que son père, et les alliés de ce dernier, fomentent pour acquérir plus de pouvoirs au sein de notre société."

Il sort une seconde griffe.

"Ses parents ne se marièrement que par convenance, et sa mère fût le seul éclat de lumière qu'il ait jamais eu.
Malheureusement, elle était prêtresse d'Elune de haut rang et sa charge l'accaparait.
Pour mettre son fils à l'abri, elle obtint une place au Temple où elle espérait le soustraire à l'influence de son mari.
En fin de compte cela échoua, et Andúnëdil devint là aussi le jouet de son père, par conséquent un pion de Tyrande."

Il sort une troisième griffe.

"Nous étions trois. Nous avions tous nos raisons pour aller nous perdre dans les branches de Darnassus.
Andúnëdil fuyait les projets de son père, il fuyait le Temple où il n'a jamais été accepté par les Sœurs d'Elune ... il se fuyait."

"Fils d'une grande famille à l'histoire entachée, sans appui familial, il était la cible idéale de la rancœur et de la jalousie.
Il n'a jamais appris à croire aux autres ... surtout pas en lui-même ... sauf une fois.
Nous nous sommes trouvés."

"J'étais le grand frère et Flauris était la grande sœur.
Nous sommes devenus ce qui est le plus proche à ses yeux d'une famille.
Même lorsqu'il ne sait pas qu'en faire, ni comment l'exprimer, il garde cet espoir en lui."

"Et je ne crois pas aux coïncidences."

Il sort une quatrième griffe.

"Moi non plus je n'ai pas été tout à fait honnête avec lui.
Lorsque le destin m'a offert une seconde chance, je l'ai saisie, et, en échange d'un ancien serment, je lui ai ... imposé ... de m'aider."

"Mais il y avait autre chose.
Je sais ce que le chemin en Azeroth peut faire et j'ai décidé de lui faire parcourir cette voie.
Sans lui demander son avis, parce que je pensais que ce serait une bonne chose."

"Je ne le regrette pas. Votre présence semble confirmer qu'il fait son chemin ...
Mais elle montre aussi combien celui-ci est difficile."

Il sort une cinquième griffe.

"L'adulte qui est en lui est un elfe rompu au mensonge, à la manipulation et à l'hypocrisie.
L'enfant qui est en lui essaie désespérément de sauvegarder la petite étincelle de lumière qui est encore en lui.
Les deux se combattent avec acharnement et désespoir depuis des années."

"La légende veut que lorsqu'un scorpide est encerclé par les flammes, il se pique pour mourir de son propre poison.
C'est faux, bien sûr, comme beaucoup de légendes.
Mais nous aimons croire aux légendes, et Andúnëdil croit en celle-ci. Acculé, il choisira de mourir."

Il contemple d'un air songeur les griffes de sa patte, puis reporte son regard sur la Draeneï.

"Je suis Chercheur. Tel est mon Nom, ma Vocation, ma Voie.
J'aime profondément Esmahen, et chaque jour je me demande ce que je peux pour elle."

...
...
...

"Que comptez-vous offrir à Andúnëdil ?"

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

Je le regarde intensément et une évidence se fait jour en moi.
J’en ai assez d’être regardée comme une jeune écervelée trop sensible
Incapable de faire la part des choses entre ressenti et réalité…

« Si, vous avez tort, je vous écoute.
Mais vous écouter n’est pas vous donner raison
Quelqu’en soit votre désir.

Vous me décrivez une personne qui n’est plus, Flauris
En tout cas dans son comportement avec moi
Et je n’ai aucune raison de me laisser convaincre du contraire
Car cela signifierait que j’ai tout inventé la concernant
Ce qui est faux.

Vous me parlez d’un homme qui serait manipulateur, hypocrite, fourbe
Et ce n’est pas ce que j’ai ressenti,
Encore une fois je ne peux parler que de son comportement avec moi.

Cela signifierait-il que j’ai eu la chance, à chaque rencontre, de voir l’enfant qui est en lui ?
Alors c’est qu’il parlait à l’enfant qui est en moi
Et cela me satisfait pleinement, car c’est la part de moi que je prèfère ».

Je repense à Mihna et m’amuse à l’idée de l’amener içi, dans ce vaisseau, avec moi.

« Lorsque je suis arrivée en Azeroth, je ne savais quel serait mon chemin
Sinon que je devais apprendre à vivre, différemment, et pour cela grandir
Nous aurions pu grandir ensemble, si tel avait été son désir ».

Je soupire et le regarde jouer de ses griffes. Lui non plus ne donne pas l’air de m’écouter. Pour autant je ne vais pas lui en faire le procès.
Je souris intérieurement. Il me dit se demander chaque jour ce qu’il pourrait faire pour Dame Esmahen. Certes… s’il le dit.
Mais que connaît-il de mes pensées, de mes doutes et de mes envies ? Pas grand-chose…

« Vous me demandez ce que je suis prête à faire pour lui
Je ne suis pas certaine d’avoir à vous le dire
Vous n’êtes rien pour moi, et je ne suis rien pour vous
Je concède néanmoins que vous êtes beaucoup pour lui
Et qu’à ce titre vous puissiez vous méfier de moi… »

Je souris timidement, impressionnée par cette petite part de liberté que j’ai le sentiment d’avoir repris.
Je lutte contre cette colère qui m’habite encore et me ferait presque exploser si je n’étais si lasse.
Je me sens jugée, jaugée, et je n’aime pas ça.

« Qu’ai-je à offrir à quelqu’un, sinon ma présence attentive, mon écoute
Juste accompagner, sans obliger ni contraindre
Etre là, juste quand il faut, je crois qu’il n’y a pas de plus beau don de soi.

Que puis-je proposer d’autre que la découverte de ce qui me fait vibrer
Et pour qui sait encore ressentir, les vibrations sont partout présentes
Dans un geste, une odeur, une musique, un paysage, le simple goût des choses

Qu’imaginer d’une relation si ce n’est le le miroir de nos actes qu’offre un regard bienveillant

Que peut-on offrir à quelqu’un, sinon le partage
Offrir en partage ce que l’on apprécie déjà
Recevoir en partage ce que l’on ne perçoit pas encore … »

Je le regarde à nouveau intensément et me dis qu’il serait temps pour moi de repartir.
Tout ceci n’est qu’une suite de mots et idées. Vivre, c’est autre chose.

« Voilà… vous le voyez, je n’ai rien de spécial à offrir
Rien que je n’ai déjà, je crois, en de courts instants, offert.
Pour ma part je ne doute pas qu’il aurait pu y avoir d’autres instants comme ceux-là.
Mais je n’ai nulle envie de vous en convaincre si vous ne le souhaitez pas…"

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Il regarde la jeune un instant avant de reprendre la contemplation de ses griffes.

"Vous n'écoutez toujours pas ..."

Il regrette les grands espaces ... courir dans les couloirs ne sera jamais la même chose que de courir dans les plaines.

"Pas tout à fait ... Vous écoutez, mais n'entendez pas ..."

Il se demande comment entrouvrir la porte ... pense à Corbeau, à sa façon très personnelle de jeter la confusion dans les esprits pour éclairer ceux-ci.

"Je ne prétends pas détenir la vérité et je ne cherche à convaincre personne. Je laisse cela aux faits, ils font cela fort bien.
Et je ne cherche pas non plus à être convaincu."

Il hésite à raconter une histoire ... se dit que le moment n'est pas encore venu.

"La vie est faite de doutes, et vous semblez avoir peur de douter.
Les certitudes ne sont jamais que des choix personnels, le reflet de nous-même, et vos certitudes sont votre faiblesse ...
Vous ne seriez pas ici sinon."

Il se redresse, s'ébroue lentement.

"Vous êtes la bienvenue en ces lieux.
Vous pouvez rester, ou partir, rien ni personne ne vous oblige à quoi que ce soit.
Vous pouvez me voir comme un ami ou ennemi, cela aussi est à votre choix."

"Votre chemin vous a amené ici, j'aurais tendance à me demander pourquoi."

Il fait demi-tour pour sortir, bat de la queue une fois, avant de se tourner vers la jeune draeneï.

"Peut-être est-ce l'enfant qui est en lui qui vous touche ...
Mais on ne demande pas de l'amour à un enfant.
On donne, sans rien attendre en retour, et on se réjouit de le voir sourire."

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

"Et bien... dites-moi donc, ce que je n'entends pas...
Ou plutôt, redites-le, s'il vous plaît,
Et nous verrons bien si je peux ou pas l'entendre"

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Le félin se retourne sur lui-même.
Il ne sait que penser ...

(* Elle ne veut pas ... ne peut pas ...
Quelle différence lorsque l'esprit essaie de comprendre le coeur ? *)

Il bat deux fois de la queue, frémit des moustaches.

"Une fois de plus, je ne suis pas là pour vous dire ce qui est ou n'est pas.
L'important n'est pas de savoir qui à tort ou raison, mais de trouver en vous une réponse qui vous satisfasse.
Quelles que soient vos certitudes, elles vous ont amenées ici."

"Prenez le temps de vous regarder.
Votre chemin n'a de sens que s'il vous a changé, et pour cela il vous faut accepter de changer.
Les obstacles, les ennemis, les combats, quels qu'ils soient, ne sont jamais que des étapes."

Il hausse ses épaules.

"Ma voie n'est pas de trouver, mais de chercher.
Je n'ai aucune réponse à vous fournir, mais je peux vous aider dans votre recherche."

Il se prépare à repartir pour la laisser la jeune femme en paix, mais ne peut s'empêcher un léger sourire.

"Quelqu'un a dit que le doute est le premier pas vers la sagesse.
Il n'a surement pas tort, mais il a oublié de prévenir que le premier pas est douloureux."

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 16/10/2007

J’observe le félin et tente un sourire timide.
Je ne sais que répondre à tout ça.

« Votre chemin n’a de sens que s’il vous a changée…»

Je tourne et retourne cette phrase dans ma tête
Je suis lasse. Je soupire légèrement et reprend un peu d’eau. J’ai besoin de réfléchir.

* Mon chemin m’a t-il changée ?
Sans doute, mais encore faudrait-il déterminer s’il a un début et une fin.
Admettons que le début, mon début, soit le jour où j’ai quitté Val d’Ammen.
Où en serait la fin ? Certainement pas aujourd’hui, ni demain, sauf à mourir. Et encore…
Le changement est donc permanent, quotidien, et ne se décline pas encore au passé.
Je suis sur ce chemin… et c’est au jour le jour qu’il fait sens.

« Le doute est le premier pas vers la sagesse »

Douter, bien…
Mais douter de quoi, douter de qui, si ce n’est de soi-même.
Douter de ce que je vois, de ce que j’entends ? …. Non, sauf à me dire que je rêve.
Douter de ce que je ressens ? …. Sans doute. De toute façon il ne reste que ça.
Alors admettons…
Admettons que chacun de mes ressentis ait été faussé par… mon incapacité à douter
Soit… *

Un abîme s’ouvre devant moi et je fonds en larmes.

*Si je ne peux même plus faire confiance à ce que je ressens
Comment, tout simplement, vivre ?
Quel chemin suivre, quand le ressenti ne permet plus de faire un choix ?
Avancer sans comprendre, faire des non-choix, prendre les choses « comme elles viennent » ?
N’être que le spectateur de sa vie ?
Je ne vois pas en quoi ce chemin-là ferait sens… même s’il me change.
A moins que quelqu’un d’autre vienne y apporter son regard

Encore faudrait-il pouvoir à nouveau accorder sa confiance
Et se soumettre à l’instant,
Difficile de l’imaginer aujourd’hui possible… sauf peut-être avec un animal.*

Je ravale mes larmes et tente un nouveau sourire.
Je me doute qu’il n’est pas très convaincant.

« Je vous remercie de votre patience
J’ai bien conscience d’être… encombrante... avec toutes ces questions
Je ne suis pas certaine d’avoir bien compris ce que vous essayez de me dire.
Je voulais juste vivre, je n’ai rien souhaité demander ni prendre.
Peut-être ai-je tout imaginé, tout rêvé, tout inventé. Peut-être…
J’aimerais juste maintenant reprendre le cours de ma vie
Mais pas n’importe où… là où j’ai un minimum de foi en moi.
Et je ne vois que la présence de Sherkane pour y remédier. »

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 25/10/2007

Les effluves qu'il respire semblent enfin indiquer un signe d'apaisement.
Un léger, très léger progrès.

"Vous êtes une invitée.
Mais vous semblez avoir oublié pourquoi vous êtes ici."

Il réfléchit un moment, pense à toutes ses erreurs qui l'ont amenées ici, en ce lieu, en ce moment.

"Se rappeler d'où l'on vient est une bonne chose. Savoir où aller aussi.
Mais cela ne doit pas nous empêcher de vivre le présent pour ce qu'il est.
Acceptez le moment, appréciez-le .. savourez-le ...
Votre compagnon animal sait de quoi je parle."

Il repense à une soirée ... à ses choix ... sa fuite à Hurlevent ... la tragédie qui a suivi.

"Douter, c'est accepter de savoir que l'on ne sait pas.
Laisser une place au doute ce n'est pas renoncer aux choix, c'est accepter qu'il y en ait plusieurs, même lorsqu'on en les voit pas.
Certains choix sont bons, d'autres mauvais. Certains nous rendent heureux, d'autres tristes. Nos choix nous construisent.
Le doute c'est accepter qu'il y a des leçons à tirer de nos choix.
C'est ce qui vous rend différent de votre compagnon animal."

Une fois de plus,il repense à Corbeau, à ses histoires.

"Un jour, l'Élève demande à son Maître :
'Maître, quelle voie dois-je suivre pour atteindre l'Illumination' ?
Le Maître réfléchit et finit par répondre :
'N'importe laquelle ... à condition de la quitter'."

Douter ... Quelque chose en lui signifie qu'il parle trop.

"Vous êtes chasseur, vous n'êtes jamais seule.
Vous avez le don d'être en votre compagnon.
Essayez de voir le monde à travers ses sens, de ressentir son plaisir à user de son corps, sa curiosité de savoir ce qu'il y a au détour du chemin, sa crainte devant ce qu'il ne connaît pas."

"Il ne s'agit ni de prendre, ni de donner, mais de partager."

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